Hauptkann

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Échanson, Pincerna, Schenk.

Le terme Hauptkan apparaît ça et là dans les sources (règlements municipaux ou corporatifs). Dans le royaume de France, il désigne un auxiliaire du bouteiller qui s’occupe de la cave et des vignes du roi ; le mot vient du francique skanjo (Fédou). Selon Grimm (Wörterbuch), il s’agirait d’une spécialité strasbourgeoise qui désigne un professionnel de la restauration dans les poêles des corporations. Cette même fonction peut être assurée par l’un des membres de la Stubengesellschaft, qui se nomme alors Stubenwirt, dont la fonction est élective, et que les membres assument à tour de rôle. Il semble, par conséquent, que le Hauptkann soit une sorte d’intendant, un employé non-membre et probablement rétribué pour ses services, assertion partagée par Alioth, qui le désigne comme ständiger Wirt. Il en donne le nom latin, soit pincerna.

Selon une ordonnance municipale strasbourgeoise de 1473 touchant les jeux dans les poêles, sources de désordres, voire de rixes, les échansons et les préposés (Stubenknecht) sont obligés de prêter serment de dénoncer les délinquants. Cette réglementation est renouvelée plusieurs fois dans les années suivantes (Brucker).

Cependant, le Hauptkann pouvait être amené à exercer d’autres fonctions, du moins momentanément. Ainsi, toujours à Strasbourg, en 1470, les maîtres de la corporation des pelletiers (fourreurs) (Kürschner) avaient édicté un règlement selon lequel c’était désormais à l’échanson d’attribuer aux maîtres les compagnons cherchant de l’embauche, et non plus à l’ensemble des compagnons eux-mêmes, auxquels cette fonction était dévolue de longue date. Il devait les répartir équitablement entre les ateliers, conformément au serment qu’il avait prêté à ce sujet. Si un maître engageait un compagnon sans passer par ce responsable, il était passible d’une amende de 5 schillings (Item, es soll auch ein haupkan eim jeglicher meister knecht setzen zu arweiten und die gesellen nit me tuen, darzu soll es ein Hauptkan glich deilen uff den eit. Und welher einen knecht on den hauptkan setzt, der bessert 5 ß d.) (Zunftbuch der Kürschner zu Straßburg, 1470, cité dans Mone). Cette décision allait provoquer une levée de bouclier de la part des compagnons, qui quitteront la ville pour se rendre à Haguenau, d’où ils appelleront au boycot des maîtres strasbourgeois, consigne suivie par les compagnons de tout le Rhin supérieur, jusqu’à ce que cette réglementation soit abrogée (Debus Kehr).

Bibliographie

MONE (Franz-Josef), « Zunftorganisation vom 13.-16. Jh. », ZGO 17, 1865, p. 53-54.

BRUCKER, Polizeiordnung, vol. 2, f°83.

ALIOTH (Martin), Gruppen an der Macht. Zünfte und Patriziat in Strassburg im 14. und 15.  Jahrhundert. Untersuchungen zu Verfassung, Wirtschaftsgefüge und Sozialstruktur, Bâle et Francfort-sur-le-Main, 1988, I, p. 209 et II, p. 551-554.

FÉDOU (René), Lexique historique du Moyen Âge, Paris, 1995, p. 62.

DEBUS KEHR (Monique), Travailler, prier, se révolter. Les compagnons de métier dans la société urbaine et leur relation au pouvoir. Rhin supérieur - XVe siècle, Strasbourg, 2006, p. 373 et suivantes.

Notices connexes

Herrenstube

Poêle

Stube

Stubegesellschaft

Monique Debus Kehr