Bannprozession

De DHIALSACE
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Flurprozession, Bittgang, Bittgangprozession, procession des Rogations

Cérémonie religieuse, avec procession, prières et bénédictions, pour obtenir la fertilité des champs et la préservation des récoltes.

L’origine des Rogations n’est pas clairement établie. Folkloristes et ethnographes les considèrent généralement comme l’une des plus anciennes cérémonies agraires d’Europe qui pourraient remonter à l’Antiquité. Elles seraient la survivance christianisée des Ambarvalia ou des Robigalia romaines, des processions lustrales en l’honneur de la déesse Cérès pour favoriser les récoltes et contenir les fureurs du dieu Mars. Elles avaient lieu le sixième jour avant les calendes de mai (26 avril). Les Rogations, du latin Rogationes, « humbles demandes et prières », ont été officiellement instituées en 470 ap. J.C. par saint Mamert, évêque de Vienne (Dauphiné). Il établit une procession solennelle de pénitence, les trois jours qui précédaient la fête de l’Ascension, à la suite de calamités naturelles qui s’étaient abattues sur la vallée du Rhône. Au Concile des Gaules de 511, cet usage fut élargi à l’ensemble du Royaume des Francs. En 816, le pape Léon III l’adopta pour Rome, puis, peu de temps après, l’étendit à toute la chrétienté. La diffusion de ces pratiques a dû être favorisée par la préexistence de cérémonies printanières, avec processions ou chevauchées, auxquelles elles se sont substituées. En Alsace, d’anciennes coutumes mentionnent des courses de chevaux et des circumambulations autour du finage (Bannritt), auxquelles se sont mêlées progressivement des pratiques religieuses.

Les cérémonies des Rogations sont essentiellement de tradition catholique. Elles se déroulaient pendant les trois jours précédant le jeudi de l’Ascension (Kreuzwoche). Après la messe du matin, prêtre et fidèles parcouraient en procession le finage ou en faisaient le tour, avec des arrêts où étaient lues les Évangiles. Ces endroits étaient parfois marqués par des croix (Evangelienkreuze, Prozessionskreuze, Bannendkritzel). La répartition des cérémonies sur trois jours a été interprétée comme la volonté d’appeler la protection divine sur trois des principaux produits de la terre : les céréales, les foins, et, le troisième jour, des cultures plus locales comme la vigne ou les légumes.

Les rites évoluant, les processions ont été réduites aux chemins les plus importants qui sillonnent le finage, puis on s’est contenté de se rendre en quelques endroits remarquables du ban (limite, point de vue…), si ce n’est d’une simple déambulation autour de l’église. De même les trois processions primitives ont parfois été réduites à une seule. Quelques variantes dans les usages ont aussi été constatées. Au lieu d’un circuit dans les champs, certaines processions allaient à la rencontre de celles des paroisses voisines, ou, à charge de revanche, jusqu’à l’église paroissiale de l’une ou l’autre des localités les plus proches. Elles pouvaient alors revêtir le caractère d’un pèlerinage.

Une importance certaine était accordée à ces cérémonies dans une société dont l’économie reposait pour l’essentiel sur la production agricole. C’est probablement une des causes de leur large enracinement populaire et, mais moins fréquemment, de leur solennité qui explique qu’on les a parfois érigées en fête du ban (Bannfeiertag). Par leur organisation et par la participation assidue de la population, les Rogations étaient aussi une manifestation de la cohésion de la communauté d’habitants.

Bibliographie

CABROL (Fernand), LECLERCQ (Henri), MARROU (Henri) dir., Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, vol. 12, Paris, 1910.

KOLLNIG (Karl Rudolf), Elsässische Weistümer, Frankfurt-am-Main, 1941, p. 140‑144.

GENNEP (Arnold van –), Manuel de folklore français contemporain, t. 1, IV : Cérémonies périodiques cycliques. Cycle de mai - La Saint-Jean, Paris, 1949, p. 1637-1648.

LEFFTZ (Joseph), Elsässische Dorfbilder, 2e éd., Woerth, 1960, p. 148.

CHÂTELLIER (Louis), Tradition chrétienne et renouveau catholique dans l’ancien diocèse de Strasbourg (1650-1770), Paris, 1981, p. 133‑134, 463.

BOEHLER (Jean-Michel),Une société rurale en milieu rhénan : la paysannerie de la plaine d’Alsace (1648-1789), 3 t., Strasbourg, 1994, t. II, p. 1 148 et 1 926‑27.

Notice connexe

Bannritt

Jean-Marie Holderbach