Hochmeister

De DHIALSACE
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Grand maître d’un ordre de chevalerie

Le grand maître de l’Ordre Teutonique est dit Hoch und Deutschmeister après la sécularisation des territoires de l’Ordre en Prusse orientale. Le titre « Hochmeister » a plus particulièrement désigné le grand-maître de l’Ordre Teutonique, la plus haute dignité de l’Ordre, constituée dès sa naissance à la fin du XIIe siècle, sur le modèle de celui de l’Hôpital. Par privilège pontifical, le grand-maître était élu à vie par un collège électoral composé de treize frères. Ce collège était présidé par un « commandeur de l’élection » (Wahlkomtur) qui avait procédé à la nomination des membres. Lui-même était nommé par un lieutenant général qui assurait l’intérim à la mort d’un grand-maître, après avoir été institué par lui : une procédure qui rend bien compte de l’influence que pouvait avoir un grand-maître sur l’élection de son successeur. Il était alors considéré comme institué par Dieu. Les démissions ou les dépositions qui purent avoir lieu n’étaient pas prévues par les statuts de l’ordre.

Le grand-maître était le supérieur de l’Ordre, son juge suprême et le chef des armées. Il était le seul à porter une tunique armoriée, d’une croix dorée, avec des bords noirs, ornée en son centre d’un aigle doré et dont les branches se terminaient par des lys. Symboles de son pouvoir, il disposait d’un anneau et d’un sceau sur lesquels figurait la Vierge à l’Enfant. Il vivait de ses propres revenus. Sa résidence principale était le siège de l’Ordre, à Saint-Jean d’Acre jusqu’en 1291, puis à Venise et enfin à Marienbourg, en Prusse, à partir de 1310. Cette dernière installation l’a amené à se retrouver à la tête d’une principauté, si bien qu’il fut à la fois le chef d’un ordre religieux et un prince territorial.

Cependant, il devait gouverner avec le chapitre général de l’ordre, qui rassemblait en théorie tous ses membres. Dans la pratique ce gouvernement était assuré par les officiers qui étaient auprès du grand-maître (grand commandeur, maréchal, trésorier, hospitalier, drapier) et des membres du collège réuni pour son élection. Ce chapitre débattait des questions de politique intérieure et extérieure, pouvait changer les statuts de l’ordre, administrait ses biens et avait même compétence en matière de culte. Les relations avec les grands-maîtres pouvaient être difficiles, ces derniers parvenant parfois à s’attribuer un pouvoir exceptionnel. En Prusse, la tendance fut à une progressive personnalisation du pouvoir, avec notamment, à partir de 1410, la formation d’un conseil particulier qui éclipsa le chapitre de l’ordre. Ainsi, des grands-maîtres firent inscrire leur nom sur des monnaies que frappait l’ordre.

Le patrimoine et les frères teutoniques présents en Alsace étaient soumis à cette autorité, par l’entremise d’échelons hiérarchiques intermédiaires à la tête desquels on trouve le Deutschmeister – qui détenait une grande partie des pouvoirs du grandmaître en Allemagne –, puis le commandeur du bailliage d’Alsace-Bourgogne et enfin les chefs des commanderies. Un contrôle, tant sur le plan disciplinaire qu’administratif, s’exerçait grâce à des visiteurs qui jouissaient d’une délégation temporaire et rendaient un rapport de leur visite dans les bailliages d’Allemagne. Les grands-maîtres pouvaient aussi procéder à des enquêtes générales, portant sur les effectifs et les moyens financiers, comme celle qui fut organisée par Ulrich de Jungingen en 1409 dans les préparatifs de la guerre contre la Pologne. Les défaites successives de l’ordre teutonique, jusqu’en 1466, entraînèrent la chute de la principauté prussienne. Établi au siège de l’ordre désormais à Königsberg, où il s’est installé après avoir dû engager Marienbourg à des mercenaires en 1457, le grand-maître Albert de Hohenzollern passa en 1525 à la Réforme et on procéda à la sécularisation des territoires de Prusse orientale qui lui restaient.

Cette situation renforça la position du Deutschmeister qui avait déjà gagné en importance avec le repli d’une grande partie de l’ordre en terre d’Empire et son élévation au rang de prince d’Empire en 1494. En 1529, les charges de maître d’Allemagne (Deutschmeister) et de grandmaître (Hochmeister) furent fusionnées et l’appelation Hoch und Deutschmeister s’impose. Comme le Deutschmeister ou maître d’Allemagne avait élu pour résidence Mergentheim en 1525, ce fut le nouveau siège de l’ordre. En tant que prince d’Empire, les grands-maîtres (Hoch und Deutschmeister) se trouvèrent davantage imbriqués dans les affaires impériales et en relation avec les autres princes de la Cour. Très proches de l’empereur, leurs liens avec les Habsbourg furent encore renforcés au cours du XVIe siècle. Les grands-maîtres étaient alors issus de la famille impériale ou de familles proches, qui placèrent l’Ordre Teutonique sous leur contrôle jusqu’au début du XIXe siècle. La charge revint exclusivement aux Habsbourg d’Autriche de 1805 à 1923, avec pour siège la ville de Vienne.

Membres du collège des princes à la Diète d’Empire, les grands-maîtres ont pu, au moins à deux moments, intervenir en faveur des commanderies et des biens de l’ordre en Alsace. Par un édit de 1672, Louis XIV incorpore les biens teutoniques situés dans ses territoires à l’Ordre de Saint-Lazare. Le Hoch und Deutschmeister protesta : le traité de Westphalie avait garanti le respect des droits des princes allemands possessionnés dans les territoires cédés à la France. Les guerres entre l’Empire et le Royaume de France ne lui permirent pas d’obtenir gain de cause, ni même les traités de paix successifs et les plaintes portées devant la Diète, jusqu’à la restitution des biens de l’ordre teutonique en Alsace en 1714, à la fin de la Guerre de Succession d’Espagne, par les traités d’Utrecht et de Rastatt. Mais la Révolution, avec la sécularisation des biens du clergé, puis la nationalisation des biens des princes possessionnés et de la noblesse émigrée, mit fin à l’existence des commanderies alsaciennes. Les commandeurs de l’Ordre Teutonique issus de la noblesse immédiate de Basse-Alsace, étaient alors tous au service de l’Empire et des Habsbourg : Kempf von Angreth (Rixheim, Bâle, Mulhouse), Nicolas, baron de Schoenau, (Rouffach et Guebwiller), le baron de Landsberg (Andlau et Kaysersberg), François Blarer de Wartensee (Rohr et Waldstätten), François de Reinach Foussemagne (Althausen).

Bibliographie

ARNOLD (Udo), dir., Die Hochmeister des Deutschen Ordens (1190-1994), Marbourg, 1999 (Quellen und Studien zur Geschichte des Deutschen Ordens, 40).

MILITZER (Klaus), Von Akkon bis Marienburg. Verfassung, Verwaltung und Sozialstruktur des Deutschen Ordens. 1190- 1309, Marbourg, 1999 (Quellen und Studien zur Geschichte des Deutschen Ordens, 56 / Veröffentlichungen der Internationalen Historischen Kommission zur Erforschung des Deutschen Ordens, 9).

GOUGUENHEIM (Sylvain), Les chevaliers teutoniques, Paris, 2007.

BÉRIOU (Nicolas) et JOSSERAND (Philippe), dir., Prier et combattre. Dictionnaire européen des ordres militaires au Moyen Âge, Paris, 2009.

Notices connexes

Commanderie

Hospitaliers

Saint-Jean (Ordre de)

Noblesse immédiate de Basse-Alsace

Teutonique (Ordre)

Nicolas Buchheit

Jüdischer Hochmeister, Judenmeister

Appellation donnée aux rabbins des communautés juives. Les princes ont parfois souhaité, dans cette période de persécutions, avoir des interlocuteurs représentant toutes les communautés, et certains oberster Jüdischer Hochmeister ont pu exercer des fonctions plus générales, mais leur autorité a été souvent contestée par les autres rabbins des communautés. Cela ne semble pas avoir été le cas de Josel dit Joselmann de Rosheim (vers 1478-vers 1554), jüdischer Hochmeister. Il appartient à une famille, originaire de Bade, où elle fut cruellement persécutée, établie à Haguenau, où elle bénéficie de la protection impériale.

Après les pogroms de 1349, les Juifs y sont « servi camerae regis imperii » et donc spécialement protégés par l’Empereur. Ils sont autorisés à s’y réinstaller dès 1354. Les Juifs disposent d’une organisation, fixée dans des « lettres de protection » édictée par les comtes palatins tout au long du XVe siècle. Ils disposent d’un « Judenmeister » dès 1421, avec trois assesseurs élus (parnassim). Les lettres de protection insistent sur la condition nécessaire à la reconnaissance par les autorités de la compétence de ces Judenmeister : être originaires de Haguenau ou des villes de la préfecture impériale. Josel de Rosheim a été Judenmeister de la préfecture, mais son autorité a dépassé de loin les frontières des territoires immédiats de l’Empire (Archives des communautés juives). Installé plus tard à Obernai, Josel, peut-être mort à Rosheim, passa sa vie à plaider auprès de l’Empereur, en particulier Charles-Quint, et des princes la cause de coreligionnaires pour leur éviter expulsions ou bûcher. Il est l’auteur de plaidoyers, de méditations et d’homélies. Ses archives sont conservées au British Museum, aux Archives municipales de Strasbourg et aux archives de Wetzlar.

Bibliographie

Jewish Encyclopedia. The full text of the 1906, Jewish Encyclopedia, « Hochmeister ».

WEYL (Robert), NDBA, « Josel dit Joselmann de Rosheim (1478-1554) », Strasbourg, 1992, p. 1820-1822.

MENTGEN (Gerd), Studien zur Geschichte der Juden im mittelalterlichen Elsass, Hannover, 1995.

STERN (Selma), L’Avocat des Juifs. Les tribulations de Yossel de Rosheim dans l’Europe de Charles Quint, traduit et préfacé par Monique EBSTEIN et Freddy RAPHAËL, Strasbourg, 2008.

Notices connexes

Archive (des communautés juives)

Culte israélite

Haguenau

Maître d’une corporation

Les bouchers et leurs compagnons se réunissent tous les ans sous la direction des Hochmeister et du Zunftmeister, qui leur rappellent les règlements de la corporation (Metzgerordnung) et leur font jurer de les observer. La commission de contrôle de la viande (Fleischschauer) est composée de deux inspecteurs désignés par le Magistrat et appelés Hochmeister et de deux bouchers désignés par le Zunftmeister et ses adjoints (Herzog).

Notices connexes

Bouchers

François Igersheim