Banc reposoir

De DHIALSACE
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Ruhebank, Rüejbankel (als.)

Équipement de la voirie publique (fin XVIIIe - milieu XIXe siècle), destiné au voyageur à pied ou à cheval, pour y faire une pause. Le banc en constituait le mobilier de base, auquel étaient parfois associés un support permettant la dépose et la reprise aisée des charges transportées sur la tête ou à dos d’homme, et, mais moins fréquemment, des montoirs.

En Alsace, les plus anciens bancs reposoirs en pierre remontent pour la plupart au XVIIIe siècle. En milieu urbain, ils se présentent généralement sous la forme d’un banc traditionnel, avec dossier et accoudoirs ouvragés. Quelques-uns portent une date comme ceux de Wasselonne (rue du Puits - 1727) ou de Westhoffen (rue Birris - 1710). Hors agglomération, et de la même époque, seul est conservé un banc de forme particulière. Une dalle de grès posée sur trois supports cannelés précède un fût de section rectangulaire destiné à recevoir un fardeau (entrée de Molsheim - CD 422).

Sous le Premier Empire, le préfet du Bas‑Rhin, Adrien de Lezay-Marnésia, invita les maires à ériger des bancs reposoirs le long des routes du département, à l’occasion du baptême du Roi de Rome (né à Paris, le 20 mars 1811 ; baptisé le 6 juin), d’où leur dénomination de « Bancs du Roi de Rome ». Seuls une vingtaine d’exemplaires sont encore conservés. Ils présentent des architectures variées, allant du banc en pierre traditionnel, aux lignes courbes (Nordhouse, Erstein), à des architectures variées, plus originales (Wiwersheim) qui souvent préfigurent déjà le modèle popularisé sous le Second Empire (Brumath, Dorlisheim, Goersdorf, Hunspach). Ils sont parfois décorés de cannelures (Ottwiller, Rothbach), de petits chapiteaux (Roeschwoog, Surbourg) ou de motifs géométriques (Munchausen, Ottwiller).

La directive préfectorale préconisait que « d’une demi-lieue en demi-lieue un reposoir en pierre soit établi (…) ; derrière ces bancs seront plantés quatre à cinq arbres pour former ombrage (…) ». Bien que la construction de ces bancs fût à la charge des communes, celles-ci répondirent dans l’ensemble assez favorablement. Pour le seul arrondissement de Strasbourg, 125 bancs-reposoirs étaient déjà édifiés au 30 janvier 1812. Une initiative analogue semble avoir été prise dans le Haut‑Rhin par le préfet Desportes, mais avec nettement moins de succès que dans le Bas‑Rhin, ainsi que dans les régions de Landau et de Kehl qui dépendaient alors de la France.

Assez tardivement, en décembre 1812, Lezay-Marnésia proposa aux maires des modèles de bancs-reposoirs. C’est probablement pour cette raison que les bancs du Roi de Rome présentent une certaine diversité dans leur architecture, alors que les éléments du décor, quand ils sont présents, rappellent encore le XVIIIe siècle (cannelures, montants terminés par des chapiteaux…). Un modèle assez simple à deux montants et deux linteaux, semble cependant s’imposer dans le nord du Bas‑Rhin. Sans doute était-il inspiré par un type de banc-reposoir en usage dans le Palatinat, à Pirmasens, ou dans la région de Stuttgart, autour de Nürtingen, Esslingen, Vaihingen, etc. Bien que quelques bancs de cette époque portent le millésime 1811, la plupart d’entre eux sont dépourvus de toute indication chronologique.

En 1853, en souvenir du mariage d’Eugénie de Montijo avec l’empereur des Français, Napoléon III, le préfet du Bas‑Rhin, César West, décida de l’installation d’une nouvelle série de bancs-reposoirs, les « Bancs de l’impératrice Eugénie ». Contrairement à l’opération de Lezay-Marnésia le département prit à sa charge l’achat et la taille des pierres, l’aménagement des emplacements et la plantation des arbres. Il restait à la charge des communes la mise à disposition des emplacements, le transport et le montage des bancs ainsi que la fourniture de l’environnement végétal. Ce partage des frais est certainement à l’origine du succès que connut la directive préfectorale avec l’érection des 448 bancs constatée dès juillet 1854.

Cette deuxième série de bancs présente une architecture simplifiée, dépourvue de toute ornementation : deux montants et deux linteaux, celui du bas pour s’assoir et celui du haut pour déposer les charges. Généralement le linteau supérieur porte dans un cartouche le millésime 1854 ; quelques exceptions ont été constatées portant des dates comprises entre 1855 et 1865. Comme pour les bancs du Roi de Rome, le Haut‑Rhin semble avoir été nettement en retrait pour l’installation de ces bancs. Le banc de Geisswasser, situé sur la digue des hautes eaux du Rhin, est un des rares exemplaires conservés dans ce département.

Une trentaine de bancs reposoirs alsaciens sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Sources - Bibliographie

CARRÉ DE MALBERG (Raymond), « Les bancs du Roi de Rome », in : La Vie en Alsace, 1938, p. 166‑168.

BONNEL (Yves), Monuments de légende. Les petits monuments napoléoniens en Alsace, 3 t., Strasbourg, 1986.

TOURSEL-HARSTER (Dominique), BECK (Jean-Pierre), BRONNER (Guy), Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, 1995, p. 22, 23, 58, 71, 130, 137, 138, 139, 199, 215, 217, 224, 241, 281, 283, 321, 354, 384, 393, 409, 422, 590, 607, 624, 626, 654, 655.

KAPFF (Dieter), WOLF (Reinhard), Steinkreuze, Grenzsteine, Wegweiser… Kleindenkmale in Baden-Württemberg, Stuttgart, 2000, p. 89‑93.

Notices connexes

Chaussée

Ponts et chaussées

Route

Voirie

Jean-Marie Holderbach