Commandant

De DHIALSACE
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Officier militaire qui commande en chef. Il est chargé du commandement des troupes dans une province, dans une place ou dans des quartiers.

Les gouverneurs des provinces s’étant largement compromis pendant la Fronde, le Roi confie à partir de 1662 le commandement des troupes dans les provinces à des « commandants en chef ». Il ne supprime cependant pas le titre de « gouverneur », qui est conféré à des généraux prestigieux, mais absentéistes, soit qu’ils exercent des fonctions politiques à Versailles, soit qu’ils résident dans leurs terres. Ils sont parfois interdits de résidence dans leurs gouvernements, comme cela a été le cas pour le duc Mazarin, tout au long de son long gouvernement. Par contre, il y a assez d’unions personnelles des titres et fonctions pour que s’impose l’expression « gouverneurs et commandants », employée par Guillaume Lasconjérias, qui estime peu opérante l’opposition entre les fonctions de gouverneurs et de commandants. Le texte de la commission de commandant en chef du comte de Bourg (1716) décrit les fonctions qui lui sont confiées. Le commandant est commis « en l’absence du gouverneur et lieutenant général de notre province d’Alsace, [pour] commander en chef dans toute l’étendue d’icelle, tant aux habitants qu’aux gens de guerre, de cheval et pied, françois et étrangers, qui y sont et y seront cy-après dans les places-fortes et plat pays dud. gouvernement, faire vivre lesd. habitants en bonne union et concorde les uns avec les autres et lesd. gens de guerre en bon ordre, police et discipline, suivant nos règlements et ordonnances militaires, faire sévèrement châtier ceux qui oseront y contrevenir, veiller à la garde et sureté de nos villes, citadelles, châteaux et places fortes de l’étendue dud. gouvernement… » (Lasconjarias, p. 351-352 ).

L’ampleur de cette mission pourrait provoquer des conflits avec l’intendant, dont les compétences s’étendent de la police au fonctionnement de l’appareil judiciaire et à l’administration fiscale, qui a des responsabilités militaires en cas de guerre. Les rapports entre commandants et intendants sont en fait déterminés par la personnalité des uns et des autres. Belle-Isle, commandant des Evêchés à Metz, considère le peu influent intendant Creil comme son subordonné, mais comme commandant de la Lorraine ducale à Nancy sous Stanislas (1737), se heurte à Chaumont de la Galaizière, chancelier du duc de Lorraine, pourtant « Intendant des armées françaises en Lorraine » et lui signifie durement : « Il est certain que pour le militaire j’ai la même autorité que vous l’avés sur les peuples » (Laconjérias, p. 147).

La fonction de « commandant en chef en Alsace » a été étudiée par F. Cauvet de Nerval, puis par G. Foessel et B. Ludes, sous la direction du général Richard. Ils ont établi la prosopographie dont nous donnons un tableau résumé. On y voit d’Huxelles, puis du Bourg, passer des fonctions de commandant à celles de gouverneur, qu’ils cumulent, tout comme Coigny, qui a été gouverneur avant d’être commandant. Contades est commandant pendant 26 ans, alors que le duc d’Aiguillon est gouverneur et commandant en chef en Bretagne (1753-1768), puis secrétaire d’Etat à la guerre, puis aux Affaires étrangères (1771-1774) et ne réside à aucun moment en Alsace.

Représentants du roi dans les provinces, les gouverneurs et commandants donnent le ton à la société de leur capitale. C’est particulièrement le cas dans les villes frontières, à Strasbourg et à Metz, où ils sont fastueusement reçus. Et ils vont contribuer à animer la sociabilité d’une société urbaine où brille la population militaire, comme le montre Simone Herry dans « Strasbourg au tournant du grand siècle ». Les gouverneurs logent à l’hôtel de Durlach quai Saint-Nicolas, qui prendra le nom d’Hôtel du Dragon. Mais le maréchal du Bourg se fait construire un nouvel hôtel du commandant, rue de la Nuée Bleue (l’hôtel de Mansfeld). C’est également lui qui fait construire la Comédie, à proximité des remparts, place du Marché-aux-chevaux. Elle fermera la promenade que la ville y fait aménager, à laquelle on donne le nom du maréchal de Broglie (1743), à l’arrière des hôtels que construisent les princes et nobles du « Faubourg » de Strasbourg, la rue Brûlée, ou encore le « Contades » promenade plantée sur le glacis, à proximité de la maison de campagne du marquis de Contades, où ses hôtes dégustent le foie gras mis en honneur par le chef du maréchal. Le maréchal d’Huxelles fait aménager la future allée de la Robertsau qui va déboucher sur le parc construit sous l’Empire, où l’architecte de la ville Boudhors édifie l’Orangerie pour y recueillir les orangers du comte de Hanau Lichtenberg et y loger l’impératrice Joséphine qui préfère prendre ses quartiers au Palais de Rohan.

L’ordonnance Saint-Germain de 1776 crée des divisions militaires, regroupées en commandements. Le commandement d’Alsace devait remplacer le gouvernement d’Alsace. Mais c’est l’ordonnance de 1788 qui procède à la réorganisation effective en divisant le territoire en 20 divisions commandées par des lieutenants généraux aux ordres des commandants en chefs des provinces. Le décret de la Constituante du 20 février 1791 supprime tous les gouvernements de provinces et de places et adapte la carte militaire à la nouvelle carte administrative. La France est partagée en 21 divisions militaires.

L’Alsace constitue la 5e division militaire, aux ordres d’un commandant de la Division Militaire, dont les troupes font partie de l’armée du Rhin et relèvent d’un commandant en chef de l’armée du Rhin.

 

Gouverneurs

 

Commandants en chef Gouverneurs militaires de Strasbourg

Duc d'Harcourt (1648-1659)

 

   

Duc Mazarin (1661-1713)

Non résident

Baron de Monclar (1675-1690)

Résident

Marquis de Chamilly (1681-1715)

Marquis d'Huxelles (1713-1730)

Non résident

Marquis d'Huxelles (1690-1713)

Résident

Comte Du Bourg (1707-1734)

Du Bourg (1730-1739)

Résident

Du Bourg (1713-1739)

Résident

D'Asfeld (1734-1743)

Duc de Coigny (1739-1759)

Résident à partir de 1743

François duc de Broglie (1739-1743)

Non résident à partir de 1741

Duc de Broglie (1743-1745)
 

Duc de Coigny (1743-1759)

Résident

Balincourt (1745-1770)

Maréchal de Maillebois (1759-1762)

Non résident

Victor duc de Broglie (1759-1762)

Non résident

 

Duc d'Aiguillon (1762-1788)

Non résident

Marquis de Contades (1762-1788)

Résident

 

Stainville-Choiseul (1788-1789)

Résident

Stainville-Choiseul (1788-1789) Stainville-Choiseul (1788-1789)

Marquis de Rochambeau

Résident

Marquis de Rochambeau   

Source : Strasbourg et ses gouverneurs militaires de 1681 à 2001, sous la direction du Général Alain Richard ; avec la collaboration de Georges Foessel, Jean-Paul Bailliard, Louis Ludes et al. (Manuscrit, BNUS)

Bibliographie

CORVISIER (André), DELMAS (Jean), BLANCHARD (Anne), Histoire militaire de la France 1715-1871, Paris, 1992.

CAUVET DE NERVAL (Françoise), Recherches sur les gouverneurs militaires de Strasbourg, DES, 1967.

HERRY (Simone), Strasbourg au tournant du Grand Siècle, Strasbourg, 1996.

RICHARD (Général Alain) (dir.), avec la collaboration de FOESSEL (Georges), BAILLIARD (Jean-Paul), LUDES (Louis), Strasbourg et ses gouverneurs militaires de 1681 à 2001, Manuscrit déposé à la BNUS.

LASCONJARIAS (Guillaume), Un air de majesté, gouverneurs et commandants dans l’Est de la France au XVIIIe siècle, Paris, 2010.

Notices connexes

Citadelle

Commissaire_des_guerres

Division militaire

Gendarmerie

Gouverneur (militaire)

Hôpitaux militaires

Krieg guerre (époque moderne)

François Igersheim