Caserne

De DHIALSACE
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Kaserne

Bâtiment destiné au logement des troupes, de l’espagnol cazerna, du latin quaterna, logement pour quatre guetteurs sur les remparts. La caserne est le bâtiment où logent les troupes en temps de paix, et où elles sont soumises aux règlements de place du temps de paix.

Province frontière, l’Alsace accueille depuis le XVIIe siècle de nombreuses troupes aux effectifs très variables. Les armées sont maintenues sur place pour les quartiers d’hiver ou pendant les trêves. A la fin de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, en 1696-1697, ou au début du XVIIIe siècle, plus de cinq mille soldats séjournent à Strasbourg pour une population de 32 000 personnes.

Si quelques hommes sont installés dans des réduits des fortifications, le logement des gens de guerre incombe principalement aux populations civiles qui doivent fournir l’ustensile (lit, chauffage, éclairage, instruments de cuisine). Il s’agit d’une lourde charge redoutée par les habitants qui cherchent à en être exemptés. Les abus et les exactions exaspèrent les civils. Ce système entretient le ressentiment de la population à l’égard de l’armée. Les autorités militaires déplorent les manquements à la discipline et surtout les difficultés lors des rassemblements des soldats dispersés dans la ville, en cas d’alerte. Dans certaines villes, les autorités civiles prennent l’initiative d’aménager à leurs frais des bâtiments délaissés (granges, hangars…) pour éviter le logement des hommes chez les particuliers.

A partir du XVIIe siècle et de la réorganisation de l’administration militaire par Louvois, le logement des troupes est réorganisé dans des bâtiments spécifiques consacrés à l’installation fixe et permanente des troupes en campagne ou sédentaires. La charge incombe généralement aux villes qui veulent échapper à la contrainte du logement des soldats chez l’habitant. Ainsi, l’article 9 de la capitulation de Strasbourg en 1681 prévoit : « il sera permis à la ville de faire bâtir des casernes pour y loger les troupes qui y seront en garnison ». Une première caserne est construite à Strasbourg en 1682, pour loger les troupes du roi, à l’emplacement de l’actuel Hôtel du département du Bas-Rhin. Elle est complètement remaniée en 1739 et détruite en 1788 avec l’ensemble du quartier, pour céder la place à la caserne des Ponts Couverts. D’autres casernes sont édifiées par la suite : le quartier de Saverne achevé en 1711 pour 504 cavaliers, celui des Juifs pour 420 hommes, celui de Saint-Nicolas pour 153 soldats et 16 officiers. Après 1720, le maréchal d’Asfeld donne une nouvelle impulsion aux constructions. En 1782, il y a 18 corps de casernes, mais le logement chez l’habitant reste encore pratiqué à Strasbourg. Ce n’est qu’en 1785 que l’État prend à sa charge une partie des frais d’entretien des casernes. La caserne Barbade, édifiée entre 1788 et 1792, remplace des bâtiments plus anciens construits en 1682. Elle constitue un bâtiment imposant avec six niveaux de casernement pour la troupe. Il atteint 24 m de hauteur sur 40 m de long et 11 m en largeur, son emprise au sol s’étend sur 1400 m².

Les casernes strasbourgeoises adoptent le plan-type mis au point par Vauban, puis par les ingénieurs du roi. Un couloir central spacieux évitant l’engorgement en cas d’alerte, dessert quatre chambres indépendantes par niveau. Chaque chambre est prévue pour loger douze hommes. Elle dispose d’une cheminée qui sert de moyen de chauffage et de cuisine. Ce plan de base reste en vigueur jusque sous le règne de Louis-Philippe.

 

Sources - Bibliographie

Archives du Service historique des Armées (Vincennes) : A 1 correspondance ministérielle ; N° 667 : garnison de Strasbourg (1679-1681) ; N° 794 : casernes à Strasbourg et à Fort-Louis (1682-1687). AHR 2 R 37 enquête sur les ressources qu’offre le département sous le rapport du casernement et du cantonnement des troupes (1802-1854).

SCHWIEN (Jean-Jacques), « La caserne Barbade de Strasbourg », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, 1987, n° 806, p. 87-91.

DALLEMAGNE (François), Les casernes françaises, Paris, 1990.

BAUD (Georges), « Le logement des soldats : les casernes », Annuaire de la Société d’histoire de Huningue-Village-Neuf, 2005, n° 50, p. 17-24.

 

Notices connexes

Garnison

Gendarmerie

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Infanterie

Maréchaussée

Philippe Jéhin