Blauer Montag

De DHIALSACE
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Guter, fauler ou freier Montag

Par Blauer Montag, littéralement le lundi bleu, était désigné un lundi chômé. À l’origine, seul le lundi précédant le mercredi des cendres (Aschermittwoch), c’est-à-dire de la semaine de Carnaval, était dénommé Blauer Montag. Il tirait son nom de la couleur, bleu ou violet, des ornements liturgiques en usage durant le Carême.

Le Blauer Montag remonte au XIIIe siècle et s’inscrit dans la revendication par les compagnons des métiers d’un raccourcissement de la durée hebdomadaire de travail, de six à cinq jours, à salaire égal. Compagnons et ouvriers préconisaient au Moyen Âge était généralement consacré aux jeux, aux bains et autres divertissements populaires.

Cette revendication, face à une forte opposition des maîtres et des corporations, n’aboutit que partiellement. Selon les corps de métiers, l’absentéisme du lundi, à condition qu’il ne fût pas régulier, était toléré, mais donna généralement lieu à déduction de salaire parfois augmentée d’une amende. Au début du XVIe siècle, leBlauer Montag apparaît néanmoins comme un acquis social sans pour autant s’être généralisé à tous les corps de métiers. Quelques exemples strasbourgeois illustrent la diversité des situations. Chez les drapiers (Tucher) et les tisserands (Weber), la journée du lundi était réduite de moitié. Dans la corporation des tailleurs (Schneider), l’amende pour absence pouvait représenter jusqu’à un tiers du salaire hebdomadaire, alors que le règlement des tailleurs de pierre précisait qu’aucun compagnon ne devait bénéficier des avantages liés au blauer Montag (1563).

Par la suite, l’expression Blauer Montag a été étendue à tout lundi chômé. Par extension, l’épithète Blau, employée comme substantif, désigne n’importe quel jour de la semaine durant lequel on restait à l’écart de toute activité professionnelle (einen Blaueen [Tag] machen).

D’aucuns prétendent que, de nos jours, la fermeture de certains commerces les lundis, trouve son origine dans le Blauer Montag.

 

Bibliographie

SCHERTZ (Joannes Georg), Glossarium germanicum medii aevi, Strasbourg, 1781-1784, col. 163‑164.

GRIMM (Jacob und Wilhelm), Deutsches Wörterbuch, Leipzig, 1886-1895, Bd. 12, col. 2514, sous Montag.

LEFFTZ (Joseph), « Zur Geschichte des blauen Montags im Elsass », in :Elsassland, 1938, t. XVIII, p. 67.

GROTEFEND (Hermann), Taschenbuch der Zeitrechnung, 12. Aufl., Hanover, 1982, p. 38.

 

Jean-Marie Holderbach