Bettelvogt

De DHIALSACE
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Chasse-coquins, chasse-mendiants

La traduction française de ce mot est très réductrice, car elle ne fait référence qu’à l’une de ses fonctions, chasser les mendiants et les indésirables. La réalité est beaucoup plus complexe. Le règlement desbettelvögte de Rouffach – ils sont deux en 1606 – nous apprend qu’ils sont également chargés de fermer les portes de l’hôpital le soir, de veiller à ce que personne ne puisse y entrer ou en sortir, et à ce que les mendiants n’y passent pas plus d’une ou deux nuits. Ils sont également responsables du mobilier et de la literie de l’hôpital. Ils sont aussi tenus de quêter deux fois par semaine, et de distribuer équitablement aux pauvres l’argent et la nourriture ainsi obtenus. Ils jouent également le rôle de fossoyeurs (AM Rouffach GG 59).

À Saverne, les deux bettelvögte sont choisis parmi les pauvres et portent la livrée de la ville. Ils doivent dénoncer les (autres) pauvres qui « se conduisent mal », afin qu’on leur retire l’insigne (Zeichen) qui leur donne droit à des distributions. Ces deux exemples montrent que le terme de bettelvogt recouvre des réalités différentes selon le lieu. Cette fonction évolue également dans le temps. À Rouffach, au XVIIIe siècle, il n’y a plus qu’un seul bettelvogt, qui est tenu de quêter trois jours par semaine et qui n’est plus fossoyeur (AM Rouffach AA 11, Urbaire p. 284‑285).

Le terme de bettelvogt semble inconnu au Moyen Âge alors qu’il existait déjà une organisation de la mendicité à Strasbourg. À cette époque, le responsable est nommé obervogt. Il a sous ses ordres deux knechten. Il existe également un personnage nommé der armen lüte vogt. Il n’apparaît qu’à l’époque moderne : à Strasbourg, le bettelvogt est mentionné à partir de 1537 (AMS MR 3 f° 259).

Sources - Bibliographie

FISCHER (Dagobert), Geschichte der Stadt Zabern, Saverne, 1874, p. 214.

WINCKELMANN (Otto), Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg vor und nach der Reformation bis zum Ausgang des 16. Jhs., Leipzig, 1922, Urkundenteil, p. 83‑88.

VOLTMER (Rita), « Die Straßburger Betrügnisse und das Verzeichnis der mutwillig[en] betler », in : Das wichtigste ist der Mensch, Festchrift für Klaus Gerteis (Trierer Historische Forschungen 41), Mainz, 2000, p. 501‑532.

Communication de M. Michel (AM de Rouffach).

Notices connexes

Mendiant

Mendicité

Vagabondage

Elisabeth Clementz