Bateau-lavoir

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Britsche, Pritsche, Waschbrücke, Waschpritsch, Waschschiff

Bateau ou ponton aménagé pour y laver le linge. Amarré à la berge, ou à des pilots plantés dans le cours d’eau, il ne se déplace qu’exceptionnellement. Son emplacement lui est attribué par décision administrative. Du point de vue technique, le bateau-lavoir est avant tout un bateau à fond plat et à bordage réduit afin de permettre un accès facile à l’eau. Cependant, dans les sources anciennes, Pritsche peut également désigner des lavoirs sur pilotis (Pfähle) implantés sur le cours d’eau (Allmend). Ceux-ci présentent un plancher mobile, suspendu à des chaînes s’enroulant sur deux tambours de treuil (Wendelbaum), réglable en fonction du niveau de l’eau (un exemplaire de ce type – du XIXe siècle – existe encore à Oberdorf-Spachbach). Il n’est pas toujours possible de distinguer clairement ces deux installations désignées sous le même vocable.

À Strasbourg, les plus anciennes mentions de bateaux-lavoirs remontent à 1427. Du fait qu’ils étaient propriété de la Ville, leur utilisation était gratuite. En 1670, suite à des hautes eaux, qui ont endommagé presque tous les bateaux-lavoirs de la ville, leur remise en état occasionna d’importantes dépenses, ce qui amena la Ville à instaurer une taxe (Pritschen Geld) de 2 d par jour pour tout usager. Elle créa aussi la fonction de préposé aux lavoirs (Pritschen Knechte) ; deux personnes étaient chargées de la surveillance des bateaux-lavoirs et de la collecte de la taxe.

En 1716, les lavoirs de la ville (gemeine Stadt Wasch Pritschen) sont pourvus d’un toit, et la rétribution augmentée à 4 d par jour et 2 d par demi-journée et par place (Waschstuhl). Vers le milieu du XVIIIe siècle, la Ville gérait une trentaine de bateaux-lavoirs, amarrés dans l’Ill et probablement sur quelques fossés : eine Waschpritsche an dem Graben des Kronenburger Thors (1662). Les autorités veillaient scrupuleusement au choix de l’emplacement des bateaux-lavoirs. Ils ne devaient pas gêner la navigation et le courant devait être suffisamment fort pour disperser en aval les eaux savonneuses, mais aussi les matières fécales déversées dans la rivière en amont par les latrines (Sprochhäuser). Il se posait donc un problème d’hygiène publique. Certaines institutions strasbourgeoises exploitaient des bateaux-lavoirs qui leur étaient assignés, comme ceux du Findlingshaùs (Enfants trouvés), près du pont Saint-Martin, ou du Grand hôpital, amarré sur la rive droite de l’Ill, en amont du pont Saint-Nicolas.
À partir de 1807, lorsque les cours d’eau navigables et flottables furent réunis au domaine public, la Ville de Strasbourg garda cependant ses anciens droits de propriété sur ses bateaux-lavoirs.

En 1831 on comptait à Strasbourg 84 bateaux-lavoirs, publics et privés, pour environ 50 000 habitants. Vers la fin du XIXe siècle les bateaux-lavoirs sont généralement pourvus d’un réduit pour le stockage des produits et ustensiles de lavage ainsi que d’une chaudière pour la production d’eau chaude. Le déclin des bateaux-lavoirs strasbourgeois fut assez rapide. Si, en 1925, on en comptait encore une centaine, le dernier, celui du quai Finckwiller, disparut en 1957.

Sources - Bibliographie

AMS VI 695/8 ; VII 1431.

KRIEGER (J.), Topographie der Stadt Strassburg nach ärztlich-hygienischen Gesichtspunkten bearbeitet, II. Aufl., Straßburg, 1889, p. 231.

SCHMIDT (Charles), Historisches Wörterbuch der elsässischen Mundart, Strassburg, 1901, p. 54.

DESCOMBES (René), L’eau dans la ville, des métiers et des hommes, Strasbourg, 1995, p. 271‑277.

Notices connexes

Eau

Lavoir

Latrines

Pfahl

Pritsche

Sprochhaus

Jean-Marie Holderbach