Cujus regio ejus religio : Différence entre versions

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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Tel prince, telle confession</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Cette formule est énoncée pour la première fois en 1579 par le juriste Joachim Stephani, professeur à l’Université de Greifswald (Poméranie) qui synthétise les clauses majeures – les articles 14 et 15 – de la Paix d’Augsbourg de 1555 selon lesquelles chaque territoire, en Alsace comme dans l’ensemble de l’Empire, adopte la confession de son prince ou de sa ville libre, ce qui assure l’homogénéité confessionnelle de chaque territoire et fixe une géographie confessionnelle. Pour les villes libres de la Décapole, il y a eu quelquefois des difficultés de décision au niveau des Magistrats (Colmar, Haguenau). Pour l’Alsace, le droit de choisir sa religion et de déterminer celle de la seigneurie, est étendu à la chevalerie de la noblesse de Basse-Alsace, ce qui n’était pas le cas partout dans l’Empire.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">Mais seules deux confessions sont reconnues en 1555, l’Eglise catholique et les Eglises évangéliques membres de la Confession d’Augsbourg, c’est-à-dire les Eglises luthériennes, à l’exclusion de la Confession dite helvétique issue de Zwingli et de Calvin, ainsi que des anabaptistes et antitrinitaires fortement persécutés dans la plupart des territoires. Cela a posé un problème lorsque l’Electeur palatin a décidé d’adopter la confession réformée (calviniste) en 1563, qui n’était pas légalement reconnue. Ce n’est qu’en 1648 que la confession réformée, qui concerne une frange nord de l’Alsace actuelle (région près de Wissembourg), est juridiquement reconnue comme une troisième confession dans l’Empire.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">En cas de changement de confession du prince (en vertu de son ''jus reformandi''), les habitants sont tenus de suivre celui-ci jusqu’en 1648, mais ceux qui veulent garder l’ancienne confession ont la possibilité de partir avec leurs biens, et donc sans confiscation, pour s’installer dans un territoire où ils peuvent pratiquer leur culte (''jus emigrandi''). Parmi les exemples de changements de confession imposés à la population, le Palatinat devenu luthérien en 1556, réformé en 1563, luthérien à nouveau en 1577, de nouveau réformé en 1584. En 1648, les Traités de Westphalie fixent la géographie confessionnelle à l’état existant en 1624 : désormais, le prince ne peut plus imposer de changement, décision qui a permis au protestantisme alsacien de se maintenir face aux rois de France catholiques. Cette géographie religieuse a perduré jusqu’à la plus grande mobilité des populations aux XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles.</p>  
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Tel prince, telle confession</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Cette formule est énoncée pour la première fois en 1579 par le juriste Joachim Stephani, professeur à l’Université de Greifswald (Poméranie) qui synthétise les clauses majeures – les articles 14 et 15 – de la Paix d’Augsbourg de 1555 selon lesquelles chaque territoire, en Alsace comme dans l’ensemble de l’Empire, adopte la confession de son prince ou de sa ville libre, ce qui assure l’homogénéité confessionnelle de chaque territoire et fixe une géographie confessionnelle. Pour les villes libres de la Décapole, il y a eu quelquefois des difficultés de décision au niveau des Magistrats (Colmar, Haguenau). Pour l’Alsace, le droit de choisir sa religion et de déterminer celle de la seigneurie, est étendu à la chevalerie de la noblesse de Basse-Alsace, ce qui n’était pas le cas partout dans l’Empire.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Mais seules deux confessions sont reconnues en 1555, l’Eglise catholique et les Eglises évangéliques membres de la Confession d’Augsbourg, c’est-à-dire les Eglises luthériennes, à l’exclusion de la Confession dite helvétique issue de Zwingli et de Calvin, ainsi que des anabaptistes et antitrinitaires fortement persécutés dans la plupart des territoires. Cela a posé un problème lorsque l’Electeur palatin a décidé d’adopter la confession réformée (calviniste) en 1563, qui n’était pas légalement reconnue. Ce n’est qu’en 1648 que la confession réformée, qui concerne une frange nord de l’Alsace actuelle (région près de Wissembourg), est juridiquement reconnue comme une troisième confession dans l’Empire.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">En cas de changement de confession du prince (en vertu de son ''jus reformandi''), les habitants sont tenus de suivre celui-ci jusqu’en 1648, mais ceux qui veulent garder l’ancienne confession ont la possibilité de partir avec leurs biens, et donc sans confiscation, pour s’installer dans un territoire où ils peuvent pratiquer leur culte (''jus emigrandi''). Parmi les exemples de changements de confession imposés à la population, le Palatinat devenu luthérien en 1556, réformé en 1563, luthérien à nouveau en 1577, de nouveau réformé en 1584. En 1648, les Traités de Westphalie fixent la géographie confessionnelle à l’état existant en 1624&nbsp;: désormais, le prince ne peut plus imposer de changement, décision qui a permis au protestantisme alsacien de se maintenir face aux rois de France catholiques. Cette géographie religieuse a perduré jusqu’à la plus grande mobilité des populations aux XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles.</p>  
== <span style="font-size:x-large;">Bibliographie</span> ==
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== <span style="font-size:x-large">Bibliographie</span> ==
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify;">SMOLINSKY (Heribert) et SCHILLING (Heinz), ''Der Augsburger Religionsfrieden 1555'', Münster, 2007.</p>  
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">SMOLINSKY (Heribert) et SCHILLING (Heinz), ''Der Augsburger Religionsfrieden 1555'', Münster, 2007.</p>  
== <span style="font-size:x-large;">Notices connexes</span> ==
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== <span style="font-size:x-large">Notices connexes</span> ==
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Version du 7 octobre 2019 à 14:02

Tel prince, telle confession

Cette formule est énoncée pour la première fois en 1579 par le juriste Joachim Stephani, professeur à l’Université de Greifswald (Poméranie) qui synthétise les clauses majeures – les articles 14 et 15 – de la Paix d’Augsbourg de 1555 selon lesquelles chaque territoire, en Alsace comme dans l’ensemble de l’Empire, adopte la confession de son prince ou de sa ville libre, ce qui assure l’homogénéité confessionnelle de chaque territoire et fixe une géographie confessionnelle. Pour les villes libres de la Décapole, il y a eu quelquefois des difficultés de décision au niveau des Magistrats (Colmar, Haguenau). Pour l’Alsace, le droit de choisir sa religion et de déterminer celle de la seigneurie, est étendu à la chevalerie de la noblesse de Basse-Alsace, ce qui n’était pas le cas partout dans l’Empire.

Mais seules deux confessions sont reconnues en 1555, l’Eglise catholique et les Eglises évangéliques membres de la Confession d’Augsbourg, c’est-à-dire les Eglises luthériennes, à l’exclusion de la Confession dite helvétique issue de Zwingli et de Calvin, ainsi que des anabaptistes et antitrinitaires fortement persécutés dans la plupart des territoires. Cela a posé un problème lorsque l’Electeur palatin a décidé d’adopter la confession réformée (calviniste) en 1563, qui n’était pas légalement reconnue. Ce n’est qu’en 1648 que la confession réformée, qui concerne une frange nord de l’Alsace actuelle (région près de Wissembourg), est juridiquement reconnue comme une troisième confession dans l’Empire.

En cas de changement de confession du prince (en vertu de son jus reformandi), les habitants sont tenus de suivre celui-ci jusqu’en 1648, mais ceux qui veulent garder l’ancienne confession ont la possibilité de partir avec leurs biens, et donc sans confiscation, pour s’installer dans un territoire où ils peuvent pratiquer leur culte (jus emigrandi). Parmi les exemples de changements de confession imposés à la population, le Palatinat devenu luthérien en 1556, réformé en 1563, luthérien à nouveau en 1577, de nouveau réformé en 1584. En 1648, les Traités de Westphalie fixent la géographie confessionnelle à l’état existant en 1624 : désormais, le prince ne peut plus imposer de changement, décision qui a permis au protestantisme alsacien de se maintenir face aux rois de France catholiques. Cette géographie religieuse a perduré jusqu’à la plus grande mobilité des populations aux XIXe et XXe siècles.

Bibliographie

SMOLINSKY (Heribert) et SCHILLING (Heinz), Der Augsburger Religionsfrieden 1555, Münster, 2007.

Notices connexes

Augsbourg (confession d'-)

Calviniste

Bernard Vogler