Fer (métiers du -) : Différence entre versions

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Version du 20 janvier 2021 à 15:47

Eisen

Les métiers qui utilisent le fer comme matière première pour produire des biens et des services sont nombreux et spécialisés. On peut en établir la liste en se référant à leur mention dans des sources diverses : règlements professionnels édictés par les métiers ou les corporations regroupant ceux‑ci, règlements des municipalités ou encore statuts et règlements des confréries et associations de ces artisans. Par exemple, en 1476, la charte de confirmation des statuts de la confrérie des compagnons forgerons (Smit, Schmied, Schmidt, etc.) et de « tous ceux qui utilisent le marteau » de Schaffhouse indique avec précision les métiers exercés par les adhérents. Ce sont les :

  • maréchaux-ferrants (Hufschmidt) ;
  • heaumiers (Hubenschmidt) ;
  • fabricants de lames (Klingenschmidt) ;
  • couteliers (Messerschmidt) ;
  • fabricants d’éperons (Sporer) ;
  • serruriers (Schlosser) ;
  • cloutiers (Nageler) ;
  • fabricants d’armures (Harnischer) ;
  • fourbisseurs d’épées (Schwertfeger) ;
  • ceinturiers (Gürtler) ;
  • repasseurs de lames (Schliffer) ;
  • ferblantiers (Spengler) ;
  • charrons (Wagner).

S’y ajoutent les dinandiers, les fondeurs de cuivre, les potiers d’étain, les fondeurs de cloches qui travaillent d’autres métaux, ainsi que les charpentiers, les menuisiers, les potiers et les tuiliers (StA. Schaffhausen, Zünfte 14/590) (Debus Kehr).

À Strasbourg sont attestés les métiers suivants (Hatt) :

  • les fabricants : d’agrafes (Nüscheler),

                           d’aiguilles (Nadler),
                           d’anneaux (Ringeler),
                           de crochets (Haftenmacher),
                           de cuillers (Löffelmacher),
                           d’éperons (Sporer),
                           d’épingles (Guffenmacher),
                           d’étriers (Büggzieher),
                          de faucilles (Happenmacher),
                          de passoires (Siebmacher),
                          de treuils (Windenmacher),
                          de vilebrequins (Bohrermacher) ;

  • les armuriers (Büchssener, Waffenschmied) ;
  • les tourneurs de boulons (Bolzendreher) ;
  • les fondeurs de caractères d’imprimerie (Schriftengiesser).

La corporation des maréchaux (Schmiede-Zunft) comprenait les forgerons, armuriers, arquebusiers, ciseleurs, ferblantiers, serruriers, horlogers et fondeurs d’étain.

À Colmar, les forgerons, charrons, serruriers, ciseleurs, armuriers sont regroupés dans la corporation Au Sureau (Zum Holderbaum), dans laquelle figurent aussi les orfèvres, potiers, chaudronniers, maçons, charpentiers, menuisiers, tailleurs de pierre et tuiliers.

Comme la plupart des artisans, ceux travaillant le fer étaient organisés en confréries. Ainsi, les maîtres et compagnons forgerons de Ribeauvillé avaient créé une confrérie dont les statuts ont été rédigés en 1452 (AHR, 18H, no 86). Les maîtres et compagnons forgerons, serruriers et fabricants d’éperons de Strasbourg disposaient d’une confrérie commune dont les statuts ont été mis par écrit en 1484 (AMS, Série III, 12/11 ; Rapp).

Les métiers du fer ont leur utilité dans l’économie domestique, l’artisanat, l’agriculture, la défense et la guerre. Les membres des corporations avaient l’obligation de prendre les armes pour les actions défensives ou offensives et devaient, de ce fait, posséder plus ou moins d’éléments d’une armure, selon leur position sur l’échelle sociale (les compagnons de métier, par exemple, devaient posséder la moitié d’une armure, ou des gants, un casque, une épée ou une cuirasse). Certains métiers ont plus de relief dans l’économie urbaine et villageoise que d’autres, comme celui de forgeron, qui travaille le fer à chaud et, la plupart du temps, fait office de maréchal-ferrant, équipant de fers chevaux et boeufs de labour. Le forgeron a un équipement constitué essentiellement d’une enclume, d’un foyer avec sa hotte, d’un bac à eau en grès pour le trempage et d’outils comme des tenailles, pinces ou marteaux. Il appose sa marque sur la partie métallique des outils qu’il fabrique (coeur, lettres, croix, marteau et pince) pour les métiers (maçons, charrons, tonneliers, charpentiers…), les paysans et les habitants. Il utilise un charbon de terre mi-gras (Schmitkohlen) ou du charbon de bois. Il comptabilise ses services et livraisons au moyen d’un Kerbholtz (taille) ; décompte et paiement par le client sont ainsi différés. S’il est installé dans un village, il complète son activité en cultivant une parcelle de terre. Il est souvent propriétaire de sa forge et de son outillage. Le saint patron des forgerons (et des orfèvres) est saint Éloi.

La forge est une quasi-institution faisant partie du paysage urbain et villageois, toute ville et tout village en possédant une ou plusieurs. Si elle est souvent propriété du forgeron, elle est tout aussi souvent propriété d’un établissement ecclésiastique ou d’un seigneur et confiée contre loyer à un forgeron qualifié. Ainsi, à Pfastatt, le forgeron verse un loyer au seigneur et le fournit en fers et clous pour ses chevaux. Les baux concernant une forge apparaissent très tôt (dès 1299) comme héréditaires. Il arrive aussi que la forge fasse partie des immeubles (Liegenschaften) de la communauté villageoise. Elle est intégrée parfois dans un corps d’habitation, mais, la plupart du temps, elle est constituée par un bâtiment autonome muni d’un auvent. Elle est souvent installée près de l’église pour s’assurer la protection divine contre les incendies et tempérer le caractère indigne de l’activité (en relation avec le feu, par conséquent avec l’enfer et le diable). La forge est un lieu de rencontre pour les hommes, un peu comme le lavoir pour les femmes. Certaines forges sont équipées d’un marteau mécanique mu par la force hydraulique d’un moulin, en particulier lorsque la forge fait partie d’une exploitation minière qui revêt une forme de précapitalisme (Bader et Vonné).

Bibliographie

BADER (Karl Siegfried), Das mittelalterliche Dorf als Friedens- und Rechtsbereich, III, Rechtsformen und Schichten der Liegenschaftsnutzung im mittelalterlichen Dorf, Weimar, 1957, p. 44-45, 315.

HATT (Jacques), « Les métiers strasbourgeois du XIIe au XVIIIe siècle », RA, 101, Strasbourg, 1962, p. 51-78.

RAPP (Francis), « Les confréries d’artisans dans le diocèse de Strasbourg à la fin du Moyen Âge », Bulletin de la Société académique du Bas-Rhin, 1970-72, p. 10-28.

VONNÉ (Vincent), « Le forgeron-maréchal-ferrant »,Ann. SHVV, 6, 1981, p. 101-129.

DEBUS KEHR (Monique), Travailler, prier, se révolter. Les compagnons de métier dans la société urbaine et leur relation au pouvoir – Rhin supérieur, XVe siècle, Strasbourg, 2007, p. 137.

Notices connexes

Artisanat

Charron

Confrérie

Corporation

Industrie

Métallurgie

Monique Debus Kehr