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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">''Deich'', ''Deich und Damm'', ''Werb''</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Ouvrage destiné à protéger les terres riveraines contre l’inondation ou à régulariser les cours d’eaux et à consolider les berges. Chemin édifié sur le sommet (''Krone'') ou à l’arrière d’une digue.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Dans une province limitée par un fleuve qui jusqu’à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle divague dans un lit large de 5 à 6 km et dont les crues majeures s’élèvent à plus de 4,50 m par rapport au niveau ordinaire, et par débordements ou filtration (''Sickerung'') jusqu’à 15 km d’un ''thalweg'' peu fixé, la digue constitue un ouvrage essentiel. La population y recourt pour tout le réseau fluvial de l’Alsace, avec ses 14 rivières affluentes de l’Ill et du Rhin, ses innombrables canaux et fossés (V. [[Canaux]]).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Les travaux d’endiguement sont de la responsabilité de ceux qui détiennent le pouvoir de disposer du travail des communautés voisines : seigneurs et villes. La construction et l’entretien des cours d’eau, par endiguement, curage, creusement est opérée par la corvée et ce sont les seigneurs qui en disposent. Mais la concertation est indispensable le long de ces cours d’eaux ; la négligence et la prolifération des plantes aquatiques, la chute d’arbres ou l’effondrement des berges ou encore les prises d’eau par barrages ou canaux latéraux pour les moulins et l’irrigation peuvent porter atteinte à la navigation ou au débit du cours d’eau.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Ainsi, ce sont les détenteurs du pouvoir seigneurial, l’évêque de Strasbourg, le margrave de Bade, l’abbé d’Ebersmunster, les Ribeaupierre, les villes (Strasbourg, Colmar, Sélestat) et les Rathsamhausen, qui réunissent, en 1404, les « ''Ilssassen'', ''Illgenossen'' ou encore ''Illstände'' », assemblée des seigneurs concernés par l’entretien de l’Ill. Ce conseil se charge de « prévenir les dégâts, maintenir une navigation libre, empêcher les inondations nuisibles ». Il se réunira tout au long des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. La noblesse immédiate de Basse-Alsace se joint à lui à partir de 1523. Un « ''Wasserverständiger'' » procède à l’inspection des berges, relayé périodiquement par la commission des ''Illsassen''. Il règle ses litiges lui-même, par exemple en détruisant le barrage dressé par les Rathsamhausen sur le canal latéral qui double le cours de l’Ill, mais sur lequel ils ont branché une prise d’eau pour leur meunier et leur étang à Ehnenwihr qui inonde les prés de Baldenheim. Les bateliers de l’Ill soutiennent qu’ils peuvent naviguer sur les deux cours d’eau et les Rathsamhausen que l’ancienne coutume ne garantit ce droit que pour l’ancienne Ill (Sittler, 1952). A Strasbourg, c’est un ''Wassermeister'' chargé d’appliquer une ''Wasserordnung'' qui doit inspecter les berges de la Bruche – nom que les Strasbourgeois donnent alors à l’Ill – et les mettre en état. Il doit aussi inspecter le Rhin et ses bras et rendre compte aux Conseils (Brucker p. 515). Nul doute qu’on retrouve des fonctions de ce type dans les autres villes fluviales de l’Alsace.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">A partir de 1697, c’est l’Intendant de la province qui assume les pouvoirs de l’ancienne collectivité et ordonne le nettoyage et la réparation des digues. Les ingénieurs du roi prennent en main les travaux de régularisation des cours d’eaux en Alsace. Le règlement de flottage du canal de la Bruche de 1747 donne un bon exemple de l’usage des digues. Sur ce canal, une partie des berges régularisées sert de chemin de halage. Mais, pour le reste, les digues sont plantées de saules. Elles ont « pour objet de trouver à portée les fascines nécessaires pour le soutien et la réparation desdites digues, sas et décharges du canal et de dispenser les communautés voisines de la fourniture et du transport de celles qui leur seraient inévitablement demandées si les plants n’avaient pas été établis. Défense est faite expressément aux habitants desdites communautés, aux bateliers, éclusiers et à tous autres de les couper, arracher ou détruire… » (ABR C 415). Cette interdiction ne paraît pas scrupuleusement observée.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">La technique de construction des digues repose sur l’utilisation des terres du canal ou fossé creusé, renforcées par des tunages ou turcies (''Korbwerk'', ''Schanzkörber''), lits de fascines (''Faschinen''), consolidés par des piquets (''Pfahlen'') et des clayonnages (''Flechtwerk''). Le « projet », établi par l’ingénieur pour le curage de la Blind d’Elsenheim à Heidolsheim en 1772, prévoit le remploi de la terre de la rivière et des fossés latéraux qui la doublent en arrière de la digue qui ont pour fonction de récupérer les eaux d’infiltration et ainsi de renforcer la digue. Le cours d’eau est divisé en autant d’ateliers auxquels sont affectés les « jours de travail des pionniers », soit la corvée des communes riveraines, mais mises à la charge des meuniers, soit 450 hommes pendant 23 jours (ABR C 408).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">C’est cette façon de procéder, ces techniques et ces coutumes que l’on retrouve dans la loi du 14 floréal an XI (4 mai 1803) et celle du 16 septembre 1807 sur les endiguements. La loi du 14 floréal dispose qu’il sera pourvu au curage de canaux et rivières navigables et à l’entretien des digues et ouvrages d’art qui y correspondent de la manière prescrite par les&nbsp;anciens règlements et les ouvrages locaux. En cas de difficultés pour les appliquer, le gouvernement prendra un règlement d’administration publique, de manière que « la quotité de chaque imposé soit toujours relative au degré d’intérêt qu’il aura aux travaux à effectuer ». La loi du 16 septembre 1807 précise : « la dépense est supportée par les propriétés protégées dans la proportion de leur intérêt aux travaux ». Il est prévu que l’on se réfèrera aux « formes précédemment établies » et à « l’intervention d’une commission spéciale ». Ces formes sont l’organisation d’un syndicat, la rédaction d’un plan périmétral, la classification provisoire des terrains et la classification des propriétés suivant leur degré d’intérêt aux travaux qui constituera la base des taxes pour les terrains compris dans le périmètre. Le tout doit être approuvé par le préfet (Block).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Les plus grands travaux en Alsace sont ceux du Rhin. Ils entraînent la construction des digues les plus importantes, qui font appel aux savoirs les plus élaborés. Le recours aux tunages par fascines, piquets et clayonnages y est aussi ancien que l’implantation humaine. C’est un type d’ouvrage qui associe digues et forêts de bois de saule et de bouleau pour les fascines, clayons et poteaux, la terre et le gravier. Les bois qui poussent sur les bords et les îles du Rhin sont la propriété des seigneurs et doivent être protégés, car entre les crues, les paysans voient à regret tant d’étendues laissées en friche. Si le sommet des digues peut être utilisé pour le réseau vicinal, ce qui est apprécié des paysans, la digue attaquée par les taupes et les hamsters, que l’on traque, peut aussi disparaître au profit des champs comme on le voit à Balgau avant 1758. L’inspection faite après la grande inondation de 1758 témoigne aussi de la méfiance exprimée par les ingénieurs devant le recours systématique aux fascines pour la construction des digues. Une fois les fascines de bois arrachées, l’eau emporte tout. Ce qu’il faut, ce sont des digues de terre damée, prise en avant de la digue, car la prendre en arrière équivaut à créer un point d’infiltration et une gravière. Certes, la fascine dispense d’aller chercher loin le bois que l’on a sous la main, mais « la dépense en bois et corvées est immense et ces ouvrages nécessitent un travail et un entretien continuel, été et hiver » (ABR C 534). Pourtant, la Révolution entraîne une interruption des travaux. En 1802, les ingénieurs constatent que les fascines des digues de la Robertsau ont été utilisées par les soldats pour se chauffer. L’énorme crue de 1801, avec l’inondation de tous les villages du bord du Rhin, provoque un sursaut. La propriété foncière est désormais clarifiée : les rives du Rhin sont propriété domaniale de l’Etat ou des communes et non plus seigneuriale. Le décret du 14 novembre 1807 réglemente l’entretien et la conservation des digues et consacre le système adopté par le Conseil général du Bas-Rhin : à l’Etat la construction des digues de rives, au département celle des digues d’inondation, aux communes l’entretien des digues et des chemins vicinaux qu’elles portent. Des gardes veillent constamment à la conservation, faisant eux-mêmes les menus travaux de réparation et conduisant les ateliers pour les travaux les plus importants. Les gros travaux sont réalisés par les prestations en nature, nouveau nom des corvées. Le second décret du 27 octobre 1808 centralise dans les mains d’une commission nommée « Magistrat du Rhin » l’examen des projets de défense qui doivent être soumis au ministre. A l’imitation de celles utilisées par les Hollandais pour la régularisation du cours inférieur du Rhin, les techniques utilisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées ont énormément progressé. On a recours aux fascinages pour les digues ou épis de bordage parallèles aux cours d’eaux ou pour les épis saillants fondés sur des enrochements qui coupent et redressent le cours d’eau, aux barrages pour fermer les bras du Rhin. L’ingénieur Defontaine a fait une description complète des différentes manières d’utiliser les fascines, sorte de fagots de 4,50 m de long, de 1,60 m de circonférence au gros bout et 0,50 m au bout effilé, serrés par 4 liens, entassés entre des piquets et des claies et dont les lits de disposition variable sont enrobés de graviers ; elles forment les tunages. Les fascines peuvent être utilisées pour des éléments de construction de digues ou de barrages de formes très différentes, allant des « saucissons » aux « trapèzes » ou aux « pyramides » qui forment la base des épis. (Defontaine, ''Annales des Ponts et Chaussées'' 1833 ; Migneret, Description…).</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Le contrôle des deux rives du Rhin par la France et la poursuite de la coopération obligée après le congrès de Vienne permettent d’avancer vers l’indispensable solution de l’aménagement des deux rives du Rhin, projet que développe l’ingénieur badois Tulla à partir de 1811 et qu’il met en oeuvre à partir de 1817 ; il formera la base des négociations qui occuperont la première partie du XIXe siècle.</p>
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== <span style="font-size:x-large;">Sources et bibliographie</span> ==
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''Deich'', ''Deich und Damm'', ''Werb''
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Archives du Bas-Rhin.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">C 408, Cours d’eau de la Blind Curage.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">C 415, Canal de la Bruche – Règlement de curage – ordonnance de l’Intendant.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">C 448, Digue de fascinage faite près de Châtenois.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">1 N 1-2, Conseil général du Bas-Rhin (an VIII). Travaux du Rhin.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">1 N 3-4, Conseil général du Bas-Rhin (an IX). Travaux du Rhin.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">BRAHMS (Albert), ''Anfangsgründe der Deich- und Wasser- baukunst'', Berlin, 1754.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">DEFONTAINE (Antoine-Joseph), ''Des Travaux du Rhin, Annales des Ponts et Chaussées (avec planches)'', Paris, 1833.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">BLOCK (Maurice), Art. Endiguement, ''Dictionnaire de l’administration française'', Paris, 1855.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">MIGNERET (Stanislas), ''Fleuves et Rivières, Description du Département du Bas-Rhin''. T. II, Strasbourg, 1860.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">VIGNON (Eugène-Jean-Marie), ''Études historiques sur l’administration des voies publiques en France au XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles'', 1862.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">BRUCKER (Jean-Charles), ''Strassburger Zunft- und Polizei-Verordnungen des 14. und 15. Jahrhunderts'', Strasbourg, 1889.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">SITTLER (Lucien), « Une association originale, les Illsassen », ''ASABS'', 1952, p. 135-158.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">DESCOMBES (René), L’aménagement du cours du Rhin, dans AYCOBERRY (Pierre), FERRO (Marc), ''Une histoire du Rhin'', Paris, 1981.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">DESCOMBES (René), « Recherches sur le Magistrat du Rhin », ''Revue d'Alsace'', 2012.</p>
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== <span style="font-size:x-large;">Notices connexes</span> ==
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Ouvrage destiné à protéger les terres riveraines contre l’inondation ou à régulariser les cours d’eaux et à consolider les berges. Chemin édifié sur le sommet (''Krone'') ou à l’arrière d’une digue.
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Andlau_(rivière)|Andlau]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Bruche]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Canaux]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Eau|Eau]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Rhin|Rhin]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Rivière|Rivière]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">[[Voirie|Voirie]]</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''François Igersheim'''</p>
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[[Category:D]][[Category:Eaux]][[Category:Bâtiment-Techniques]]
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Dans une province limitée par un fleuve qui jusqu’à la fin du XIX<sup>e</sup> siècle divague dans un lit large de 5 à 6 km et dont les crues majeures s’élèvent à plus de 4,50 m par rapport au niveau ordinaire, et par débordements ou filtration (''Sickerung'') jusqu’à 15 km d’un ''thalweg'' peu fixé, la digue constitue un ouvrage essentiel. La population y recourt pour tout le réseau fluvial de l’Alsace, avec ses 14 rivières affluentes de l’Ill et du Rhin, ses innombrables canaux et fossés (V. [[Canaux|Canaux]]).
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Les travaux d’endiguement sont de la responsabilité de ceux qui détiennent le pouvoir de disposer du travail des communautés voisines&nbsp;: seigneurs et villes. La construction et l’entretien des cours d’eau, par endiguement, curage, creusement est opérée par la corvée et ce sont les seigneurs qui en disposent. Mais la concertation est indispensable le long de ces cours d’eaux&nbsp;; la négligence et la prolifération des plantes aquatiques, la chute d’arbres ou l’effondrement des berges ou encore les prises d’eau par barrages ou canaux latéraux pour les moulins et l’irrigation peuvent porter atteinte à la navigation ou au débit du cours d’eau.
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Ainsi, ce sont les détenteurs du pouvoir seigneurial, l’évêque de Strasbourg, le margrave de Bade, l’abbé d’Ebersmunster, les Ribeaupierre, les villes (Strasbourg, Colmar, Sélestat) et les Rathsamhausen, qui réunissent, en 1404, les «&nbsp;''Ilssassen'', ''Illgenossen'' ou encore ''Illstände''&nbsp;», assemblée des seigneurs concernés par l’entretien de l’Ill. Ce conseil se charge de «&nbsp;prévenir les dégâts, maintenir une navigation libre, empêcher les inondations nuisibles&nbsp;». Il se réunira tout au long des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. La noblesse immédiate de Basse-Alsace se joint à lui à partir de 1523. Un «&nbsp;''Wasserverständiger''&nbsp;» procède à l’inspection des berges, relayé périodiquement par la commission des ''Illsassen''. Il règle ses litiges lui-même, par exemple en détruisant le barrage dressé par les Rathsamhausen sur le canal latéral qui double le cours de l’Ill, mais sur lequel ils ont branché une prise d’eau pour leur meunier et leur étang à Ehnenwihr qui inonde les prés de Baldenheim. Les bateliers de l’Ill soutiennent qu’ils peuvent naviguer sur les deux cours d’eau et les Rathsamhausen que l’ancienne coutume ne garantit ce droit que pour l’ancienne Ill (Sittler, 1952). A Strasbourg, c’est un ''Wassermeister'' chargé d’appliquer une ''Wasserordnung'' qui doit inspecter les berges de la Bruche – nom que les Strasbourgeois donnent alors à l’Ill – et les mettre en état. Il doit aussi inspecter le Rhin et ses bras et rendre compte aux Conseils (Brucker p. 515). Nul doute qu’on retrouve des fonctions de ce type dans les autres villes fluviales de l’Alsace.
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A partir de 1697, c’est l’Intendant de la province qui assume les pouvoirs de l’ancienne collectivité et ordonne le nettoyage et la réparation des digues. Les ingénieurs du roi prennent en main les travaux de régularisation des cours d’eaux en Alsace. Le règlement de flottage du canal de la Bruche de 1747 donne un bon exemple de l’usage des digues. Sur ce canal, une partie des berges régularisées sert de chemin de halage. Mais, pour le reste, les digues sont plantées de saules. Elles ont «&nbsp;pour objet de trouver à portée les fascines nécessaires pour le soutien et la réparation desdites digues, sas et décharges du canal et de dispenser les communautés voisines de la fourniture et du transport de celles qui leur seraient inévitablement demandées si les plants n’avaient pas été établis. Défense est faite expressément aux habitants desdites communautés, aux bateliers, éclusiers et à tous autres de les couper, arracher ou détruire…&nbsp;» (ABR C 415). Cette interdiction ne paraît pas scrupuleusement observée.
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La technique de construction des digues repose sur l’utilisation des terres du canal ou fossé creusé, renforcées par des tunages ou turcies (''Korbwerk'', ''Schanzkörber''), lits de fascines (''Faschinen''), consolidés par des piquets (''Pfahlen'') et des clayonnages (''Flechtwerk''). Le «&nbsp;projet&nbsp;», établi par l’ingénieur pour le curage de la Blind d’Elsenheim à Heidolsheim en 1772, prévoit le remploi de la terre de la rivière et des fossés latéraux qui la doublent en arrière de la digue qui ont pour fonction de récupérer les eaux d’infiltration et ainsi de renforcer la digue. Le cours d’eau est divisé en autant d’ateliers auxquels sont affectés les «&nbsp;jours de travail des pionniers&nbsp;», soit la corvée des communes riveraines, mais mises à la charge des meuniers, soit 450 hommes pendant 23 jours (ABR C 408).
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C’est cette façon de procéder, ces techniques et ces coutumes que l’on retrouve dans la loi du 14 floréal an XI (4 mai 1803) et celle du 16 septembre 1807 sur les endiguements. La loi du 14 floréal dispose qu’il sera pourvu au curage de canaux et rivières navigables et à l’entretien des digues et ouvrages d’art qui y correspondent de la manière prescrite par les&nbsp;anciens règlements et les ouvrages locaux. En cas de difficultés pour les appliquer, le gouvernement prendra un règlement d’administration publique, de manière que «&nbsp;la quotité de chaque imposé soit toujours relative au degré d’intérêt qu’il aura aux travaux à effectuer&nbsp;». La loi du 16 septembre 1807 précise&nbsp;: «&nbsp;la dépense est supportée par les propriétés protégées dans la proportion de leur intérêt aux travaux&nbsp;». Il est prévu que l’on se réfèrera aux «&nbsp;formes précédemment établies&nbsp;» et à «&nbsp;l’intervention d’une commission spéciale&nbsp;». Ces formes sont l’organisation d’un syndicat, la rédaction d’un plan périmétral, la classification provisoire des terrains et la classification des propriétés suivant leur degré d’intérêt aux travaux qui constituera la base des taxes pour les terrains compris dans le périmètre. Le tout doit être approuvé par le préfet (Block).
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Les plus grands travaux en Alsace sont ceux du Rhin. Ils entraînent la construction des digues les plus importantes, qui font appel aux savoirs les plus élaborés. Le recours aux tunages par fascines, piquets et clayonnages y est aussi ancien que l’implantation humaine. C’est un type d’ouvrage qui associe digues et forêts de bois de saule et de bouleau pour les fascines, clayons et poteaux, la terre et le gravier. Les bois qui poussent sur les bords et les îles du Rhin sont la propriété des seigneurs et doivent être protégés, car entre les crues, les paysans voient à regret tant d’étendues laissées en friche. Si le sommet des digues peut être utilisé pour le réseau vicinal, ce qui est apprécié des paysans, la digue attaquée par les taupes et les hamsters, que l’on traque, peut aussi disparaître au profit des champs comme on le voit à Balgau avant 1758. L’inspection faite après la grande inondation de 1758 témoigne aussi de la méfiance exprimée par les ingénieurs devant le recours systématique aux fascines pour la construction des digues. Une fois les fascines de bois arrachées, l’eau emporte tout. Ce qu’il faut, ce sont des digues de terre damée, prise en avant de la digue, car la prendre en arrière équivaut à créer un point d’infiltration et une gravière. Certes, la fascine dispense d’aller chercher loin le bois que l’on a sous la main, mais «&nbsp;la dépense en bois et corvées est immense et ces ouvrages nécessitent un travail et un entretien continuel, été et hiver&nbsp;» (ABR C 534). Pourtant, la Révolution entraîne une interruption des travaux. En 1802, les ingénieurs constatent que les fascines des digues de la Robertsau ont été utilisées par les soldats pour se chauffer. L’énorme crue de 1801, avec l’inondation de tous les villages du bord du Rhin, provoque un sursaut. La propriété foncière est désormais clarifiée&nbsp;: les rives du Rhin sont propriété domaniale de l’Etat ou des communes et non plus seigneuriale. Le décret du 14 novembre 1807 réglemente l’entretien et la conservation des digues et consacre le système adopté par le Conseil général du Bas-Rhin&nbsp;: à l’Etat la construction des digues de rives, au département celle des digues d’inondation, aux communes l’entretien des digues et des chemins vicinaux qu’elles portent. Des gardes veillent constamment à la conservation, faisant eux-mêmes les menus travaux de réparation et conduisant les ateliers pour les travaux les plus importants. Les gros travaux sont réalisés par les prestations en nature, nouveau nom des corvées. Le second décret du 27 octobre 1808 centralise dans les mains d’une commission nommée «&nbsp;Magistrat du Rhin&nbsp;» l’examen des projets de défense qui doivent être soumis au ministre. A l’imitation de celles utilisées par les Hollandais pour la régularisation du cours inférieur du Rhin, les techniques utilisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées ont énormément progressé. On a recours aux fascinages pour les digues ou épis de bordage parallèles aux cours d’eaux ou pour les épis saillants fondés sur des enrochements qui coupent et redressent le cours d’eau, aux barrages pour fermer les bras du Rhin. L’ingénieur Defontaine a fait une description complète des différentes manières d’utiliser les fascines, sorte de fagots de 4,50 m de long, de 1,60 m de circonférence au gros bout et 0,50 m au bout effilé, serrés par 4 liens, entassés entre des piquets et des claies et dont les lits de disposition variable sont enrobés de graviers&nbsp;; elles forment les tunages. Les fascines peuvent être utilisées pour des éléments de construction de digues ou de barrages de formes très différentes, allant des «&nbsp;saucissons&nbsp;» aux «&nbsp;trapèzes&nbsp;» ou aux «&nbsp;pyramides&nbsp;» qui forment la base des épis. (Defontaine, ''Annales des Ponts et Chaussées'' 1833&nbsp;; Migneret, ''Description''…).
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Le contrôle des deux rives du Rhin par la France et la poursuite de la coopération obligée après le congrès de Vienne permettent d’avancer vers l’indispensable solution de l’aménagement des deux rives du Rhin, projet que développe l’ingénieur badois Tulla à partir de 1811 et qu’il met en oeuvre à partir de 1817&nbsp;; il formera la base des négociations qui occuperont la première partie du XIXe siècle.
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== Sources et bibliographie ==
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Archives du Bas-Rhin.
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C 408, Cours d’eau de la Blind – Curage.
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C 415, Canal de la Bruche – Règlement de curage ordonnance de l’Intendant.
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C 448, Digue de fascinage faite près de Châtenois.
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1 N 1-2, Conseil général du Bas-Rhin (an VIII). Travaux du Rhin.
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1 N 3-4, Conseil général du Bas-Rhin (an IX). Travaux du Rhin.
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BRAHMS (Albert), ''Anfangsgründe der Deich- und Wasser- baukunst'', Berlin, 1754.
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DEFONTAINE (Antoine-Joseph), ''Des Travaux du Rhin, Annales des Ponts et Chaussées (avec planches)'', Paris, 1833.
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BLOCK (Maurice), Art. Endiguement, ''Dictionnaire de l’administration française'', Paris, 1855.
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MIGNERET (Stanislas), ''Fleuves et Rivières, Description du Département du Bas-Rhin''. T. II, Strasbourg, 1860.
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VIGNON (Eugène-Jean-Marie), ''Études historiques sur l’administration des voies publiques en France au XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> siècles'', 1862.
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BRUCKER (Jean-Charles), ''Strassburger Zunft- und Polizei-Verordnungen des 14. und 15. Jahrhunderts'', Strasbourg, 1889.
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SITTLER (Lucien), «&nbsp;Une association originale, les Illsassen&nbsp;», ''ASABS'', 1952, p. 135-158.
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DESCOMBES (René), L’aménagement du cours du Rhin, dans AYCOBERRY (Pierre), FERRO (Marc), ''Une histoire du Rhin'', Paris, 1981.
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DESCOMBES (René), «&nbsp;Recherches sur le Magistrat du Rhin&nbsp;», ''Revue d'Alsace'', 2012.
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== Notices connexes ==
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[[Andlau_(rivière)|Andlau]]
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[[Bruche|Bruche]]
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[[Canaux|Canaux]]
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[[Eau|Eau]]
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[[Ill|Ill]]
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[[Rhin|Rhin]]
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[[Rivière|Rivière]]
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[[Voirie|Voirie]]
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right">'''François Igersheim'''</p>  
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[[Category:D]] [[Category:Bâtiment-Techniques]] [[Category:Echanges, Commerce, Banque, Circulation (routes et canaux), Monnaie]] [[Category:Environnement (Bois et forêts, Eaux, Air)]]

Version actuelle datée du 12 octobre 2021 à 11:12

Deich, Deich und Damm, Werb

Ouvrage destiné à protéger les terres riveraines contre l’inondation ou à régulariser les cours d’eaux et à consolider les berges. Chemin édifié sur le sommet (Krone) ou à l’arrière d’une digue.

Dans une province limitée par un fleuve qui jusqu’à la fin du XIXe siècle divague dans un lit large de 5 à 6 km et dont les crues majeures s’élèvent à plus de 4,50 m par rapport au niveau ordinaire, et par débordements ou filtration (Sickerung) jusqu’à 15 km d’un thalweg peu fixé, la digue constitue un ouvrage essentiel. La population y recourt pour tout le réseau fluvial de l’Alsace, avec ses 14 rivières affluentes de l’Ill et du Rhin, ses innombrables canaux et fossés (V. Canaux).

Les travaux d’endiguement sont de la responsabilité de ceux qui détiennent le pouvoir de disposer du travail des communautés voisines : seigneurs et villes. La construction et l’entretien des cours d’eau, par endiguement, curage, creusement est opérée par la corvée et ce sont les seigneurs qui en disposent. Mais la concertation est indispensable le long de ces cours d’eaux ; la négligence et la prolifération des plantes aquatiques, la chute d’arbres ou l’effondrement des berges ou encore les prises d’eau par barrages ou canaux latéraux pour les moulins et l’irrigation peuvent porter atteinte à la navigation ou au débit du cours d’eau.

Ainsi, ce sont les détenteurs du pouvoir seigneurial, l’évêque de Strasbourg, le margrave de Bade, l’abbé d’Ebersmunster, les Ribeaupierre, les villes (Strasbourg, Colmar, Sélestat) et les Rathsamhausen, qui réunissent, en 1404, les « Ilssassen, Illgenossen ou encore Illstände », assemblée des seigneurs concernés par l’entretien de l’Ill. Ce conseil se charge de « prévenir les dégâts, maintenir une navigation libre, empêcher les inondations nuisibles ». Il se réunira tout au long des XVe et XVIe siècles. La noblesse immédiate de Basse-Alsace se joint à lui à partir de 1523. Un « Wasserverständiger » procède à l’inspection des berges, relayé périodiquement par la commission des Illsassen. Il règle ses litiges lui-même, par exemple en détruisant le barrage dressé par les Rathsamhausen sur le canal latéral qui double le cours de l’Ill, mais sur lequel ils ont branché une prise d’eau pour leur meunier et leur étang à Ehnenwihr qui inonde les prés de Baldenheim. Les bateliers de l’Ill soutiennent qu’ils peuvent naviguer sur les deux cours d’eau et les Rathsamhausen que l’ancienne coutume ne garantit ce droit que pour l’ancienne Ill (Sittler, 1952). A Strasbourg, c’est un Wassermeister chargé d’appliquer une Wasserordnung qui doit inspecter les berges de la Bruche – nom que les Strasbourgeois donnent alors à l’Ill – et les mettre en état. Il doit aussi inspecter le Rhin et ses bras et rendre compte aux Conseils (Brucker p. 515). Nul doute qu’on retrouve des fonctions de ce type dans les autres villes fluviales de l’Alsace.

A partir de 1697, c’est l’Intendant de la province qui assume les pouvoirs de l’ancienne collectivité et ordonne le nettoyage et la réparation des digues. Les ingénieurs du roi prennent en main les travaux de régularisation des cours d’eaux en Alsace. Le règlement de flottage du canal de la Bruche de 1747 donne un bon exemple de l’usage des digues. Sur ce canal, une partie des berges régularisées sert de chemin de halage. Mais, pour le reste, les digues sont plantées de saules. Elles ont « pour objet de trouver à portée les fascines nécessaires pour le soutien et la réparation desdites digues, sas et décharges du canal et de dispenser les communautés voisines de la fourniture et du transport de celles qui leur seraient inévitablement demandées si les plants n’avaient pas été établis. Défense est faite expressément aux habitants desdites communautés, aux bateliers, éclusiers et à tous autres de les couper, arracher ou détruire… » (ABR C 415). Cette interdiction ne paraît pas scrupuleusement observée.

La technique de construction des digues repose sur l’utilisation des terres du canal ou fossé creusé, renforcées par des tunages ou turcies (Korbwerk, Schanzkörber), lits de fascines (Faschinen), consolidés par des piquets (Pfahlen) et des clayonnages (Flechtwerk). Le « projet », établi par l’ingénieur pour le curage de la Blind d’Elsenheim à Heidolsheim en 1772, prévoit le remploi de la terre de la rivière et des fossés latéraux qui la doublent en arrière de la digue qui ont pour fonction de récupérer les eaux d’infiltration et ainsi de renforcer la digue. Le cours d’eau est divisé en autant d’ateliers auxquels sont affectés les « jours de travail des pionniers », soit la corvée des communes riveraines, mais mises à la charge des meuniers, soit 450 hommes pendant 23 jours (ABR C 408).

C’est cette façon de procéder, ces techniques et ces coutumes que l’on retrouve dans la loi du 14 floréal an XI (4 mai 1803) et celle du 16 septembre 1807 sur les endiguements. La loi du 14 floréal dispose qu’il sera pourvu au curage de canaux et rivières navigables et à l’entretien des digues et ouvrages d’art qui y correspondent de la manière prescrite par les anciens règlements et les ouvrages locaux. En cas de difficultés pour les appliquer, le gouvernement prendra un règlement d’administration publique, de manière que « la quotité de chaque imposé soit toujours relative au degré d’intérêt qu’il aura aux travaux à effectuer ». La loi du 16 septembre 1807 précise : « la dépense est supportée par les propriétés protégées dans la proportion de leur intérêt aux travaux ». Il est prévu que l’on se réfèrera aux « formes précédemment établies » et à « l’intervention d’une commission spéciale ». Ces formes sont l’organisation d’un syndicat, la rédaction d’un plan périmétral, la classification provisoire des terrains et la classification des propriétés suivant leur degré d’intérêt aux travaux qui constituera la base des taxes pour les terrains compris dans le périmètre. Le tout doit être approuvé par le préfet (Block).

Les plus grands travaux en Alsace sont ceux du Rhin. Ils entraînent la construction des digues les plus importantes, qui font appel aux savoirs les plus élaborés. Le recours aux tunages par fascines, piquets et clayonnages y est aussi ancien que l’implantation humaine. C’est un type d’ouvrage qui associe digues et forêts de bois de saule et de bouleau pour les fascines, clayons et poteaux, la terre et le gravier. Les bois qui poussent sur les bords et les îles du Rhin sont la propriété des seigneurs et doivent être protégés, car entre les crues, les paysans voient à regret tant d’étendues laissées en friche. Si le sommet des digues peut être utilisé pour le réseau vicinal, ce qui est apprécié des paysans, la digue attaquée par les taupes et les hamsters, que l’on traque, peut aussi disparaître au profit des champs comme on le voit à Balgau avant 1758. L’inspection faite après la grande inondation de 1758 témoigne aussi de la méfiance exprimée par les ingénieurs devant le recours systématique aux fascines pour la construction des digues. Une fois les fascines de bois arrachées, l’eau emporte tout. Ce qu’il faut, ce sont des digues de terre damée, prise en avant de la digue, car la prendre en arrière équivaut à créer un point d’infiltration et une gravière. Certes, la fascine dispense d’aller chercher loin le bois que l’on a sous la main, mais « la dépense en bois et corvées est immense et ces ouvrages nécessitent un travail et un entretien continuel, été et hiver » (ABR C 534). Pourtant, la Révolution entraîne une interruption des travaux. En 1802, les ingénieurs constatent que les fascines des digues de la Robertsau ont été utilisées par les soldats pour se chauffer. L’énorme crue de 1801, avec l’inondation de tous les villages du bord du Rhin, provoque un sursaut. La propriété foncière est désormais clarifiée : les rives du Rhin sont propriété domaniale de l’Etat ou des communes et non plus seigneuriale. Le décret du 14 novembre 1807 réglemente l’entretien et la conservation des digues et consacre le système adopté par le Conseil général du Bas-Rhin : à l’Etat la construction des digues de rives, au département celle des digues d’inondation, aux communes l’entretien des digues et des chemins vicinaux qu’elles portent. Des gardes veillent constamment à la conservation, faisant eux-mêmes les menus travaux de réparation et conduisant les ateliers pour les travaux les plus importants. Les gros travaux sont réalisés par les prestations en nature, nouveau nom des corvées. Le second décret du 27 octobre 1808 centralise dans les mains d’une commission nommée « Magistrat du Rhin » l’examen des projets de défense qui doivent être soumis au ministre. A l’imitation de celles utilisées par les Hollandais pour la régularisation du cours inférieur du Rhin, les techniques utilisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées ont énormément progressé. On a recours aux fascinages pour les digues ou épis de bordage parallèles aux cours d’eaux ou pour les épis saillants fondés sur des enrochements qui coupent et redressent le cours d’eau, aux barrages pour fermer les bras du Rhin. L’ingénieur Defontaine a fait une description complète des différentes manières d’utiliser les fascines, sorte de fagots de 4,50 m de long, de 1,60 m de circonférence au gros bout et 0,50 m au bout effilé, serrés par 4 liens, entassés entre des piquets et des claies et dont les lits de disposition variable sont enrobés de graviers ; elles forment les tunages. Les fascines peuvent être utilisées pour des éléments de construction de digues ou de barrages de formes très différentes, allant des « saucissons » aux « trapèzes » ou aux « pyramides » qui forment la base des épis. (Defontaine, Annales des Ponts et Chaussées 1833 ; Migneret, Description…).

Le contrôle des deux rives du Rhin par la France et la poursuite de la coopération obligée après le congrès de Vienne permettent d’avancer vers l’indispensable solution de l’aménagement des deux rives du Rhin, projet que développe l’ingénieur badois Tulla à partir de 1811 et qu’il met en oeuvre à partir de 1817 ; il formera la base des négociations qui occuperont la première partie du XIXe siècle.

 

Sources et bibliographie

Archives du Bas-Rhin.

C 408, Cours d’eau de la Blind – Curage.

C 415, Canal de la Bruche – Règlement de curage – ordonnance de l’Intendant.

C 448, Digue de fascinage faite près de Châtenois.

1 N 1-2, Conseil général du Bas-Rhin (an VIII). Travaux du Rhin.

1 N 3-4, Conseil général du Bas-Rhin (an IX). Travaux du Rhin.

BRAHMS (Albert), Anfangsgründe der Deich- und Wasser- baukunst, Berlin, 1754.

DEFONTAINE (Antoine-Joseph), Des Travaux du Rhin, Annales des Ponts et Chaussées (avec planches), Paris, 1833.

BLOCK (Maurice), Art. Endiguement, Dictionnaire de l’administration française, Paris, 1855.

MIGNERET (Stanislas), Fleuves et Rivières, Description du Département du Bas-Rhin. T. II, Strasbourg, 1860.

VIGNON (Eugène-Jean-Marie), Études historiques sur l’administration des voies publiques en France au XVIIe et XVIIIe siècles, 1862.

BRUCKER (Jean-Charles), Strassburger Zunft- und Polizei-Verordnungen des 14. und 15. Jahrhunderts, Strasbourg, 1889.

SITTLER (Lucien), « Une association originale, les Illsassen », ASABS, 1952, p. 135-158.

DESCOMBES (René), L’aménagement du cours du Rhin, dans AYCOBERRY (Pierre), FERRO (Marc), Une histoire du Rhin, Paris, 1981.

DESCOMBES (René), « Recherches sur le Magistrat du Rhin », Revue d'Alsace, 2012.

 

Notices connexes

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François Igersheim