Garance (traitement et commerce de la -)

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Alors que sa culture remonte au Moyen Âge, le commerce de la garance nous est connu à partir du XVIIe siècle (Bischwiller 1623). La production est collectée verte, puis nettoyée et séchée, voire traitée au préalable dans des moulins à garance ou des installations spécialisées aux mains d’entrepreneurs d’envergure (les Hoffmann à Haguenau, les Bertrand à Bischwiller) pour en extraire la couleur rouge recherchée. Joseph Hoffmann le Jeune, après un séjour de six mois effectué en Hollande en 1726, s’en fait le promoteur en Alsace et, en 1786, le Stettmeister Hoffmann propose d’étendre la production à l’ensemble de la France, par l’intermédiaire d’une compagnie nouvellement créée, brisant ainsi le monopole hollandais. Les négociants de Bâle, Mulhouse, Strasbourg, Haguenau et Bischwiller se rendent jusqu’à Augsbourg, en Autriche et en Bohême et concluent avec les producteurs alsaciens des accords, parfois codifiés et imprimés (Röthaccorde), leur garantissant des revenus gagés sur les récoltes à venir. Si Brumath, Hoerdt, Reichshoffen et Pfaffenhoffen restent des pôles mineurs, il se développe au XIXe siècle une intense activité commerciale, irriguant la campagne et animée par une multitude de sociétés rurales de commerce de la garance. Au bénéfice de ces Röthherren ou Röthmonopolisten, le caractère spéculatif de la production, qui repose sur une culture particulièrement onéreuse, ne doit pas occulter les profits qu’en tirent les producteurs, du fait de l’extrême morcellement des superficies garancières, des avances d’argent consenties et de la mobilisation d’une abondante main-d’oeuvre. Ce sont les aléas de la conjoncture industrielle et commerciale qui expliquent la crise garancière à la fin du XVIIIe siècle, qu’illustre la faillite retentissante de Hoffmann le Bailli en 1781.

Bibliographie

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BOEHLER, Paysannerie (1994), t. I, p. 775-788.

Notice connexe

Knetschhaus

Jean-Michel Boehler