Büchse

De DHIALSACE
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Bühse, Lade

1. En général, caisse d’une institution (ville, tribunal, école, corporation, confrérie).

2. Caisse des corporations et institutions liées.

La caisse (parfois traduite de l’allemand en français par boîte) était l’un des éléments du patrimoine des corporations, des poêles, des confréries de métier et autres confréries, des associations régionales regroupant les membres d’un métier (chaudronniers, potiers…). La caisse était alimentée par le montant des adhésions et des cotisations, par les amendes dues par les membres pour infractions aux articles des règlements et par les dons et legs. Ses fonds servaient à financer les buts respectifs de ces instances. De bois (il en subsiste ça et là dans les musées), elle était munie d’une serrure avec une ou plusieurs clés. Elle pouvait contenir aussi les documents importants (liste des membres, registre des amendes…). Elle était gérée par le responsable, soit le trésorier, Büchsenmeister, qui, parfois, se confondait avec le maître (ou président) de l’organisation concernée (Büchsenmeister signifie aussi canonnier, celui qui fond les canons, fabrique la poudre et tire le canon). Les questions relatives à la gestion de la caisse et aux obligations des trésoriers étaient réglées avec un luxe de détails dans les statuts et règlements.

L’examen des questions financières des confréries et associations de compagnons de métier, consignées dans les statuts et règlements du XVe siècle, agréées par les autorités municipales ou corporatives, révèle des informations qui permettent de cerner la méfiance dont faisait l’objet le trésorier qui, tout d’abord, n’avait pas le droit de jouer (le jeu étant une activité très prisée). Élu ou désigné, il ne pouvait refuser cette charge sous peine d’amende, exigible en argent (habituellement 5 schillings) ou en poids de cire (habituellement un quart ou une livre), parfois en vin. La durée du mandat était habituellement de trois mois (parfois de 6 mois ou de 4 semaines).

La plupart de ces confréries et associations ne disposaient pas d’un seul trésorier, mais de deux, trois ou même quatre, l’un conservant la caisse, l’autre (ou les autres) les clés. De nombreuses confréries possédaient deux caisses, une « petite » et une « grande ». La « petite » caisse était destinée à recevoir les fonds courants qui étaient reversés dans la « grande » à intervalles réguliers ; elle faisait l’objet d’une reddition de comptes tous les quinze jours, trois semaines, trois ou six mois ou une fois par an, parfois en présence d’un maître, d’un ancien trésorier ou du secrétaire, ou encore de tous les membres. Fréquemment, le trésorier devait s’occuper de la « petite » et confier la « grande » à un maître de la corporation, qui pouvait ainsi s’assurer qu’aucune malversation n’était intervenue au cours de l’exercice, et vérifier que les fonds étaient exclusivement affectés aux objectifs des confréries. Un trésorier ne pouvait rien entreprendre sans l’assentiment du second trésorier (ou des autres), sous peine d’amende. Lorsqu’une confrérie et une association étaient jointes dans la même instance, chacune d’elle possédait une caisse distincte.

Le trésorier était chargé de collecter le montant des adhésions et des cotisations – parfois en se rendant au domicile des membres –, la levée étant habituellement trimestrielle, à savoir aux Quatre-Temps, et de réclamer les amendes dues pour infraction au règlement. Si un compagnon refusait de payer une amende, le trésorier pouvait saisir les biens de ce dernier chez son maître, le faire mettre en prison et le poursuivre devant la justice. Il devait exiger le montant des dons et des offrandes obligatoires aux compagnons absents aux offices religieux et le remettre au clergé. Il avait la possibilité d’autoriser l’absence d’un compagnon à une messe ou une procession (ce qui démontre l’obligation d’assiduité des compagnons à ces célébrations) ou encore autoriser un compagnon à quitter une messe avant la fin (quitter une messe avant sa fin sans autorisation était puni par une amende). Si un compagnon refusait de payer sa cotisation ou toute autre dette, le trésorier était chargé de le « rayer de la liste », autrement dit de l’exclure, sanction grave. Le trésorier devait réclamer les dettes de jeu aux perdants. En cas de maladie ou de mauvaise passe financière d’un confrère, le trésorier remettait les prêts d’argent contre gage, avec l’assentiment de tous, et se devait d’en réclamer le remboursement ou de vendre le gage en cas d’incapacité du débiteur d’honorer sa dette. Lorsque la confrérie avait passé un contrat avec un ordre religieux ou le clergé d’une paroisse (par exemple concernant une fondation de messe) ou un hôpital (relative à une rente de prise en charge des malades), le trésorier devait s’acquitter du paiement y afférant. En cas de négligence dans son mandat, il était soumis à amende.

À côté de ces obligations spécifiques, le trésorier devait assumer d’autres tâches, comme celle de convoquer les membres aux assemblées (parfois avec l’autorisation du maître de la corporation) ou aux messes d’enterrement, de s’occuper des questions statutaires (modifications…), d’élire un remplaçant en cas de décès ou de départ de l’un des trésoriers. Il était fréquent qu’un trésorier soit également responsable du cierge, emblème de la confrérie, qui était allumé lors des offices, ou ait à porter le ou les porte-cierges lors des processions.

Sources - Bibliographie

Confréries et associations de compagnons étudiées (mentionnant caisse et trésorier) :

- Bâle : confrérie des meuniers, 1427, StA. Basel, Schmiedezunft, Urk. Nr 4 (Ordungsbuch III, Nr 1) ; confrérie et association jointes des charpentiers, maçons, tonneliers, tourneurs, 1455, StA. Basel, Spinnwetternzunft, Urk. Nr 8.

- Colmar : confrérie des boulangers, 1437, AMC, HH 55, n° 18 ; confrérie des batteurs de laine, tisserands de laine, tisserands de lin, chapeliers, 1463, AMC, Archives de l’Hôpital, II, C1/6 ; confrérie des tanneurs, 1470, StA. Freiburg im Breisgau, A1, VIe, Gerberzunft.

- Fribourg-en-Brisgau : confrérie des fabricants de sacs ; d’aiguilles ; de bourses ; de peignes ; de fuseaux ; mégissiers ; polisseurs de lames ; anneliers ; ferblantiers, 1415, StA. Freiburg im Breisgau, A1, VIe, Kraemerzunft ; confrérie des boulangers, 1420, StA. Freiburg im Breisgau, A1, VIe, Bäckerzunft ; confrérie des meuniers, 1425, StA. Freiburg im Breisgau, A1, VIe, Bauzunft ; association des boulangers, 1465, StA. Freiburg im Breisgau, A1, VIe, Bäckerzunft.

- Sélestat : confrérie des meuniers (maîtres et compagnons) ; charrons, 1472, AM, HH 66 ; confrérie des maréchaux-ferrants, 1478, AM, HH 69.

- Spire : confrérie des meuniers et boulangers, 1410, StA. Speyer, 1U 400.

- Strasbourg : confrérie des pelletiers, 1404, AM, charte n° 2 969 ; confrérie et association jointes des tanneurs, 1477, AM, charte n° 6 435 ; confrérie des tisserands de lin, 1479, AM, charte n° 6 580.

DEBUS KEHR (Monique), Salariat, société et pouvoir dans les villes du Rhin supérieur au XVe siècle. Thèse de doctorat, Strasbourg, 2005. Annexes, tome III, Les tableaux d’analyse des confréries et associations, p. 611, Tableau 15 : Caractéristiques et obligations du trésorier ; sanctions en cas de manquement, p. 648‑654.

Notices connexes

Caisse

Confrérie (de métier)

Corporation

Monique Debus Kehr