Droit ecclésiastique protestant

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Evangelisches Kirchenrecht

Les Réformateurs se sont trouvés confrontés dès le début au problème du droit canon. D’ailleurs, le 10 décembre 1520, à Wittenberg, Luther accomplit un geste spectaculaire qui symbolise la rupture avec Rome et le pape, en lançant un exemplaire du Corpus juris canonici sur un bûcher en présence d’une foule d’étudiants. Toute sa vie, Luther est resté réservé envers le droit ecclésiastique, alors que Melanchthon souligne davantage l’Eglise visible dans les professions doctrinales.

Dans les Eglises protestantes en voie de création, le pouvoir épiscopal est conféré aux princes ou aux Magistrats urbains, qualifiés de Notbischof (évêque par nécessité) et qui, à ce titre, se voient attribuer le jus reformandi, qui leur permet de publier une Kirchenordnung (ordonnance ecclésiastique) ; elle est rédigée en général par les dirigeants du corps pastoral, mais publiée par le prince ou les détenteurs du pouvoir politique. Elles contiennent la réglementation qui remplace le droit canon, les rituels et les bréviaires. On y trouve la doctrine avec la confession de foi (en général la Confession d’Augsbourg ou la Confession helvétique), la liturgie, la liste des prières, l’organisation et le contenu du ministère, le règlement matrimonial et souvent un règlement scolaire (Schulordnung) et un autre pour l’assistance.

En fait le droit canon n’est pas totalement éliminé par les protestants. Le nouveau Kirchenrecht et le Kirchenregiment (structures ecclésiales) incluent, de façon variable selon les Eglises territoriales, certaines dispositions du droit canon de l’Eglise romaine et des traditions de l’Eglise ancienne, ainsi que les pratiques du « jus commune » allemand. C’est le cas de la dîme et des autres revenus des églises et des pasteurs, du droit de patronage détenu par les princes et Magistrats urbains. Dans le droit matrimonial, le droit canon demeure souvent la règle ou bien il est intégré dans un droit coutumier, ou bien il fait débat, comme pour les empêchements pour parenté et les mariages clandestins.

En Alsace, chaque territoire a sa propre ordonnance ecclésiastique (Kirchenordnung). Celle de Strasbourg de 1534 a été éditée sous l’influence de Bucer (1533), rééditée en 1598 puis légèrement remaniée en 1670. Les autres concernent le Hanau-Lichtenberg (1573), inspirée de celle du Wurtemberg de 1559 et remaniée en 1659, le comté de La Petite Pierre de 1605, spécifique, remplacée en 1721 par celle du duché de Deux-Ponts et introduite au Ban-de-la-Roche, le comté de Nassau en 1576, inspirée de celle de Hesse de 1574. Ensuite ce sont celles de la baronnie de Fleckenstein (1624), proche de celle de Strasbourg de 1598, de la ville protestante de la Décapole, Munster (1575), qui s’inspire de celle de Strasbourg, alors qu’une autre ville de la Décapole, Colmar, utilise d’abord celle du Wurtemberg de 1559, puis publie en 1637 une ordonnance propre marquée par celles du Wurtemberg et de Strasbourg.

Dans les territoires réformés, les paroisses palatines et bipontines du nord de l’Alsace relèvent de la Kirchenordnung palatine de 1563 et de celle de Deux-Ponts, dont les mutations de 1588 s’inspirent de la palatine, alors que celle de Mulhouse s’inspire fortement de celle de Bâle.

 

Bibliographie

Die evangelischen Kirchenordnungen des XVI. Jahrhunderts, 20, Elsass, bearbeitet von G. DÖRNER 1.Teilband, Strassburg, Tübingen, 2011.

Les ordonnances des autres Eglises territoriales d’Alsace sont en chantier, sauf celle de Nassau-Saarwerden ; leur parution est prévue vers 2014.

PLATHOW (Michael), « Kirchenordnungen », TRE, 18, 1989, p. 670-703.

HONECKER (Martin), « Kirchenrecht », ibidem, 18, p. 724-729.

KRUMWIEDE (Hans-Walter), « Kirchenregiment », ibidem, 19, 1990, p. 59-68.

 

Notice connexe

Kirchenordnungen

Bernard Vogler