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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">La galère est une sorte de navire à voiles et à rames, à usage surtout militaire sous l’Ancien Régime. Le travail du rameur étant très pénible, la monarchie de Louis XIV recruta sa main‑d’oeuvre entre autres parmi les forçats condamnés à temps ou à perpétuité aux galères royales. Dans le premier cas, cette peine infamante n’entraînait pas la saisie des corps ni celle des biens. Dans le second, elle impliquait la mort civile et la [[Confiscation_(droit_de)|confiscation]] des biens du forçat, réduit en esclavage.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Tous les juges séculiers, royaux ou seigneuriaux, pouvaient condamner un criminel aux galères, à l’exception des officiaux et autres juges de cours ecclésiastiques. Les femmes criminelles étaient passibles du fouet et du [[Bannissement|bannissement]] à temps ou perpétuel.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Une déclaration du roi, du 4 mars 1724, ordonna que les condamnés aux galères fussent fustigés et&nbsp;flétris au fer chaud contenant les lettres GAL, pour qu’on pût les reconnaître en cas de récidive ou de fuite (Ferrière).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">En dehors des protestants réformés (les [[Huguenot|huguenots]]) opiniâtres de l’intérieur du royaume, refusant d’adopter la religion du roi, étaient condamnés les coupables de vols, faux en écriture, escroqueries, viols, ruptures de ban. Louis XV supprima en 1749 la peine des galères sur mer, la marine n’ayant plus besoin de rameurs, mais on continua à appeler galériens les forçats condamnés aux bagnes de Brest, Rochefort ou Toulon, rattachés aux ports militaires de ces villes.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Les condamnés étaient regroupés en «&nbsp;chaînes&nbsp;», liés et menés à pied à leur destination.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;"><span style="font-size:large;">''En Alsace''</span></p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">On connaît la chaîne comprenant 43 forçats formée en 1764 à Strasbourg. Sous la conduite de deux «&nbsp;capitaines&nbsp;», elle s’arrête à Colmar, puis à Belfort et se dirige ensuite vers Besançon. Elle en repart le 6 mai et arrive à Brest le 10 juin, dix fois plus nombreuse. Un condamné meurt en route.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Parmi eux figure Népomucène Fehrenbach, originaire d’une localité du diocèse de Constance. Déjà coupable d’un vol de vêtements en Suisse, il s’introduit à trois reprises dans l’entreprise Koechlin, Dolffus et Cie à Mulhouse et y dérobe chaque fois des pièces d’indienne. Arrêté à Huningue par la maréchaussée, il est ramené à Mulhouse où il est condamné le 21 mars 1764 aux «&nbsp;galères&nbsp;» à vie. Il y est exposé publiquement à plusieurs reprises au pilori pendant une heure, puis promené en ville dans un carcan, enfin flagellé et marqué au fer rouge des lettres GAL à l’épaule. La République de Mulhouse, alliée aux cantons suisses, suit leur exemple antérieur. Faute de disposer d’une marine, elle est bien contente de le livrer aux autorités françaises, pourtant étrangères. Mené à Belfort, il y rejoint la chaîne se rendant à Besançon, puis à Brest. Chaque forçat est décrit physiquement, avec son état civil, le motif de sa condamnation et la durée de sa peine. Dès son arrivée au bagne, un collier de fer est rivé à son cou, un autre à sa cheville, reliés entre eux par une chaîne. S’il se comporte bien pendant trois ans, seul subsiste un boulet, attaché au pied. Fehrenbach obtient cette faveur, mais ses démarches répétées, appuyées d’un dessin le montrant à genoux pour implorer le pardon et sa libération auprès du Magistrat, laissent celui-ci inflexible. Il meurt en 1772 au bagne, comme la plupart de condamnés à perpétuité.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Les listes des galériens de toutes origines géographiques, de 1749 à 1789, sont conservées aux Archives du Doubs, mais les patronymes et toponymes à consonance germanique sont si altérés qu’ils sont difficilement identifiables. (Archives du Doubs, sous-série 1C). Ces listes ont été saisies par des chercheurs locaux qui les ont transférées au siège du Cercle généalogique d’Alsace, à Strasbourg, où elles peuvent être consultées sur internet.</p>  
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">La galère est une sorte de navire à voiles et à rames, à usage surtout militaire sous l’Ancien Régime. Le travail du rameur étant très pénible, la monarchie de Louis XIV recruta sa main‑d’oeuvre entre autres parmi les forçats condamnés à temps ou à perpétuité aux galères royales. Dans le premier cas, cette peine infamante n’entraînait pas la saisie des corps ni celle des biens. Dans le second, elle impliquait la mort civile et la [[Confiscation_(droit_de)|confiscation]] des biens du forçat, réduit en esclavage.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Tous les juges séculiers, royaux ou seigneuriaux, pouvaient condamner un criminel aux galères, à l’exception des officiaux et autres juges de cours ecclésiastiques. Les femmes criminelles étaient passibles du fouet et du [[Bannissement|bannissement]] à temps ou perpétuel.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Une déclaration du roi, du 4 mars 1724, ordonna que les condamnés aux galères fussent fustigés et&nbsp;flétris au fer chaud contenant les lettres GAL, pour qu’on pût les reconnaître en cas de récidive ou de fuite (Ferrière).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">En dehors des protestants réformés (les [[Huguenot|huguenots]]) opiniâtres de l’intérieur du royaume, refusant d’adopter la religion du roi, étaient condamnés les coupables de vols, faux en écriture, escroqueries, viols, ruptures de ban. Louis XV supprima en 1749 la peine des galères sur mer, la marine n’ayant plus besoin de rameurs, mais on continua à appeler galériens les forçats condamnés aux bagnes de Brest, Rochefort ou Toulon, rattachés aux ports militaires de ces villes.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Les condamnés étaient regroupés en «&nbsp;chaînes&nbsp;», liés et menés à pied à leur destination.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify"><span style="font-size:large">''En Alsace''</span></p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">On connaît la chaîne comprenant 43 forçats formée en 1764 à Strasbourg. Sous la conduite de deux «&nbsp;capitaines&nbsp;», elle s’arrête à Colmar, puis à Belfort et se dirige ensuite vers Besançon. Elle en repart le 6 mai et arrive à Brest le 10 juin, dix fois plus nombreuse. Un condamné meurt en route.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Parmi eux figure Népomucène Fehrenbach, originaire d’une localité du diocèse de Constance. Déjà coupable d’un vol de vêtements en Suisse, il s’introduit à trois reprises dans l’entreprise Koechlin, Dolffus et Cie à Mulhouse et y dérobe chaque fois des pièces d’indienne. Arrêté à Huningue par la maréchaussée, il est ramené à Mulhouse où il est condamné le 21 mars 1764 aux «&nbsp;galères&nbsp;» à vie. Il y est exposé publiquement à plusieurs reprises au pilori pendant une heure, puis promené en ville dans un carcan, enfin flagellé et marqué au fer rouge des lettres GAL à l’épaule. La République de Mulhouse, alliée aux cantons suisses, suit leur exemple antérieur. Faute de disposer d’une marine, elle est bien contente de le livrer aux autorités françaises, pourtant étrangères. Mené à Belfort, il y rejoint la chaîne se rendant à Besançon, puis à Brest. Chaque forçat est décrit physiquement, avec son état civil, le motif de sa condamnation et la durée de sa peine. Dès son arrivée au bagne, un collier de fer est rivé à son cou, un autre à sa cheville, reliés entre eux par une chaîne. S’il se comporte bien pendant trois ans, seul subsiste un boulet, attaché au pied. Fehrenbach obtient cette faveur, mais ses démarches répétées, appuyées d’un dessin le montrant à genoux pour implorer le pardon et sa libération auprès du Magistrat, laissent celui-ci inflexible. Il meurt en 1772 au bagne, comme la plupart de condamnés à perpétuité.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Les listes des galériens de toutes origines géographiques, de 1749 à 1789, sont conservées aux Archives du Doubs, mais les patronymes et toponymes à consonance germanique sont si altérés qu’ils sont difficilement identifiables. (Archives du Doubs, sous-série 1C). Ces listes ont été saisies par des chercheurs locaux qui les ont transférées au siège du Cercle généalogique d’Alsace, à Strasbourg, où elles peuvent être consultées sur internet.</p>  
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">De BOUG, ''Recueil ''(1775), t. II.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">FERRIERE, ''Dictionnaire'', nouv. éd., t. I, Paris, 1771, p. 685.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">CASTAN (Nicole), ZYSBERG (André), ''Histoire des galères, bagnes et prisons en France de l’Ancien Régime'', Toulouse, 2002.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">L’HOSTIS (Norbert), «&nbsp;Quand la chaîne des bagnards alsaciens passait à Besançon&nbsp;», ''Généalogie franc-comtoise'', 125, p. 27-30, avec la liste des 43 forçats de 1764.</p>  
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">De BOUG, ''Recueil ''(1775), t. II.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">FERRIERE, ''Dictionnaire'', nouv. éd., t. I, Paris, 1771, p. 685.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">CASTAN (Nicole), ZYSBERG (André), ''Histoire des galères, bagnes et prisons en France de l’Ancien Régime'', Toulouse, 2002.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">L’HOSTIS (Norbert), «&nbsp;Quand la chaîne des bagnards alsaciens passait à Besançon&nbsp;», ''Généalogie franc-comtoise'', 125, p. 27-30, avec la liste des 43 forçats de 1764.</p>  
== <span style="font-size:x-large;">Notices connexes</span> ==
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== <span style="font-size:x-large">Notices connexes</span> ==
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Bannissement|Bannissement]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Flétrissure|Flétrissure]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Christian Wolff'''</p>   
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">[[Bannissement|Bannissement]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">[[Flétrissure|Flétrissure]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right">'''Christian Wolff'''</p>   
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Version du 16 juin 2021 à 13:54

La galère est une sorte de navire à voiles et à rames, à usage surtout militaire sous l’Ancien Régime. Le travail du rameur étant très pénible, la monarchie de Louis XIV recruta sa main‑d’oeuvre entre autres parmi les forçats condamnés à temps ou à perpétuité aux galères royales. Dans le premier cas, cette peine infamante n’entraînait pas la saisie des corps ni celle des biens. Dans le second, elle impliquait la mort civile et la confiscation des biens du forçat, réduit en esclavage.

Tous les juges séculiers, royaux ou seigneuriaux, pouvaient condamner un criminel aux galères, à l’exception des officiaux et autres juges de cours ecclésiastiques. Les femmes criminelles étaient passibles du fouet et du bannissement à temps ou perpétuel.

Une déclaration du roi, du 4 mars 1724, ordonna que les condamnés aux galères fussent fustigés et flétris au fer chaud contenant les lettres GAL, pour qu’on pût les reconnaître en cas de récidive ou de fuite (Ferrière).

En dehors des protestants réformés (les huguenots) opiniâtres de l’intérieur du royaume, refusant d’adopter la religion du roi, étaient condamnés les coupables de vols, faux en écriture, escroqueries, viols, ruptures de ban. Louis XV supprima en 1749 la peine des galères sur mer, la marine n’ayant plus besoin de rameurs, mais on continua à appeler galériens les forçats condamnés aux bagnes de Brest, Rochefort ou Toulon, rattachés aux ports militaires de ces villes.

Les condamnés étaient regroupés en « chaînes », liés et menés à pied à leur destination.

En Alsace

On connaît la chaîne comprenant 43 forçats formée en 1764 à Strasbourg. Sous la conduite de deux « capitaines », elle s’arrête à Colmar, puis à Belfort et se dirige ensuite vers Besançon. Elle en repart le 6 mai et arrive à Brest le 10 juin, dix fois plus nombreuse. Un condamné meurt en route.

Parmi eux figure Népomucène Fehrenbach, originaire d’une localité du diocèse de Constance. Déjà coupable d’un vol de vêtements en Suisse, il s’introduit à trois reprises dans l’entreprise Koechlin, Dolffus et Cie à Mulhouse et y dérobe chaque fois des pièces d’indienne. Arrêté à Huningue par la maréchaussée, il est ramené à Mulhouse où il est condamné le 21 mars 1764 aux « galères » à vie. Il y est exposé publiquement à plusieurs reprises au pilori pendant une heure, puis promené en ville dans un carcan, enfin flagellé et marqué au fer rouge des lettres GAL à l’épaule. La République de Mulhouse, alliée aux cantons suisses, suit leur exemple antérieur. Faute de disposer d’une marine, elle est bien contente de le livrer aux autorités françaises, pourtant étrangères. Mené à Belfort, il y rejoint la chaîne se rendant à Besançon, puis à Brest. Chaque forçat est décrit physiquement, avec son état civil, le motif de sa condamnation et la durée de sa peine. Dès son arrivée au bagne, un collier de fer est rivé à son cou, un autre à sa cheville, reliés entre eux par une chaîne. S’il se comporte bien pendant trois ans, seul subsiste un boulet, attaché au pied. Fehrenbach obtient cette faveur, mais ses démarches répétées, appuyées d’un dessin le montrant à genoux pour implorer le pardon et sa libération auprès du Magistrat, laissent celui-ci inflexible. Il meurt en 1772 au bagne, comme la plupart de condamnés à perpétuité.

Les listes des galériens de toutes origines géographiques, de 1749 à 1789, sont conservées aux Archives du Doubs, mais les patronymes et toponymes à consonance germanique sont si altérés qu’ils sont difficilement identifiables. (Archives du Doubs, sous-série 1C). Ces listes ont été saisies par des chercheurs locaux qui les ont transférées au siège du Cercle généalogique d’Alsace, à Strasbourg, où elles peuvent être consultées sur internet.

Bibliographie

De BOUG, Recueil (1775), t. II.

FERRIERE, Dictionnaire, nouv. éd., t. I, Paris, 1771, p. 685.

CASTAN (Nicole), ZYSBERG (André), Histoire des galères, bagnes et prisons en France de l’Ancien Régime, Toulouse, 2002.

L’HOSTIS (Norbert), « Quand la chaîne des bagnards alsaciens passait à Besançon », Généalogie franc-comtoise, 125, p. 27-30, avec la liste des 43 forçats de 1764.

Notices connexes

Bannissement

Flétrissure

Christian Wolff