Dévaluation

De DHIALSACE
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Dans un système de monnaie réelle, la dévaluation est une opération qui consiste à diminuer la quantité de métal précieux contenue dans une monnaie et réaliser ainsi, pour le monétaire, un bénéfice. Pour arriver à cette fin, il dispose de plusieurs techniques :
- diminuer le poids de la pièce,
- diminuer le titre,
- changer l’évaluation.

Souvent, par une succession d’altérations faibles mais inexorables, une pièce pouvait perdre sa valeur. En Alsace, on peut citer le cas du denier de Strasbourg qui, selon le règlement de 1313, pesait 0,486 g au titre de 987,5 °/°°, ce qui revient à dire qu’il contenait 0,479 g d’argent fin. Au cours d’une longue période qui va jusqu’au début du XVIIe siècle, après avoir subi des altérations successives, il n’était plus qu’une piécette de billon de 0,34 g ne contenant que bien peu d’argent, et dont le pouvoir d’achat était très réduit.

Comme on hésitait, sauf pour les petites divisionnaires, à recourir au billonnage, on manipulait l’évaluation. C’est Louis XIV qui, pour financer ses guerres, utilisa le plus cette technique à laquelle on donna le nom de « réformation ». Les sujets devaient rapporter leurs pièces à l’hôtel des monnaies ; elles étaient alors refrappées avec de nouveaux coins et rendues à leurs propriétaires à un cours différent. C’est ainsi que le XXX sols (8 Schilling en évaluation locale) dont le cours avait été porté, de 1682 à 1690, à 32 sols de France, fut repris pour 32 sols et six deniers et rendu, refrappé, pour 35 sols. Cela correspondait à une dévaluation de 8,57 %. Bien entendu, l’ancien type fut décrié et donc interdit de circulation.

Si le pouvoir central n’avait pas les moyens d’encadrer le processus en bloquant les frontières et en obligeant les sujets à se conformer strictement aux règles qu’il édictait, le phénomène pouvait aboutir à des résultats catastrophiques. Une telle situation se produisit dans l’Empire entre 1618 et 1624, ce fut la Kipper- und Wipperzeit. Durant cette période, les monétaires firent largement refondre les bonnes pièces (Thaler) pour fabriquer de mauvaises divisionnaires (notamment des Dreibaetzner) de mauvais aloi. Il en résulta une spectaculaire hausse des prix et un blocage généralisé du commerce. Comme on commençait à payer les impôts avec de la mauvaise monnaie, les monétaires abandonnèrent leurs manipulations.

Bibliographie

CHARLET (Christian), Guide pratique des « Réformations », refonte et mutations monétaires au temps de Louis XIV et de Louis XV (1689-1726), Paris, 1997.

GREISSLER (Paul), « Une grave crise monétaire, la « Kipper- und Wipperzeit » à Strasbourg (1618-1624) », Revue numismatique, 123, 1997, p. 307-323.

GREISSLER (Paul), Les systèmes monétaires d’Alsace depuis le Moyen Âge jusqu’en 1870, Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, coll. « Alsace-Histoire », Strasbourg, 2011.

Notices connexes

Assignat

Kipper- und Wipperzeit

Law (Système de)

Monnaie

Paul Greissler