Fausse monnaie

De DHIALSACE
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Falsche Münze

Peut être considérée comme fausse toute monnaie contrefaite ou altérée dans son type, son poids ou son titre.

Les techniques de fraude étaient multiples. On pouvait cisailler ou rogner (beschneiden, granulieren) un peu de métal précieux sur la tranche des pièces. Cela, bien sûr, les rendait moins lourdes et obligeait les changeurs, les marchands, voire l’administration financière à peser avec un trébuchet les espèces qu’ils recevaient. Une autre méthode consistait à saucer des flans de cuivre en les trempant dans un bain de métal précieux en fusion (versilbern, vergolden) ; on parle également de fourrer une monnaie (füttern). La mince couche recouvrant un coeur de cuivre ou de plomb ne pouvait faire illusion que dans des transactions rapides et si l’on mêlait quelques fausses pièces à une poignée de vraies. La période des foires était particulièrement propice à ce genre de malversation, ainsi qu’en témoignent de nombreux règlements édictés à cette occasion. Certains faussaires prenaient également l’empreinte d’une monnaie et réalisaient un moule dans lequel il était possible de faire des imitations coulées. On pouvait encore fabriquer des coins et frapper des contrefaçons, parfois fidèles, des types officiels. Il faut citer le cas de la famille Tizzone qui, dans son atelier de Dezana au Piémont, frappa au début du XVIIe siècle de nombreuses imitations de monnaies allemandes, dont des Dreibaetzner de Strasbourg. À la fin du siècle, les réformations de Louis XIV permirent à des aigrefins de surfrapper les pièces avec des coins grossiers. Étant donné la mauvaise qualité des surfrappes officielles, il était souvent très difficile de faire la différence.

La fraude la plus classique et la plus difficile à déceler consistait à billonner (verringern), c’est-à-dire altérer le titre des monnaies mises en circulation. Cette pratique, aussi ancienne que la monnaie, pouvait être le fait du monnayeur ou de ses employés ; elle était parfois même ordonnée par le monétaire lui-même. L’exemple le plus marquant, à cet égard, fut la Kipperzeit, période durant laquelle, dans tout l’Empire, de 1620 à 1624, on tricha sur le poids et sur le titre. De bonnes espèces (Thaler ou demi-Thaler) furent refondues par les villes, les seigneurs et l’empereur lui-même qui mirent en circulation des divisionnaires de mauvais aloi. Face à la catastrophe qui suivit, une hausse vertigineuse des prix, la ruine de la rente et, surtout, le payement des impôts en mauvaises monnaie ont mis fin à cette désastreuse pratique. Afin d’éviter les tricheries, les contrôles furent de plus en plus réguliers. Les autorités vérifiaient le travail des ateliers en expertisant des échantillons prélevés sur la production. En cas
de non-conformité, les émissions étaient décriées, comme ce fut le cas, par exemple, pour des divisionnaires des Hanau-Lichtenberg plusieurs fois refusées, entre autres à Strasbourg.

Les sanctions contre les faux-monnayeurs pouvaient être très dures, car ils s’en prenaient à un droit régalien. Ils risquaient d’être condamnés à être bouillis dans un chaudron rempli d’eau ou d’huile bouillante. Dans le meilleur des cas, un monnayeur qui avait triché pouvait s’en tirer avec une forte amende et une peine de prison.

Bibliographie

GREISSLER (Paul), Les systèmes monétaires d’Alsace depuis le Moyen Âge jusqu’en 1870 (coll. Alsace-Histoire, 5), Strasbourg, 2011.

Notices connexes

Faussaire

Faux-monnayeur

Kipper- und Wipperzeit

Monnaie

Paul Greissler