Hofzeichen

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Les marques de propriété ou de ferme (Hofzeichen, Hüszeiche, Hausmarke), sont apposées (par exemple au fer à marquer sur l’outillage), sur les sacs, le bétail… ; on les retrouve notamment sur des bornes privées, des bancs d’église et jusque sur des pierres tombales. Elles sont attachées à une propriété et non à une famille ; lorsqu’elles sont à l’emplacement généralement imparti aux emblèmes, elles sont assimilées à ces derniers et « magnifiées » de la sorte (Grodwohl). Il s’agirait d’une spécificité « germanique ».

En l’absence d’objets marqués conservés (on en trouve sur les sacs et on relate qu’à Oberhergheim on marquait les manches d’outils), on part du principe qu’il s’agit effectivement d’un Hofzeichen dès lors que le signe se trouve sur une maison (par exemple sur une clé d’arc). Il faudrait pouvoir suivre les tenants successifs d’une propriété (Hof) qui passe aux mains d’une autre famille et pouvoir vérifier que les nouveaux propriétaires se servent toujours de la même marque, en abandonnant celui de la ferme d’où ils viennent.

Absents du Sundgau, les Hofzeichen sont « quasiment de règle dans la plaine de l’Ill plus au nord », dans « la zone Ensisheim – Ste-Croix-en-Plaine – Neuf-Brisach » ; ils sont connus « sous le nom de « Huswappa », « blason de la maison » (Grodwohl). On les trouve dans de nombreux villages, dans le Kochersberg, mais également vers le Rhin.

Ces marques présentent très souvent des formes géométriques simples, faciles à reproduire et à graver ; on parle de « lineares Eigentumszeichen (geschnitten, geritzt oder gebrannt) für bewegliche und unbewegliche Habe das früher infolge seiner Erblichkeit ukundlichen Wert hatte ». Ainsi à Logelheim, par exemple, le forgeron du village les gravait au burin, notamment sur les socs ; il gardait la liste des marques du lieu, dessinées à la craie au revers d’une porte de l’atelier.

On retrouve ces Hofzeichen comme signatures (Handzeichen) sur des documents officiels (registres paroissiaux, actes notariés, etc.), à côté d’autres marques qui représentent des outils ou des produits finis d’artisans.

Plusieurs auteurs ont cru qu’un texte officiel de 1685 aurait prescrit, sous peine d’une amende de 250 florins, d’apposer leur Hofzeichen dans les registres paroissiaux, lorsque les personnes ne savent pas signer. Il n’en est rien. La lettre royale en conseil de 1685, relative à la tenue des registres paroissiaux demande aux différentes parties de signer (ABR C 134). Dans certains registres paroissiaux, comme ceux de Pfulgriesheim, il est effectivement fait référence à cette réglementation. Au vu des signes, d’ailleurs expressément qualifiés de Hofzeichen dans les actes et qui se rencontrent à partir de 1685 dans les registres paroissiaux de Hurtigheim, le pasteur Alfred Erichson, a extrapolé et la formule a été reprise.

Par ailleurs, comment départager ce que l’on peut appeler des « emblèmes de bourgeois » qui peuvent ressembler à des Hofzeichen, de ces derniers ? On rencontre en effet de tels signes dans des localités réputées « non agricoles », comme Riquewihr, Eguisheim ou Obernai.

Comme ailleurs, à Hurtigheim, les Hofzeichen apparaissent en guise de signatures dans les registres en 1685. Le pasteur de l’époque spécifie bien, le cas échéant, que les dessins en question sont des Hofzeichen. On dispose d’autre part d’une chronique paroissiale, rédigée en 1861 par le pasteur Jacob Schneider qui a reconstitué l’histoire des fermes et dessiné pour la plupart d’entre elles, le Hofzeichen correspondant ; est-ce à dire qu’il les a encore vus ? Les habitants de Hurtigheim sachant écrire (ou du moins signer) au début du XVIIIe siècle, on ne peut compter que sur une trentaine d’années en moyenne, pour essayer de suivre les différents propriétaires d’une même ferme et le cas échéant, la transmission du Hofzeichen.

Dans le cas de la ferme appelée en 1861 « Baßler oder Gaßenschnieders », on constate que le Hofzeichen utilisé par Martin Straub, notamment en 1689, l’est également par les deux maris successifs de sa fille Brigitta (Claus Peter et Michael Bauer, ce dernier étant originaire du village voisin d’Ittenheim), ainsi que par le fils de Claus Peter, Adam Peter, issu du premier mariage et donné par ailleurs comme Stiefsohn de Michael Bauer. À noter toutefois que le même signe, ou un autre présentant de très fortes analogies (la différence ne se voyant pas forcément au niveau des signatures) existe à Ittenheim, où il est apposé entre autres en 1688 par Hanß Brumter dans le registre des mariages.

Bibliographie

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Notices connexes

Emblème de métier

Haus

Haus (habitat rural)

Hof

Christine Muller