Clergé monastique ou régulier

De DHIALSACE
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Communauté de clercs vivant sous une règle monastique ou religieuse. Cette vie communautaire et cette observance d’une règle distinguent le clergé régulier du clergé séculier, dont les membres vivent dans « le siècle » ou dans « le monde », sous l’autorité directe d’un évêque diocésain.

Dans les premiers siècles de l’histoire de l’Église, le monachisme et le sacerdoce ont souvent entretenu des relations conflictuelles, au point de s’exclure réciproquement, car les deux états représentaient des voies différentes de vivre religieusement selon l’Évangile. Puis, au cours des siècles, un rapprochement s’est produit. Le monachisme s’est cléricalisé : des moines de plus en plus nombreux accédaient au sacerdoce. Inversement, du moins dans l’Église catholique d’Occident, le clergé s’est de plus en plus « monachisé » : les prêtres diocésains, s’ils n’étaient pas strictement astreints aux vœux de célibat, d’obéissance et de pauvreté, virent progressivement s’imposer d’abord le célibat, puis l’obéissance à l’évêque et, plus récemment, une certaine pauvreté de vie.

Il y a lieu de distinguer les moines ou les religieux, ordonnés prêtres, d’une part, et les clercs réguliers, d’autre part. La différence porte sur la priorité accordée, soit à la vie religieuse sur la vie sacerdotale, soit, inversement, à la vie sacerdotale sur la vie religieuse.

1. Moines ou religieux ordonnés prêtres

Les premiers moines du désert égyptien, notamment saint Antoine (vers 251-356) et saint Pacôme (vers 287-346) ont établi une incompatibilité et une opposition réciproques entre l’état clérical et la vie monastique. Pour eux, le sacerdoce implique une démarche du prêtre vers les fidèles dans le monde ; au contraire, la retraite monastique, ou l’anachorèse, exige une fuite du monde. Dans sa Règle, saint Benoît de Nursie (vers 490-vers 560) cherche un difficile équilibre et un compromis instable entre l’autorité charismatique de l’abbé, pas nécessairement ordonné prêtre, et la présidence sacramentelle et eucharistique des prêtres de la communauté : il pouvait s’agir de prêtres admis et entrés comme tels dans le monastère ou de moines laïcs de la communauté promus à la prêtrise.

Dans l’Église d’Orient, le monachisme a conservé sa vocation originelle d’une recherche de la perfection évangélique, en limitant aux stricts besoins de la communauté le nombre d’admission de moines à la cléricature et à l’ordination sacerdotale. Dans l’Église d’Occident, au contraire, la multiplication des messes privées, en échange des donations faites au monastère par des fidèles, entraîna l’accès de moines de plus en plus nombreux au sacrement de l’ordre presbytéral et l’érection de plus en plus de chapelles et d’autels latéraux dans l’église du monastère. Les moines–prêtres, assurant l’office choral et les tâches nobles de la copie des manuscrits, finirent par former, à eux seuls, les membres du chapitre. Les frères convers ou les frères lais (laïcs) en étaient exclus pour vaquer aux tâches matérielles. Saint François d’Assise, resté laïc, ne voulut pas que les frères mineurs accèdent au sacerdoce, pour rester humbles et pauvres. Il n’a pas pu empêcher la cléricalisation de l’ordre des franciscains, pour des raisons de pastorale et de prédication. Les frères prêcheurs, fondés par le chanoine Dominique de Guzman, ont formé un ordre de clercs dès leur origine. Les groupements de prêtres qui ont surgi au XVIe et au XVIIe siècles pour diffuser l’esprit du concile de Trente empruntèrent beaucoup d’éléments à la spiritualité et à l’ascèse des grands ordres anciens et médiévaux, mais sans se lier aux contraintes des vœux et de la clôture de la vie monastique ancienne. Il s’opéra ainsi un glissement vers les clercs réguliers et plus tard vers les sociétés de prêtres séculiers.

2. Clercs réguliers

Communautés de prêtres qui, tout en émettant des vœux publics de célibat, d’obéissance, de pauvreté et en vivant sous une règle religieuse sous l’autorité directe d’un supérieur religieux – et de façon indirecte seulement de l’évêque diocésain –, accordent la priorité à la spiritualité sacerdotale et au ministère pastoral. Des divers ordres de clercs réguliers, tous fondés au XVIe et au XVIIe siècles (théatins, barnabites, somasques, jésuites, camilliens, clercs de la Mère de Dieu, piaristes, rédemptoristes), seuls les jésuites et les rédemptoristes au XIXe siècle ont été présents en Alsace.

Les clercs réguliers sont à distinguer des sociétés de prêtres séculiers (marianistes, maristes, oratoriens, pallotins, sulpiciens, missions étrangères de Paris), dont les membres n’émettent pas de vœux publics et, par conséquent, n’ont pas le statut canonique de religieux.

Bibliographie

En général : GERHARDS (Agnès), Dictionnaire historique des Ordres religieux, Paris, 1998.

Pour les établissements du clergé régulier en Alsace, les listes dressées par Philippe-André GRANDIDIER, bien qu’elles méritent un examen critique sérieux, éditées par Auguste Marie Pierre INGOLD dans les Nouvelles œuvres inédites de GRANDIDIER, t. 3 et 4, Colmar, 1899, rendent encore d’utiles services.

Sur les couvents de franciscains, cf. Alemania franciscana antiqua, t. 11 (Provincia Argentinensis), Graz, 1964.

Sur les résidences et collèges des jésuites, cf. Pierre DELATTRE (éd.), Les établissements des jésuites en France depuis quatre siècles. Répertoire topo-bibliographique, 5 vol., Enghien-Wetteren, 1949-1957.

René Bornert