Communion

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Communio, Kommunion

Catholiques

Selon les Consuetudines ecclesiastic(a)e argentinensis eccl(es)ie, du chantre Baldolf (XIe siècle), les chrétiens communiaient trois fois l’an à la cathédrale de Strasbourg : « Le jour de Noël, il faut deux sicles de vin pour la communion du peuple, de même le Jeudi-Saint et le dimanche de Pâques », alors qu’à Trèves et Worms, cela se faisait à Pâques, Pentecôte et Noël.

Le 4e concile de Latran ordonna en 1215 aux adultes de recevoir la communion au moins une fois l’an, aux environs de Pâques. Cette obligation était strictement surveillée : à Ensisheim, les statuts municipaux faisaient obligation de dresser au mois de mars des listes comportant les noms des croyants des deux sexes. Les peines les plus graves (excommunication, privation de sépulture religieuse) étaient fulminées contre les contrevenants.

Jusqu’au XIIIe siècle, les fidèles communiaient sous les deux espèces ; cet usage fut supprimé progressivement. Le concile de Constance l’interdit définitivement en réaction contre le mouvement hussite qui le revendiquait.

La pratique fréquente de la communion était généralement inconnue du monde laïc, qui, au mieux, la recevait aux grandes fêtes liturgiques. Il en allait autrement dans les collégiales, les hôpitaux ou les couvents ; ainsi, à Unterlinden, il est fait état de quinze communions générales annuelles au XIIIe siècle. Sous l’influence de Tauler et d’autres mystiques, la réception de la communion y devint encore plus fréquente.

Des instructions précises étaient données au clergé pour préparer les enfants à la première communion.

Bibliographie

ROHAN (Armand Gaston de), Bischöflicher Unterricht … über die Buß und Communion, Anfänglich auf Französisch und Latein heraus gegeben, nachgehends in das Teutsche übersetzt, Strasbourg, 1748.

Instructions sur les Sts sacremens de pénitence et d’eucharistie pour les jeunes personnes qu’on prépare à la première Communion…, Strasbourg, Heitz, 1787.

BARTH (Médard), « Confession et communion en Alsace au Moyen Age », RA, 95 (1956), p. 7-17.

CHATELLIER (Louis), Tradition chrétienne et renouveau catholique dans le cadre de l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris, 1981, p. 131-132.

BURG (André Marcel), « Les « consuetudines » de Baldolf (XIe siècle) », AEA, XLIV, 1985, p. 11.

Louis Schlaefli  

Protestants

La cène, en allemand Abendmahl, Nachtmahl, terme utilisé par les protestants pour désigner l’eucharistie, est l’un des deux sacrements retenus dans les Eglises protestantes. La fréquence de sa célébration a varié. A la fin de 1524, elle est encore célébrée tous les dimanches à Strasbourg, pratique qui restera en vigueur par la suite à la cathédrale, alors que dans les autres paroisses la cène devait être célébrée aux grandes fêtes et, à tour de rôle, un dimanche sur quatre ou, selon l’Ordonnance ecclésiastique de 1598, un dimanche sur deux. Ce rythme est prévu aussi à Colmar par l’Ordonnance ecclésiastique de 1637. Dans la seigneurie de Riquewihr, une Ordonnance ecclésiastique, reprise de celle du Wurtemberg de 1553, stipule qu’il faut célébrer souvent la cène dans la mesure où des personnes en expriment le souhait. Au XVIIe siècle, la fréquence des célébrations est très variable : une ou deux fois par mois chez les uns, quatre, voire six fois par an chez les autres.

A Strasbourg et en d’autres lieux comme le comté de Hanau-Lichtenberg, ou encore à Colmar, un culte de préparation a lieu la veille de la célébration de la cène, qui comporte une prédication sur la cène, une confession des péchés et une absolution. Un entretien personnel avec le pasteur est proposé en certains lieux. L’Ordonnance ecclésiastique de 1605 en usage à La Petite Pierre, prévoit qu’avant la communion, les communiants s’annoncent auprès du pasteur et soient examinés par lui. Cela était déjà prévu par l’Ordonnance ecclésiastique du Hanau-Lichtenberg de 1573. Dans ce même territoire, celle de 1659 prévoit qu’après le culte de préparation, le pasteur convoque chez lui les personnes étrangères ou indignes, pour les informer de ce qui s’opposait à leur communion.

Depuis les origines de la Réforme protestante, la communion est distribuée sous les deux espèces. Si, au début, on a pris du pain et du vin ordinaires, l’Ordonnance ecclésiastique de Strasbourg de 1598 prescrit d’utiliser « des particules rondes et sans levain ». Le vin peut être blanc ou rouge, mais il doit être de bonne qualité. L’Ordonnance ecclésiastique de Nassau de 1617, en vigueur dans le comté de Saarwerden, exige des fidèles adultes qu’ils communient au moins deux fois par an. Dans la seigneurie de Diemeringen, l’Ordonnance ecclésiastique de 1693 prescrit que toute l’assemblée doit rester présente pendant la communion.

La première communion a particulièrement retenu l’attention. Selon les époques et les lieux, l’âge varie entre 10 et 17 ans, avec une tendance à reporter la première communion à 14 ou 15 ans. Elle est toujours précédée d’une instruction catéchétique souvent intense, qui faisait l’objet d’une interrogation publique et, à certaines époques, d’une cérémonie de confirmation, comportant à la fois une confession de foi des jeunes et une bénédiction. L’Ordonnance ecclésiastique de Hanau-Lichtenberg de 1659 exige des catéchumènes désireux de communier pour la première fois d’en informer le pasteur 3 ou 4 semaines auparavant, pour être instruits et préparés avec soin. Des cultes de préparation à la première communion, avec une explication de la cène et une exhortation adressée particulièrement aux jeunes, ont lieu quelquefois plusieurs fois par an. Des livrets de préparation à la communion, comme le Abendmahl-Büchlein […] für junge Leuth der Kirchen zu Strassburg so würdiglich zum tisch des Herrn gehen wollen, leur sont remis (1552).

En principe, la cène ne devait être célébrée qu’avec une assemblée et la communion devait être donnée seulement dans le cadre d’une célébration commune. Les réformateurs firent une exception pour les malades incapables de se déplacer. Ils renoncèrent à une pratique ancienne de porter la communion avec les signes sacramentels consacrés dans la célébration de la communauté ; hostie et vin sont désormais consacrés au cours de la cérémonie chez le malade. Une célébration de la cène sous une forme simplifiée avec une assistance réduite fut mise en place, aussi bien à Strasbourg que dans les divers territoires protestants. Les pasteurs ne devaient pas s’en abstenir, précise l’Ordonnance ecclésiastique de Riquewihr de 1560. Celle de La Petite Pierre de 1605 la recommande aussi, malgré les voix contraires. Celle du Hanau-Lichtenberg (1659) demande que la famille et les voisins y assistent, « même s’ils ne reçoivent pas la cène, qu’ils aident à prier et qu’ils soient sensibilisés à leur détresse à venir ».

Bibliographie

ADAM (Johann),Evangelische Kirchengeschichte der Elsässischen Territorien bis zur Französischen Revolution, Strasbourg, 1928.

BORNERT (René), « La Réforme Protestante du Culte à Strasbourg au XVIe siècle (1523-1598) », Approche sociologique et interprétation théologique, Leyden, 1981.

LIENHARD (Marc), « Catéchèse, confirmation, première communion chez les luthériens d’Alsace du XVIe au XXe siècle », Positions Luthériennes, 34, 1986, p. 299-322.

LIENHARD (Marc), « La première communion chez les luthériens d’Alsace du XVIe au XXe siècle », DELUMEAU (Jean) (dir.), La première communion. Quatre siècles d’histoire, Paris, 1987, p. 255-277.

Marc Lienhard

Notices connexes

Kirchenordnungen

Liturgie catholique

Liturgies protestantes en Alsace