Cépage

De DHIALSACE
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Gewächs, Rebenart, Stöck

Chaque cépage est une variante différente de vigne et se distingue du cru, lié au terroir.

En Alsace, le vin est traditionnellement caractérisé d’abord par son cépage et accessoirement par le terroir qui l’a produit. Un même terroir peut comprendre des parcelles plantées de divers cépages.

Dès la fin du Moyen Âge, on distingue entre vin blanc et vin rouge et entre cépages communs et cépages nobles, unedlen oder edler Stöckh. Les premiers donnent du vin ordinaire, voire médiocre, schlecht Win ou gewöhnlich Win. Au XVIe siècle apparaissent les noms de l’Elbin, cépage commun, et du muscat, cépage noble (1552, Muskateller en 1588 à Riquewihr). Par la suite, la liste s’allonge et se précise, les autorités communales et seigneuriales donnant toujours la préférence aux cépages nobles produisant des vins de meilleure conservation et plus propres à l’exportation. Elles promulguent des ordonnances prohibant la culture des cépages communs, ainsi à Riquewihr celle de 1575, renouvelée en 1644, qui insiste sur l’ancienneté de cette interdiction, sous double peine d’une forte amende par pied et d’arrachage systématique, quel que soit le rang social du coupable, de même à Ribeauvillé en 1630. Etaient alors considérés comme ordinaires et défendus l’Elbin et ses variantes Hardolber, Rheinolber, Rheinalbe et Burger, le Hinsch, la Bockstraube, le Schlitzer.

Parmi les cépages nobles figurent à la même époque les trois sortes de pinot, le blanc (Klevner), le gris (Grauklevner) et le noir (Burgunder Rothe), le muscat, le riesling ou Rheingauer et le traminer (Edle Gewürtztraube). Le chasselas (Gutedel) est au bas de la gamme des nobles et a été introduit en Alsace par des immigrés suisses au XVIIe siècle ou, selon d’autres, il provient de la Bourgogne. Le Sylvaner serait originaire d’Autriche.

Les guerres du XVIIe siècle, la multiplication des garnisons françaises et l’augmentation de la population au XVIIIe siècle entraînèrent l’expansion de la viticulture en plaine, ce qui causa un abandon progressif des anciennes règles et le retour des cépages communs, malgré les efforts de l’Intendance d’Alsace pour freiner cette expansion qui se prolongea jusqu’au milieu du XIXe siècle.

Dans sa thèse de 1780, le médecin colmarien Faudel énumère les cépages cultivés alors, communs et nobles, à Riquewihr : Burger, Grand Raeuschling et Raeuschling, Hinsch ou Hennisch, Süssling ou Gutedel, Muscateller, Vaelteliner ou Rothraifler, Riesling, Bockshoden (la Bockstraube de 1644), Herdolber (le Hardolber de 1644), Weissklaevner ou Silberling, Thalgewachs ou Fürderling, Knipperling aussi appelé Ortlieber du nom de son créateur Jean Michel Ortlieb, un bourgeois contemporain de Riquewihr, ou Turckheimer et Petit Rüschling, Frauentraube, Rothedel ou Schwartzedel, Grauklaevner ou Tokay, Bayonne(r) ou Faerber,Klaevner rouge, Weissedel, Schlitzedel (le Schlitzer de 1644) et Grünedel.

La légende attribue à Lazare de Schwendi l’introdution du cépage Tokay en Alsace après la prise de la ville hongroise du même nom. Le cépage alsacien n’a rien de commun avec son homologue hongrois (cépage Furmint). Il semblerait plutôt que le tokay alsacien soit originaire de Bourgogne (cépage Beurot). Ce n’est que deux siècles plus tard, à Kientzheim, que ce cépage est mentionné pour la première fois (en l’état actuel de nos connaissances!). En effet, en 1752, 500 pieds de Tokay sont mentionnés sur un plan du vignoble du domaine du Weinbach, possession de l’abbaye d’Etival.

 

Sources - Bibliographie

BOCK (Hieronymus), Kreuterbuch, 1551.

FAUDEL (Frédéric-Guillaume), De viticultura Richovillana, Strasbourg, 1780.

STOLTZ (Jean-Louis), Ampélographie rhénane, Mulhouse, 1852.

SITTLER (Lucien), La viticulture et le vin de Colmar à travers les siècles, Colmar, 1956.

BARTH, Rebbau (1958). WOLFF (Christian), Riquewihr, son vignoble et ses vins à travers les âges, Ingersheim, 1967.

MULLER (Claude), Les vins d’Alsace. Histoire d’un vignoble, t. I, Strasbourg, 2001.

 

Notices connexes

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Christian Wolff