Baptêmes, registre de (catholiques)

De DHIALSACE
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Liber baptismalis, Taufregister

Les registres paroissiaux catholiques sont le plus souvent tenus en latin ; ils furent imposés par le Concile de Trente en 1563, mais ne furent introduits que progressivement, bien plus tard que dans les paroisses protestantes. Les plus anciens conservés en Alsace datent de la seconde moitié du XVIe siècle : Saverne (1555), Hombourg (1562), Hirtzbach et Rouffach (1580), Molsheim (1588), Kertzfeld et Dangolsheim (1594), Ebersheim (1595), Dambach-la-Ville (1596).

Une ordonnance de l’évêque Jean de Manderscheid, datée de 1586, sur la tenue des registres paroissiaux est insérée dans le registre de baptêmes d’Ebersmunster (3 E 115/1), mais, dans la plupart des paroisses, l’introduction ne se fera qu’au cours du XVIIe siècle. Néanmoins, dans l’Agenda de 1670, il est tout naturellement stipulé que, pour un baptême, le curé doit préparer le rituel « item liber baptismalis », comme s’il existait déjà partout. Au rituel de 1742 est annexé un décret relatif aux registres paroissiaux.

Dès 1595, le « Sacerdotale Basiliense » impose à tous les curés du diocèse de Bâle de tenir un tel registre. L’introduction y sera également freinée par les péripéties de la Guerre de Trente Ans.

Une « Déclaration du roi » sur la tenue des paroissiaux, datée de 1685, est insérée dans le registre de baptêmes de Saint-Pierre, commencé la même année (3 E 429/1).

L’Ordonnance royale d’avril 1667 avait exigé la rédaction annuelle en deux exemplaires dont le second serait porté « au Greffe du Siège royal », mais il ne semble pas qu’elle ait été appliquée dans toute sa rigueur puisqu’elle a dû être rappelée en 1736. Fut-elle jamais appliquée ? En effet, à l’initiative d’Armand Gaston de Rohan, des doubles furent rédigés et envoyés aux archiprêtres des chapitres ruraux de 1743 à 1787. La déclaration royale de 1787 étendit à toute l’Alsace l’obligation du double. Une circulaire ministérielle de 1817 ordonna le transfert de ces doubles aux greffes des tribunaux. Ceux qui ont fini par se trouver au Tribunal de Strasbourg ont disparu dans l’incendie de 1870 ; on en conserve une liste dressée en 1842.

Les originaux, normalement conservés dans les paroisses, n’ont pas tous survécu ; certains ont disparu pour des raisons diverses (guerre, incendie, incurie…). Beaucoup se trouvent aux Archives départementales du Bas‑Rhin et du Haut‑Rhin, pour des raisons diverses, entre autres à la suite de la directive prise par Mgr Weber en 1966 d’inciter à leur dépôt.

Certains registres sauvegardés comportent d’importantes lacunes du fait de la négligence des curés, comme à Biltzheim, où le curé n’a enregistré aucun baptême entre 1667 et 1699 ; il en va de même à Thann (1609-1665) et à Saint-Amarin (1746‑1791).

D’autres lacunes ponctuelles seraient imputables aux parents ou à la sage-femme qui n’auraient pas remis au curé le billet (scheda, Zedel) comportant les noms des parents, de l’enfant, du parrain et de la marraine. Cette coutume, qui n’a été observée qu’au XVIIe siècle dans des paroisses des diocèses de Bâle, Strasbourg et Constance, était peut-être liée au versement d’un casuel, ce qui expliquerait le manque d’empressement des parents ; elle était en outre inappropriée en un siècle où la plupart des gens ne savaient pas écrire.

À l’époque de la Révolution, les registres paroissiaux furent généralement continués par les curés constitutionnels, mais certains paroissiens répugnaient à recourir à leurs services. Les uns s’adressèrent aux autorités municipales, dont certaines (Strasbourg, Molsheim) enregistrèrent des naissances avant même l’instauration de l’État civil laïc ; d’autres firent baptiser leurs enfants par des insermentés, qui les notèrent dans des cahiers ou sur des feuilles volantes, comme, par exemple, l’abbé Le Roux qui oeuvrait en cachette, notamment dans les alentours de Strasbourg.

Après la Révolution, certains curés continuèrent à utiliser les anciens registres ou en ouvrirent de nouveaux ; un double doit, depuis lors, en être fourni à l’Évêché.

Bénédictions d’autels ou de cloches, abjurations, élections de sages-femmes… y sont parfois consignées.

Sources - Bibliographie

Satuta et decreta Synodi dioecesanae Argentoratensis, Moguntiae, 1566.

Sacerdotale Basiliensis… Iacobi Christophori episcopi Basiliensi iussu … editum, Porrentruy, 1595, p. 30.

Agenda ecclesiae Argentinensis, per… Franciscum Egonem episcopum Argentinensem … evulgata, Molsheim, 1670, p. 14.

Rituale Argentinense autoritate … Armandi Gastonis Cardinalis de Rohan… editum, Strasbourg, 1742.

De BOUG, Recueil des Edits, Déclarations... du Conseil d’Etat et du Conseil Souverain d’Alsace... , Colmar, 1775. I, p. 365. Arrêt de Règlement concernant les registres de baptêmes, mariages & sépulture (3 juillet 1706).

De BOUG, Ibidem, II, p. 137-143. Déclaration qui règle la forme des registres de Baptêmes, Morts, Mariages, Vêtures & Professions religieuses, & des extraits qu’on en délivrera (9 avril 1736).

De BOUG, Ibidem, II, p. 155 Arrêt portant Règlement provisionnel pour l’exécution de l’Ordonnance du Roi du 9 avril dernier, concernant les Registres de Baptêmes & autres.

STEHLE (André), « Un registre baptismal du XVIe siècle », in : ASHAME, 1968, p. 77-82.

WOLFF Christian, Répertoire numérique des sous-sériées 3 E et 2 E. Registres paroissiaux et registres des chapitres ruraux (XVIe siècle - 1792), Strasbourg, 1980, I, p. I-IV ; III, p. 507‑510.

KAMMERER (Louis), « Registres paroissiaux de quelques paroisses catholiques et de leurs annexes ou filiales », in : Bulletin du Cercle Généalogique d’Alsace, 1980, n° 52, p. 175-180.

BERNARDIN (Edith), Strasbourg et l’institution de l’État civil laïc au début de la Révolution française, Strasbourg, s.d.

SCHLAEFLI (Louis), « Des actes d’état-civil avant l’heure à Molsheim (juillet-août 1792) », in : Annuaire SHAME, 1991, p. 63‑69.

KAMMERER (Louis), « La « scheda » exigée pour le baptême cause de lacunes dans les registres paroissiaux au XVIIe siècle », in : AEA, XLVII (1988), 96-100.

SCHLAEFLI (Louis), « François-Germain Le Roux, prêtre réfractaire à l’oeuvre à Strasbourg pendant la Révolution », in : AEA, LII (1995-1997), p. 256‑279.

Louis Schlaefli