Forestier (inspecteur -)

De DHIALSACE
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Au XVIIIe siècle, une nouvelle hiérarchie forestière est instituée pour les bois communaux placés sous la tutelle des intendants d’Alsace. Le corps des inspecteurs forestiers comprend une vingtaine de notables choisis d’ordinaire parmi les baillis et les subdélégués de l’intendant. Aucune compétence particulière en matière sylvicole ne leur est demandée. Ils sont chargés de faire appliquer la politique forestière dans les forêts communales. Ils désignent les gardes forestiers communaux dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Les inspecteurs n’échappent pas aux critiques parfois fondées. Un rapport adressé à l’intendant prétend que « les inspecteurs sont des petits seigneurs qui craignent la pluie, le soleil et la boue et ne se mettent en campagne que dans une bonne voiture en état de les garantir de tous les mauvais temps » (ABR C 352). Les inspecteurs cumulent cette fonction avec bien d’autres charges et ne peuvent se consacrer totalement à la gestion des vastes forêts qui leur sont confiées. Ils résident souvent loin des forêts dont ils ont la responsabilité. On dénonce leur incompétence, leur négligence et parfois leur malhonnêteté pour mieux déconsidérer leur fonction. Ils se révèlent aussi corruptibles que les forestiers seigneuriaux et négligent la protection des forêts qui leur sont confiées pour augmenter leurs gages. Ils trichent sur les surfaces boisées sous leur responsabilité et favorisent les coupes de bois pour percevoir des indemnités plus élevées. Dans un mémoire de 1787, on leur attribue le mauvais état des forêts communales : « peut-être les forêts ne seraient-elles pas aussi dégradées, si les inspecteurs n’avaient pas le sol par livre des ventes de bois » (AHR C 1585).

Ce nouveau corps des inspecteurs forestiers qui constitue les prémisses d’une administration forestière nationale se heurte à l’hostilité des communautés, des seigneurs territoriaux et du Conseil_souverain qui se voient tous privés d’une partie de leurs anciennes prérogatives. Tous ont donc intérêt à le dénigrer pour en obtenir la suppression. L’organisation forestière au XIXe siècle reprendra pourtant l’idée d’un corps national de forestiers chargés de la gestion des forêts communales et domaniales.

Bibliographie

HOFFMANN (Charles), L’Alsace au XVIIIe siècle (1906), t. I, p. 646-647, 673-676.

THOMANN (Marcel), Un aspect de la crise du bois à la fin de l’Ancien Régime : l’administration des forêts d’Alsace par les intendants au XVIIIe siècle, Strasbourg, 1959 (Mémoire de DES en droit).

JÉHIN (Philippe), Les hommes contre la forêt, Strasbourg, 1993, p. 103-122.

JÉHIN (Philippe), Les forêts des Vosges du Nord du Moyen Âge à la Révolution, Strasbourg, 2005, p. 273-275.

Notices connexes

Bois

Eaux_et_Forêts

Forêt

Gruerie

Philippe Jéhin