Colombage

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Fachwerck

Du latin columna (colonne). Il serait plus approprié de parler de pans de bois apparents, puisque les maisons dites « à colombage » se composent :

- d’un pan horizontal (sablières basses et d’étage)

- de pans verticaux (ossature des murs extérieurs et des parois intérieures), qui sont remplis avec un hourdissage (palançons, briques ou galets), lui-même recouvert de torchis (mélange d’argile, de paille et d’eau) et d’un crépi à base de chaux.

L’utilisation de pans de bois pour l’habitat dérive directement de la construction de huttes dans l’Antiquité. Elle est en tout cas attestée depuis le Haut Moyen-Age.

 

En Alsace, la maison à pans de bois apparents a toujours coexisté avec des constructions en pierre. Elle présente, par rapport à ces dernières, un certain nombre d’avantages :

- existence de vastes forêts (Vosges, Hardt, Ried, forêt de Haguenau) et abondance de chênes (pour les façades sur rue et sculptées) et d’épicéas (pour les parties moins nobles) ;

- moindre coût du matériau et de son transport ;

- facilité de son montage, effectué par le maître charpentier (seul maître d’oeuvre), le client assurant le remplissage des murs en torchis ;

- possibilité de démontage/remontage (de nombreux déplacements de maisons sont connus en Alsace, comme le restaurant Buerehiesel à l’Orangerie de Strasbourg, démontée à Molsheim pour l’exposition industrielle, à la fin du XIXe siècle). La maison à pans de bois était d’ailleurs inscrite dans les inventaires notariés comme bien mobilier et non comme immeuble.

 

La maison alsacienne à pans de bois apparents, qui s’apparente au style alémanique, est à la fois une et diverse. Son unité tient :

- au plan-type utilisé pour la disposition de l’habitation (perpendiculaire à la rue) et à la répartition intérieure des pièces ;

- à la forte pente des toits imposée par l’emploi de tuiles plates en pose simple, sans recouvrement latéral, ce qui rend indispensable le recours à des échandoles (Schindel) pour assurer l’étanchéité et de coyaux (cassure du bas de pente, pour chasser l’eau de pluie, en l’absence de gouttières) ;

- au système de chauffage, (poêle dans la Stub alimenté depuis la cuisinière, surmontée d’une hotte et d’un fumoir) ;

- à l’utilisation de certains motifs de décor intégrés à la structure (losanges, croix de saint André, chaises curules…) ou rajoutés (sculptures, gravures, inscriptions peintes…).

 

Elle se diversifie cependant d’une sous-région à l’autre par :

- la disposition des bâtiments agricoles (maisons monobloc ou, au contraire, dépendances disposées en fer à cheval autour de la cour) ;

- la présence ou non d’un portail avec son portillon et sa porte charretière ;

- un recours plus ou moins important à des éléments en pierre (clôture, soubassements…) ;

- certains types de décor (p. ex. inscriptions sur sablière haute dans le Sundgau, portes cochère cintrées dans le vignoble, portillons avec encadrement en grès dans le Kochersberg, auvents dans le Ried et en Outre-Forêt).

La technique de construction de la maison alsacienne à pans de bois a beaucoup varié au cours des siècles. Au début du Moyen Age et jusqu’au XVIe siècle, l’on utilisait la technique dite des bois longs (pièces de bois d’un seul tenant, allant du sol au toit). Ce système présentait cependant de gros inconvénients (plus grande fragilité, difficulté d’érection dans les rues étroites des centres-villes, pourrissement de la panne sablière posée à même le sol). Il fut remplacé par la technique dite des bois courts (éléments verticaux s’arrêtant à chaque étage) et des encorbellements (de corbel, corbeau), où chaque niveau est en léger surplomb par rapport au niveau inférieur, permettant d’ériger au coeur des villes, des maisons à trois, voire quatre niveaux, tout en assurant un gain de place au niveau des étages et la protection des façades contre la pluie. Cette technique présentait un grand risque en matière de propagation des incendies et fut interdite dans certaines régions ou villes (XVIsiècle en Normandie, XVIIe à Paris).

C’est à partir de la fin du XVIIe siècle et surtout au XVIIIe siècle que la maison alsacienne à pans de bois a trouvé sa structure définitive, marquée par un recours systématique à la triangulation des éléments, pour assurer à l’ensemble une plus grande rigidité (depuis le séisme qui a détruit en partie la ville de Bâle en 1356, la maison à pans de bois est connue pour sa résistance aux tremblements de terre), et la recherche de symétrie dans la disposition des diverses pièces du poutrage.

 

Bibliographie

DENIS (Marie-Noël), GROSHENS (Marie-Claude), Alsace, Architecture rurale en France, 1978.

GARDNER (Antoine), GRODWOHL (Marc), La maison paysanne du Sundgau, 1979.

FISCHER (T.), GRODWOHL (Marc), RUCH (Maurice) et la Société d’histoire du Val de Villé, notice « Architecture rurale », Encyclopédie de l’Alsace, t. 1, 1982.

KLEIN (Georges), Arts et traditions populaires d’Alsace, 1973.

RUCH (Maurice), La maison alsacienne à colombage, 1977.

RUCH (Maurice),La maison traditionnelle d’Alsace, 1982.

Notices connexes

Charpentier

Haus (habitat rural)

Maurice Ruch