Citadelle

De DHIALSACE
Aller à : navigation, rechercher

Zitadelle

Forteresse contrôlant l’accès d’une ville, de l’italien cittadella, petite cité.

La citadelle correspond à un ensemble fortifié comprenant des constructions à usage militaire. Elle se distingue des places-fortes comme Huningue ou Neuf-Brisach. Construite à proximité immédiate d’une ville, la citadelle en assure la protection et la surveillance. Elle sert d’arsenal, de casernement et de retranchement.

A la fin du XVIIe siècle, Louis XIV confie à Vauban la protection de la province récemment conquise, par la construction d’une ligne d’ouvrages défensifs sur la frontière. Des citadelles sont aménagées à Strasbourg, Belfort, Fort-Louis et, provisoirement, à Saverne.

Vauban, commissaire général des fortifications depuis 1678, est chargé de redessiner les fortifications de Strasbourg, ville annexée en 1681, qui avait permis le passage des Impériaux sur la rive gauche du Rhin. La citadelle fait partie d’un ensemble fortifié comprenant la ville dans ses remparts, le fort de Kehl et des redoutes de l’île des Epis sur le Rhin. Le chantier est dirigé par Jacques Tarade, ingénieur en chef du roi à Strasbourg, puis directeur des places d’Alsace de 1692 à 1712. Plus de deux mille hommes dirigés par l’entrepreneur Nicolas Gamache travaillent à l’édification de la citadelle à partir de 1681.

Vauban décide de bâtir entre la ville et le Rhin, une puissante citadelle. Elle est rattachée à la ville par deux longues courtines qui délimitent de vastes terrains pouvant servir d’esplanade militaire. La citadelle affecte la forme d’un pentagone régulier armé de cinq bastions, trois dirigés vers le Rhin et deux vers la cité. Elle doit protéger la ville de Strasbourg, couvrir le pont sur le Rhin, soutenir la tête de pont de Kehl et contrôler les communications terrestres et la navigation sur le Rhin. Après la perte de Kehl en 1697, la citadelle devient un puissant avant-poste français, appuyé à l’est et au sud, sur le Petit Rhin. Elle constitue une véritable ville militaire, avec les hôtels du gouverneur et du commandant, des casernes et des équipements collectifs comme des magasins, fours ou moulins. Cette impressionnante fortification subsiste jusqu’aux bombardements de 1870.

En 1686, Vauban est chargé de dresser les plans d’une fortification au nord de Strasbourg. Tarade propose le site de Giesenheim avec trois îles sur le Rhin. Vauban dessine un chef-d’œuvre de fortification de marais en bord de fleuve qui prend le nom de Fort-Louis. Sur l’île centrale, s’élève une citadelle en forme de polygone avec quatre bastions. Dans la partie méridionale de l’île, se développe un village de maisons en bois, séparé du fort par une esplanade et faisant face à deux têtes de pont sur la rive droite du Rhin. Fort-Louis abrite une garnison permanente logée dans dix-sept corps de casernes situés autour d’une petite place d’armes. A la suite du Traité de Ryswick en 1697, la France doit renoncer aux têtes de pont. Assiégée à plusieurs reprises au XVIIIe siècle, la place forte de Fort-Louis est démantelée par les Impériaux en 1793, perdant ainsi tout rôle militaire.

Le sud de la province est protégé par la place forte de Belfort. Vauban transforme le château médiéval surplombant la cité en citadelle avec un puissant ouvrage à angles saillants tourné vers le plateau de plain-pied. La citadelle forme un des côtés du pentagone régulier que constitue l’enceinte urbaine.

Dans sa Description de la province d’Alsace, l’intendant Jacques de La Grange évoque aussi, au début du XVIIIe siècle, une citadelle à Saverne, au débouché du col qui relie l’Alsace à la Lorraine. Philippe Xavier Horrer précise, à la fin du XVIIIe siècle, que cette citadelle a été bâtie en 1704, mais elle fut par la suite abandonnée et même démolie. Les matériaux furent employés à la construction d’un nouvel hôpital de Saverne.

Sources - Bibliographie

Archives du Service historique des Armées (Vincennes) : A 1 correspondance ministérielle ; N° 986 : fortifications, garnison et caserne de Belfort (1690) ; N° 1382 : fortifications, garnison et caserne de Fort-Louis (1692-1696) ; N° 1468 : fortifications, garnison et caserne de Strasbourg (1700) ; N° 1502 : plan des prisons de la citadelle de Strasbourg (1701) ABR C 276 (18) château de Belfort ; ABR C 363-369 ; 533 ; 535-536 fortifications de Belfort.

HERBELIN (Louis), « Les forteresses, lignes de défense et cours d’eau de l’Alsace au XVIIIe siècle », RA, n° 65, 1914, p. 10-25, 98-118, 270-287.

ZELLER (Gaston), L’organisation défensive des frontières du Nord et de l’Est au XVIIe siècle, Paris, 1928, 132 p.

Notices connexes

Fortification

Place Forte

Philippe Jéhin