Grenier d'abondance : Différence entre versions

De DHIALSACE
Aller à : navigation, rechercher
(Page créée avec « <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''Herrenspeicher'', ''Stadtspeicher''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Bâtiment abrit... »)
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''Herrenspeicher'', ''Stadtspeicher''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Bâtiment abritant le grenier public placé sous l’autorité du [[Magistrat]] d’une ville et contrôlé, à partir du XVII<sup>e</sup> siècle, par l’administration centrale. L’institution est sans doute propre aux villes importantes, dans la mesure où elle suppose une politique annonaire élaborée. Dans ce grenier, on&nbsp;constitue des réserves de grains à la suite de moissons abondantes, quitte à les restituer en temps de disette au moment où les prix céréaliers flambent : une façon de prévenir les périodes de pénurie et de cherté en régularisant le marché céréalier.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Le plus connu est celui de Strasbourg, situé sur l’actuelle place du petit Broglie affectée au marché des grains, qui est en partie conservé, dans un bâtiment datant de 1441. En 1740, ce marché s’étend dans la cour et au rez-de-chaussée du grenier d’abondance, en attendant le projet de construction (1785-1788) d’une halle dans le faubourg occidental de la ville. La conservation des grains requérait l’embauche d’un personnel spécifique (le [[Kornmeister]] de la Ville, les ''[[Kornherren]]'' du Conseil des XV, les ''[[Kornwerfer]]'' ou remueurs de grains). Il s’agissait de mettre la population à l’abri des aléas de la soudure, elle-même liée à l’irrégularité des arrivages de grains générant une hausse des prix. La population de Strasbourg, qui passe de 30 000 à 50 000 habitants, entre le XVII<sup>e</sup> et le XVIII<sup>e</sup> siècle, auxquels il faut ajouter entre 6 000 et 10 000 hommes de troupe, nécessitait un ravitaillement de 30 000 sacs ou rézaux (environ 45 000 hectolitres) entre la fin du XV<sup>e</sup> et le début du XVII<sup>e</sup> siècle (1597-1620) et plus de 80 000 sacs, soit 120 000 hectolitres, au cours du XVIII<sup>e</sup> siècle. Moyennant des arrivages (vente directe au marché, rentes et dîmes) s’élevant à 100 000 sacs (150 000 hectolitres) et essentiellement composés de froment, les besoins étaient couverts, tandis que 80 000 sacs (120 000 hectolitres) attendaient sur le grenier de la ville en prévision des années difficiles.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">On ne confondra pas les greniers d’abondance avec les « magasins » (militaires) ou de simples « halles » de stockage (comme la halle aux blés d’Obernai), qui se développeront surtout au XIX<sup>e</sup> siècle à proximité des marchés aux grains, dans un but exclusivement commercial.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Peuvent également faire fonction de greniers d’abondance, ceux qui appartiennent à des institutions, essentiellement religieuses (d’où le terme de ''Herrenspeicher''), en adoptant, sans doute avant les villes, le même principe, qui autorise, en période d’abondance, des pratiques commerciales (ventes de grains à bon marché) ou une politique de bienfaisance.</p>  
+
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''Herrenspeicher'', ''Stadtspeicher''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Bâtiment abritant le grenier public placé sous l’autorité du [[Magistrat|Magistrat]] d’une ville et contrôlé, à partir du XVII<sup>e</sup> siècle, par l’administration centrale. L’institution est sans doute propre aux villes importantes, dans la mesure où elle suppose une politique annonaire élaborée. Dans ce grenier, on&nbsp;constitue des réserves de grains à la suite de moissons abondantes, quitte à les restituer en temps de disette au moment où les prix céréaliers flambent&nbsp;: une façon de prévenir les périodes de pénurie et de cherté en régularisant le marché céréalier.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Le plus connu est celui de Strasbourg, situé sur l’actuelle place du petit Broglie affectée au marché des grains, qui est en partie conservé, dans un bâtiment datant de 1441. En 1740, ce marché s’étend dans la cour et au rez-de-chaussée du grenier d’abondance, en attendant le projet de construction (1785-1788) d’une halle dans le faubourg occidental de la ville. La conservation des grains requérait l’embauche d’un personnel spécifique (le [[Kornmeister|Kornmeister]] de la Ville, les ''[[Kornherren|Kornherren]]'' du Conseil des XV, les ''[[Kornwerfer|Kornwerfer]]'' ou remueurs de grains). Il s’agissait de mettre la population à l’abri des aléas de la soudure, elle-même liée à l’irrégularité des arrivages de grains générant une hausse des prix. La population de Strasbourg, qui passe de 30 000 à 50 000 habitants, entre le XVII<sup>e</sup> et le XVIII<sup>e</sup> siècle, auxquels il faut ajouter entre 6 000 et 10 000 hommes de troupe, nécessitait un ravitaillement de 30 000 sacs ou rézaux (environ 45 000 hectolitres) entre la fin du XV<sup>e</sup> et le début du XVII<sup>e</sup> siècle (1597-1620) et plus de 80 000 sacs, soit 120 000 hectolitres, au cours du XVIII<sup>e</sup> siècle. Moyennant des arrivages (vente directe au marché, rentes et dîmes) s’élevant à 100 000 sacs (150 000 hectolitres) et essentiellement composés de froment, les besoins étaient couverts, tandis que 80 000 sacs (120 000 hectolitres) attendaient sur le grenier de la ville en prévision des années difficiles.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">On ne confondra pas les greniers d’abondance avec les «&nbsp;magasins&nbsp;» (militaires) ou de simples «&nbsp;halles&nbsp;» de stockage (comme la halle aux blés d’Obernai), qui se développeront surtout au XIX<sup>e</sup> siècle à proximité des marchés aux grains, dans un but exclusivement commercial.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Peuvent également faire fonction de greniers d’abondance, ceux qui appartiennent à des institutions, essentiellement religieuses (d’où le terme de ''Herrenspeicher''), en adoptant, sans doute avant les villes, le même principe, qui autorise, en période d’abondance, des pratiques commerciales (ventes de grains à bon marché) ou une politique de bienfaisance.</p>  
 
== <span style="font-size:x-large;">Bibliographie</span> ==
 
== <span style="font-size:x-large;">Bibliographie</span> ==
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">HANAUER, ''Etudes économiques'' (1876-78), t. II, p. 74.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LIVET, ''Intendance'' (1956), p. 587.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LE MOIGNE (Yves), ''Les subsistances à Strasbourg au XVIII<sup>e</sup> siècle'', DES dactyl., Strasbourg, 1959, p. 104-106.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">HERTNER (Peter), ''Stadtwirtschaft zwischen Reich und Frankreich : Wirtschaft und Gesellschaft in Straßburg (1650-1714)'', Strasbourg, 1979, p. 96‑98.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LIVET, RAPP, ''Histoire de Strasbourg'' (1980-82), t. III, 1981, chapitre III par LE MOIGNE (Yves), « L’approvisionnement de Strasbourg », p. 141‑144.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">BOEHLER, ''Paysannerie'' (1994), t. I, p. 716.</p>  
+
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">HANAUER, ''Etudes économiques'' (1876-78), t. II, p. 74.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LIVET, ''Intendance'' (1956), p. 587.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LE MOIGNE (Yves), ''Les subsistances à Strasbourg au XVIII<sup>e</sup> siècle'', DES dactyl., Strasbourg, 1959, p. 104-106.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">HERTNER (Peter), ''Stadtwirtschaft zwischen Reich und Frankreich&nbsp;: Wirtschaft und Gesellschaft in Straßburg (1650-1714)'', Strasbourg, 1979, p. 96‑98.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">LIVET, RAPP, ''Histoire de Strasbourg'' (1980-82), t. III, 1981, chapitre III par LE MOIGNE (Yves), «&nbsp;L’approvisionnement de Strasbourg&nbsp;», p. 141‑144.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">BOEHLER, ''Paysannerie'' (1994), t. I, p. 716.</p>  
 
== <span style="font-size:x-large;">Notices connexes</span> ==
 
== <span style="font-size:x-large;">Notices connexes</span> ==
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Frucht]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Halles]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kaufhaus]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornherren]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornmeister]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornwerfer]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Jean-Michel Boehler'''</p>  
+
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Frucht|Frucht]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Halles|Halles]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kaufhaus|Kaufhaus]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornherren|Kornherren]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornmeister|Kornmeister]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''[[Kornwerfer|Kornwerfer]]''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Jean-Michel Boehler'''</p>
[[Category:G]][[Category:Villes et institutions urbaines]][[Category:Agriculture-Elevage]][[Category:Alimentation-boisson]][[Category:Bâtiment-Techniques]]
+
[[Category:G]]

Version du 4 février 2021 à 09:54

Herrenspeicher, Stadtspeicher

Bâtiment abritant le grenier public placé sous l’autorité du Magistrat d’une ville et contrôlé, à partir du XVIIe siècle, par l’administration centrale. L’institution est sans doute propre aux villes importantes, dans la mesure où elle suppose une politique annonaire élaborée. Dans ce grenier, on constitue des réserves de grains à la suite de moissons abondantes, quitte à les restituer en temps de disette au moment où les prix céréaliers flambent : une façon de prévenir les périodes de pénurie et de cherté en régularisant le marché céréalier.

Le plus connu est celui de Strasbourg, situé sur l’actuelle place du petit Broglie affectée au marché des grains, qui est en partie conservé, dans un bâtiment datant de 1441. En 1740, ce marché s’étend dans la cour et au rez-de-chaussée du grenier d’abondance, en attendant le projet de construction (1785-1788) d’une halle dans le faubourg occidental de la ville. La conservation des grains requérait l’embauche d’un personnel spécifique (le Kornmeister de la Ville, les Kornherren du Conseil des XV, les Kornwerfer ou remueurs de grains). Il s’agissait de mettre la population à l’abri des aléas de la soudure, elle-même liée à l’irrégularité des arrivages de grains générant une hausse des prix. La population de Strasbourg, qui passe de 30 000 à 50 000 habitants, entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, auxquels il faut ajouter entre 6 000 et 10 000 hommes de troupe, nécessitait un ravitaillement de 30 000 sacs ou rézaux (environ 45 000 hectolitres) entre la fin du XVe et le début du XVIIe siècle (1597-1620) et plus de 80 000 sacs, soit 120 000 hectolitres, au cours du XVIIIe siècle. Moyennant des arrivages (vente directe au marché, rentes et dîmes) s’élevant à 100 000 sacs (150 000 hectolitres) et essentiellement composés de froment, les besoins étaient couverts, tandis que 80 000 sacs (120 000 hectolitres) attendaient sur le grenier de la ville en prévision des années difficiles.

On ne confondra pas les greniers d’abondance avec les « magasins » (militaires) ou de simples « halles » de stockage (comme la halle aux blés d’Obernai), qui se développeront surtout au XIXe siècle à proximité des marchés aux grains, dans un but exclusivement commercial.

Peuvent également faire fonction de greniers d’abondance, ceux qui appartiennent à des institutions, essentiellement religieuses (d’où le terme de Herrenspeicher), en adoptant, sans doute avant les villes, le même principe, qui autorise, en période d’abondance, des pratiques commerciales (ventes de grains à bon marché) ou une politique de bienfaisance.

Bibliographie

HANAUER, Etudes économiques (1876-78), t. II, p. 74.

LIVET, Intendance (1956), p. 587.

LE MOIGNE (Yves), Les subsistances à Strasbourg au XVIIIe siècle, DES dactyl., Strasbourg, 1959, p. 104-106.

HERTNER (Peter), Stadtwirtschaft zwischen Reich und Frankreich : Wirtschaft und Gesellschaft in Straßburg (1650-1714), Strasbourg, 1979, p. 96‑98.

LIVET, RAPP, Histoire de Strasbourg (1980-82), t. III, 1981, chapitre III par LE MOIGNE (Yves), « L’approvisionnement de Strasbourg », p. 141‑144.

BOEHLER, Paysannerie (1994), t. I, p. 716.

Notices connexes

Frucht

Halles

Kaufhaus

Kornherren

Kornmeister

Kornwerfer

Jean-Michel Boehler