Berain

ernuwerung, renovatio, renouvellement

État des parcelles appartenant à un même propriétaire dans un ban donné, avec leur superficie, leur situation (lieu-dit), leurs confronts et les redevances dont elles sont grevées.

Ce terme est courant en Haute-Alsace, alors qu’en Basse‑Alsace un tel document porte généralement le nom d’Erneuerung. Les plus anciens Beraine remontent au XIV^e ou au XV^e siècle, les plus récents sont de la veille de la Révolution ; au XIX^e siècle, le cadastre les rend superflus.

Le renouvellement est effectué à l’initiative du propriétaire (ou de son Schaffner), qui s’adresse aux autorités municipales (Gericht) pour qu’elles convoquent les habitants les plus âgés ou connaissant le mieux le ban, ainsi que le(s) tenancier(s) des biens à renouveler et, souvent, le Schultheiß et les jurés du village. Tous doivent prêter serment de déclarer toutes les propriétés de l’impétrant dont ils ont connaissance. Malgré cette précaution, il n’est pas rare que des parcelles mentionnées dans le Berain précédent ne soient pas retrouvées (wart nit gefunden), les voisins n’étant plus les mêmes et les lieux-dits eux-mêmes étant susceptibles de changer. C’est surtout le cas lorsqu’il s’est écoulé trop de temps entre un renouvellement et le suivant. Pour empêcher l’oubli de faire son oeuvre, il faudrait renouveler les biens à chaque génération, mais comme l’opération est laborieuse et entraîne des frais, on la remet souvent à plus tard ; il n’est pas rare qu’un corps de biens ne soit pas renouvelé pendant deux siècles.

Après la Guerre de Trente Ans, l’habitude se prend de renouveler les bans tout entiers (Generalbannerneuerung, mal traduite par terrier). Chaque propriétaire peut en obtenir, contre paiement, un extrait recensant ses parcelles, qui porte également le nom de Berain ou Erneuerung. Mais les Beraine les plus intéressants sont les plus anciens, car, malgré leur caractère très lacunaire, ils font entrevoir la situation d’un village médiéval : les confronts renseignent sur la part des propriétaires locaux et forains (nobles, bourgeois, institutions religieuses et charitables), les lieux-dits sur la vie agraire et sur des équipements tels que carrières, tuileries, léproseries, fortifications, etc.