Ban de la Roche

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Ban de la Roche (Comté du) - Steintal

Le Ban de la Roche, dans la haute vallée de la Bruche, est un territoire composé de huit villages (Rothau, Wildersbach, Neuviller-la-Roche, Solbach, Waldersbach, Fouday, Belmont et Bellefosse) et d’un petit château en ruine (le château de la Roche).

Originalité institutionnelle

Le fief relève au Moyen Âge de l’Empire, c’est un Reichslehen, acquis, selon l’hypothèse la plus probable, par la famille de Rathsamhausen zum Stein (de la Roche) sans doute auprès des chevaliers d’Andlau dans la seconde moitié du XIIIe siècle.

Les premiers possesseurs connus sont les chevaliers Rudolf et Hartmann von Racenhusen, cités en 1284 lors du règlement d’un différend avec les nobles d’Andlau au sujet d’un bien situé sur le Champ du Feu.

Le territoire, acquis par les comtes de Veldenz en 1584, fait l’objet de reprises de fief accordées par l’empereur jusqu’en 1681, date à laquelle il passe sous le régime du roi de France.

Après le décès de Dorothée de Veldenz en 1723, épouse du duc Samuel de Deux-Ponts (Zweibrücken), l’intendant d’Alsace, Nicolas Prosper Bauyn d’Angervilliers, conseiller du roi Louis XV, prend possession du territoire. Cette procédure annexionniste provoque immédiatement un procès par lequel le duc Samuel de Deux-Ponts évoque le caractère héréditaire de la succession du fief, acquis à titre onéreux, en sa faveur. Les archives sont mises sous scellé à l’Hôtel Veldenz, Zum Bergherrenhof, propriété des comtes de Linange, au faubourg de Pierre à Strasbourg. Le procès ne sera jamais jugé.

La seigneurie échoit ensuite en 1758 à Antoine-René de Voyer d’Argenson, marquis de Paulmy, avant d’être érigée en 1762 en son honneur en « comté » et d’être vendue en 1771 au baron Jean de Dietrich, futur Stettmeister de Strasbourg.

À la Révolution Française, quelques communes nouvellement créées, dont Rothau (qui devient chef lieu de canton), Neuviller, Wildersbach et Waldersbach, provoquent le 21 mars 1795 leur détachement du département du Bas‑Rhin en faveur de celui des Vosges. Elles retourneront à l’Alsace en 1871, alors que Bellefosse et Belmont seront rattachées au canton de Villé en 1828.

Le siège de l’autorité

Autour de 1570 est construit à Rothau, par Jean Frédéric de Rathsamhausen zum Stein, un hôtel nobiliaire plus confortable, un Schloss et non plus une Burg, où réside son représentant permanent, le Vogt (bailli).

Justice locale et seigneuriale

Au XVIe siècle, la justice locale se réunit au Dinghof de Waldersbach. Elle rassemble les dix Geschworne (échevins) représentant les villages du Ban de la Roche, avec Saint-Blaise et Blancherupt, formant le tribunal (Gericht zu Walterspach), présidé par le Schultheiss.

Le meyger de Saint-Blaise se rendait à l’audience à cheval muni de son bâton, le Stab, vêtu moitié de rouge, moitié de blanc.

Vers 1580, lorsqu’une personne soupçonnée de crime était appréhendée, la coutume était de la livrer au seigneur qui l’incarcérait au château de Girbaden. Si son crime était reconnu, le malfaiteur était ramené au Ban de la Roche et exécuté sur le lieu de justice situé au centre de la seigneurie, au Col de la Perheux.

Lors des procès de sorcellerie initiés par la haute justice, Malefitzgericht, de 1620 à 1622 à Rothau, chef-lieu de la seigneurie, la présence du pasteur était estimée nécessaire auprès des juristes envoyés par le comte de Veldenz. La taxe imposée sur les condamnés équivalait à 10 % de l’ensemble de leur bien estimé.

Au XVIIIe siècle, les membres de la justice locale étaient appelés justiciers ou encore jurés en 1755.

La Réforme

Le comte Georges Jean de Veldenz introduit la religion luthérienne au Ban de la Roche dès son acquisition en 1584. Les premiers pasteurs étant originaires du nord de l’Alsace (en 1593), l’unique paroisse du Ban de la Roche (Parochia rottawiensis) est rattachée au consistoire de La Petite Pierre (Lützelstein). Mais elle est ensuite annexée à celui du comté de Montbéliard, alors possession wurtembergeoise, pour des questions essentiellement linguistiques – le pays s’exprimant en dialecte lorrain. Les règlements ecclésiastiques et la liturgie en usage jusqu’en 1724 au Ban de la Roche sont ceux appliqués à Montbéliard, mais les inspecteurs ecclésiastiques sont des fonctionnaires au service du comte. Après 1724, les paroisses de Rothau et de Waldersbach relèvent du consistoire luthérien de Saint-Thomas de Strasbourg, ce qui explique que le Strasbourgeois Jean-Frédéric Oberlin en ait été nommé pasteur.

Des mesures de Contre-Réforme sont introduites dès 1724 par Nicolas Prosper Bauyn d’Angervilliers avec la création à Rothau d’une paroisse royale ayant à sa tête un missionnaire jésuite (ouverture du simultaneum).

Les industries de métallurgie et de tissage

L’existence d’activités minières et sidérurgiques est attestée dès le Moyen Âge près de Rothau. Le développement d’un haut niveau technologique est atteint vers 1600 par la diversification des ateliers. On y exploite les minerais de fer, accessoirement de plomb et d’argent et un atelier monétaire est installé à Rothau autour de 1591. Les forges sont détruites en 1633 lors de la Guerre de Trente Ans.

Les travaux ne reprennent sérieusement qu’après 1724 et retrouvent une certaine prospérité sous la direction du baron de Dietrich après 1771, avant de cesser définitivement toute activité en 1827.

J.-G. Reber de Sainte-Marie-aux-Mines installe une filature de coton sous la forme d’un artisanat rural à domicile. À Rothau fonctionne dès 1806 une petite filature de coton et de tissage créée par Jonathan Widemann. Jean-Luc Le Grand (1754‑1836), ancien président du Directoire de la République Suisse, appelé par le pasteur Jean‑Frédéric Oberlin, édifie en 1813 une rubanerie et une filature de soie à Fouday.

Sources - Bibliographie

ABR, séries E 641-642 ; 3B 325. AC d’Obernai, série FF 26.

LEYPOLD (Denis), Le Ban de la Roche au temps des seigneurs de Rathsamhausen et de Veldenz, 1489‑1633, Strasbourg, 1989.

LEYPOLD (Denis), « Historique de l’ancien territoire du Ban de la Roche », in : Jean Frédéric Oberlin au Ban de la Roche, Musée Oberlin de Waldersbach, 1991, p. 11‑25.

LEYPOLD (Denis), Mines et métallurgie du fer dans les Vosges, la vallée de la Bruche de l’Antiquité au XIXe siècle, Strasbourg, 1996, 529 p.

SCHNEIDER (Malou), Jean Frédéric Oberlin, in : NDBA, 2 872‑2 875.

Notices connexes

Dinghof

Gericht

Geschworner

Malefitzgericht

Reichslehen

Stettmeister

Vogt

Denis Leypold