Fête-Dieu

De DHIALSACE
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Corporis Christi, Dies sacramenti, Fête du Saint-Sacrement, Fronleichnamstag, Heiliger Blutstag, Herrgottstag, Sacramentstag

La Fête-Dieu ou fête du Saint-Sacrement, prescrite par une bulle d’Urbain IV en 1264, se célébrait un jeudi, en mémoire de la Cène, en l’occurrence le jeudi après la fête de la Trinité (dimanche après la Pentecôte). Mais, après le décès d’Urbain IV (1264), la bulle n’a pas été appliquée partout. Ce n’est que le concile de Vienne (en France) de 1311‑1312, sous Clément V, qui l’a remise à l’ordre du jour. Le successeur de ce pape, Jean XXII, la fit inscrire dans le Corpus juris canonici. Il prévoyait aussi la procession festive, dont la bulle d’Urbain IV ne faisait pas mention.

Dès 1284, la célébration est attestée au couvent des Augustins de Strasbourg, mais elle ne s’est vraiment répandue qu’au XIVe siècle ; elle fut introduite à la cathédrale de Strasbourg en 1318, mais la procession n’y est attestée qu’en 1344, alors qu’elle existait à la collégiale de Rhinau dès 1314. La préséance dans la procession était réglementée à Strasbourg (AMS 1MR 2, fo 79vo) ; un autre règlement décrit dans les moindres détails le déroulement de la cérémonie, tant dans la cathédrale que lors de la traversée de la ville (AMS 1MR 2, fo 81vo-83). Le Seelbuch de l’hôpital, de 1492, fournit même des détails sur le repas de fête servi aux pensionnaires, malades et valets (AMS 1AH 584). Il semble aussi que la Ville de Strasbourg ait fait distribuer à cette occasion du pain et du vin, largesse qui a été supprimée en 1524 ; l’économie ainsi réalisée a alors été affectée à l’Aumônerie.

Du fait de l’introduction de la Réforme, il n’y eut plus de procession entre 1524 et 1682. Pour la même raison, la procession ne put reprendre qu’en 1703 à Munster.

À Colmar, un ancien inventaire de la fondation du Chapitre_Saint-Martin mentionne un document de l’année 1309, intitulé Einsetzung des heiligen Abendmahlfestes (Introduction de la Sainte Cène). Beuchot estime qu’il s’agit probablement de la fête du Saint-Sacrement et qu’elle a été célébrée pour la première fois cette année-là. Les dominicains n’intégrèrent cette fête dans la liturgie de leur ordre qu’en 1321.

L’Ordo Ecclesiae Divi Martini (1556) (AHR 4G 5/2, fos 79-88) de François d’Apponex, prévôt de la Collégiale de Colmar, contient le rituel de la Fête-Dieu, sous le titre Corporis Christi.

Le Manuale Curatorum (L. II., p. 114) de Bâle, de 1508, précise qu’on insistait, lors de l’annonce de la fête, sur les indulgences accordées par les papes Urbain IV et Eugène IV, soit, 200 jours d’indulgence à ceux qui jeûnent la veille ou accomplissent une bonne action ; 500 à ceux qui assistent à la grand’ messe, aux premières ou deuxièmes vêpres ou aux matines ; 300 à ceux qui participent à la procession ; 200 à ceux qui assistent aux heures canoniales ; enfin des indulgences pour participation à l’office de l’octave.

La solennité s’est généralisée dans les terres catholiques, mais a été supprimée en 1791. En 1803, elle renaît, mais est reportée au troisième dimanche après la Pentecôte. La procession est à nouveau autorisée par le préfet du Bas-Rhin en 1816.

L’aspect le plus populaire de la Fête-Dieu est incontestablement sa procession dans les rues aux décors fleuris. D’après Barth, la plus ancienne mention alsacienne de cette tradition se trouve dans le Seelbuch de l’Hôpital de Strasbourg, rédigé vers la fin du XVe siècle. Sur le passage de la procession, entre l’hôpital et son église paroissiale – Saint‑Nicolas – des branchages (Meygen ou Mayen) étaient dressés le long du chemin et de l’herbe fraîchement coupée éparpillée (gezettelt) sur le sol. D’autres exemples strasbourgeois de cette tradition sont plus tardifs. En 1753, le préposé aux Eaux-et-forêts (Hagmeister) de la Ville de Strasbourg suggère au Magistrat qu’à l’occasion de la Fête-Dieu, l’on fournisse tous les ans aux jésuites, aux franciscains et à l’hôpital des rameaux coupés dans les bois de la Ville. L’année suivante, le curé en charge des paroisses de Schiltigheim, Bischheim et Hoenheim demande aussi à la Ville de Strasbourg de lui fournir des Mayen pour la même occasion, ce qui lui est accordé assez facilement. De même, en 1777, la Ville fournit au Collège royal (aujourd’hui Lycée Fustel de Coulanges) des rameaux verts en prévision de la Fête-Dieu. La tradition de ce genre de décor semble donc bien établie. À Strasbourg, il était complété par des papiers peints qu’on accrochait aux façades, notamment des édifices publics (Pfalz, Ungelt).

Sources - Bibliographie

AMS VII 1405, fo 117ro (1753) ; VII 1406, fo 73ro (1755) ; VII 1415, fo 215ro (1772) ; VII 1417, fo 207vo (1777) ; VII 1418, fo 100ro (1778) et fo 261vo (1779) ; VII 119, fo 245ro (1781).

SURGANT (Joannes Ulricus), Manuale curatorum, Bâle, 1508.

GRANDIDIER, Cathédrale (1782), p. 382-384.

SAURINE (Jean-Pierre), Circulaire du 26 mai 1803, Strasbourg, an XI.

STRAUB (Alexandre), « Geschichtskalender des Hochstifts und des Münsters von Strassburg », RCA, 1891, p. 231‑232.

BEUCHOT (Isidore), Das Fronleichnams-Fest zu Colmar vor alten Zeiten, Colmar, 1916.

PFLEGER (Luzian), « Herrgottstag », Elsassland, t. VII, 1927, p. 169.

SCHMITT (Pierre), « La procession de la Fête-Dieu à Munster en 1703 », RA, 1933, p. 317-319.

BARTH (Médard), « Fronleichnamsbräuche im Mittelalterlichen Strassburg », AEA, N.S. 9, 1958, p. 233-235.

Lexikon des Mittelalters (1980-1998), col. 990-991.

BAILLIARD (Jean-Paul), Le calendrier et la mesure du temps (Coll. Alsace-Histoire, 3), 2009, p. 67-68 et 116-118.

Notices connexes

Fêtes

Mayen

Procession

Monique Debus Kehr, Jean-Marie Holderbach, Louis Schlaefli