Calviniste

De DHIALSACE
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Calvinist, Réformé

Adepte, consécutivement à la Réforme religieuse du XVIe siècle, du système théologique fondé partiellement sur la pensée et les écrits de Jean Calvin (1509-1564), à partir de 1536, année de la première édition, en latin, de son Institution de la religion chrétienne. Chassé de Genève en 1538, il fut alors appelé à Strasbourg par Martin Bucer, le principal réformateur de la ville, pour « dresser » en paroisse la communauté des réfugiés francophones arrivant depuis 1524, avant de retourner définitivement à Genève en 1541. Elle passe pour la plus ancienne paroisse de type calviniste au monde.

Avant Calvin pourtant, Mulhouse avait déjà, à l’exemple de ses alliées Zurich et Bâle, entamé dès 1523 l’introduction progressive du courant évangélique zurichois, initié par Ulrich Zwingli († 1531), tout en maintenant une influence bucérienne. En 1566 seulement, le Magistrat de Mulhouse adopta, avec tous les cantons suisses réformés, la seconde Confession de foi helvétique (Confessio helvetica posterior), rédigée par Heinrich Bullinger (1504-1575), disciple et successeur de Zwingli. Malgré l’accord de ralliement conclu entre Bullinger et Calvin en 1549 à Zurich (Consensus Tigurinus), le protestantisme réformé alsacien fut désigné par la dénomination « helvétique » jusque sous le Premier Empire.

Au XVIe siècle, l’influence de Calvin reste prépondérante dans les paroisses de réfugiés de langue française : celle de Strasbourg, jusqu’à sa fermeture en 1563, et celle de Sainte-Marie-aux-Mines. Les autres communautés se réclamant de l’héritage de Calvin, Zwingli et Bullinger, se trouvent, pour la Haute-Alsace, à Mulhouse et Illzach, à Sainte- Marie-aux-Mines (paroisse de langue allemande) et, pour la Basse-Alsace, à Bischwiller (paroisses allemande et française, ouverte en 1621 pour les réfugiés), dans le bailliage de Cleebourg, en Alsace Bossue à Diedendorf et les autres villages dits welches, également terres de refuge depuis le milieu du XVIe siècle. Après la guerre de Trente Ans, l’afflux d’immigrés suisses des cantons réformés renforce ces communautés et provoque même la création de nouveaux lieux de culte dans les seigneuries protestantes, sur la base de la situation confessionnelle de droit ou de fait existant pendant l’année 1624 choisie comme référence par les traités de Westphalie (art. 27 du traité de Munster et art. 5, section 31, du traité d’Osnabruck) : Cosswiller (seigneurs Haidel d’Erlenbourg), Daubensand (seigneurs de Rathsamhausen) et, l’année même de la révocation de l’édit de Nantes par l’édit de Fontainebleau en 1685, Rosenwiller-lès-Dettwiller (comtes de Rosen). Avant la réunion de Strasbourg au royaume, les calvinistes de Strasbourg obtiennent en 1655 l’ouverture d’un temple au village de Wolfisheim appartenant aux comtes de Hanau-Lichtenberg. Par contre, les immigrés réformés ne sont pas autorisés à se fixer en territoire catholique, malgré la protection de leur seigneur (arrêts du Conseil souverain d’Alsace du 10.2.1751). Bien que l’édit de Fontainebleau ne soit pas applicable en Alsace, il est de fait appliqué en 1686 en Alsace Bossue, « réunie » au royaume, jusqu’au traité de Ryswick en 1697, période pendant laquelle les calvinistes de la contrée ont été convertis de force. Le roi étend en Alsace, à partir de 1680, les mesures coercitives prises dans le royaume dès 1662 en vue d’obtenir des conversions, violant ainsi les clauses du traité de Westphalie de 1648 (De Boug, I et II ; Strohl, p. 188-190). Contrairement à l’idée généralement répandue de nos jours, aucun réformé fuyant le royaume de France à la suite de la révocation n’a été autorisé à se fixer en Alsace. Seule Mulhouse a pu en accueillir une poignée, n’étant pas sujette du roi très chrétien. C’est l’origine de l’actuelle paroisse Saint-Jean de cette ville.

Les calvinistes de Strasbourg, craignant la fermeture de leur temple de Wolfisheim en raison de son inexistence en 1624, obtiennent de Louvois son maintien en 1685. Mais Louvois exige de « ceux de la RPR » (religion prétendue réformée, selon la terminologie royale) la suppression des cultes en français et interdit même aux pasteurs de savoir la langue du royaume, de peur que les quelques militaires opiniâtres de la garnison locale n’assistent aux prêches et résistent davantage aux pressions visant à leur abjuration. Par la suite, le gouvernement royal se montre plus tolérant que le clergé de la province. Ainsi, en 1762, Choiseul intervient auprès de l’évêché de Strasbourg pour empêcher les réformés isolés de passer sous l’autorité spirituelle et pressante du curé de leur village, mais les oblige à s’adresser non plus au pasteur luthérien, mais à ce curé pour les actes pastoraux, sans toutefois pouvoir être inquiétés dans leurs convictions (Strohl, p. 194).

La proclamation de l’édit de tolérance en 1787 rend sa légitimité au culte réformé et permet notamment aux calvinistes de Strasbourg de construire en ville un temple rue du Bouclier, en abandonnant celui de Wolfisheim, pourvu qu’il soit bâti en retrait de la rue, qu’il n’ait pas l’aspect extérieur d’une église mais celui d’une maison, et soit privé de clocher. A peine achevé, le Club des Jacobins le fait réquisitionner en 1792 pour ses séances.

De leur côté, les réformés d’Oberseebach et de Schleithal ont dû lutter sans relâche de 1697 (traité de Ryswick) à 1780 pour obtenir enfin du roi l’application du traité de Westphalie leur reconnaissant le libre exercice du culte dans un oratoire, mais qui ne ressemblât pas non plus à une église.

Sous la Révolution, le sort des réformés ne s’est pas distingué de celui des luthériens, bénéficiant désormais comme eux des droits civiques. Les Articles organiques accordés en 1802 par le Consulat aux
protestants de France suppriment la paroisse comme base administrative et la remplacent par une circonscription consistoriale de 6 000 membres. A la différence de l’Église de la Confession d’Augsbourg (luthérienne), les consistoires réformés ainsi constitués (Bergzabern, supprimé en 1814 et remplacé par Bischwiller, Strasbourg, Sainte-Marie-aux-Mines et Mulhouse) sont indépendants les uns des autres, sans lien organique entre eux (Strohl, p. 315).

 

Sources - Bibliographie

De BOUG, Recueil des Edits, Déclarations... du Conseil d’Etat et du Conseil Souverain d’Alsace... , Colmar, 1775, I, p. 95-96, 105, 125, 130 ; II, p. 21-23.

Encyclopédie du protestantisme, 1ère éd., Paris-Genève, 1995, p. 173.

STROHL (Henri), Le protestantisme en Alsace, Strasbourg, 1950, 2e éd., 2000.

 

Notices connexes

Abjuration

Articles_organiques

Baptême

Consistoire

Mariage

Sépulture

Simultaneum

Christian Wolff