Béguine

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begine, begutte, willige Arme, beguina

Les béguines apparaissent à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle en Brabant et dans la région de Liège. Par la suite, elles se répandent dans l’Europe rhénane et centrale jusqu’en Italie. En Alsace, les premières béguines sont citées en 1244 à Strasbourg. Ce mouvement est essentiellement urbain. Les béguines ont également été nombreuses dans les villes alsaciennes – il y a plusieurs dizaines de béguinages (gotzhüser) à Strasbourg – mais on en trouve aussi à la campagne.

Les béguines sont des femmes célibataires ou veuves, qui vivent seules ou en groupe, et se consacrent à la prière et à des activités charitables. Elles assistent les malades, participent aux enterrements et aux anniversaires, visitent et gardent les tombes le jour anniversaire. Elles vivent de leurs ressources personnelles, de menus travaux comme la couture, la lessive, la fabrication de cierges ou la garde des malades. Parmi les béguines, toutes les couches de la société sont représentées. À Strasbourg, trois béguinages (zum Turm, zum Innenheim, zum Offenburg appelés samenungen) sont réservés aux femmes de la haute société. Ces béguines sont appelées « domicelle mantellate ».

Les béguines ne prononcent pas de voeux monastiques et ne suivent pas de règle. Elles sont donc des laïques vivant comme des religieuses. Cette situation ambiguë est mal admise par le clergé, car elle met en cause la distinction entre clercs et laïques. Par ailleurs, elles entretiennent des relations privilégiées avec les ordres mendiants qui leur fournissent l’assistance spirituelle. Certaines béguines ont même adhéré au tiers-ordre. Pour cette raison, les béguinages sont souvent établis à proximité des couvents mendiants. C’est le cas à Strasbourg où le nombre de béguinages est particulièrement élevé dans la mouvance des Franciscains. Comme ces derniers n’avaient pas le droit de posséder de biens propres, ils contournaient l’interdiction en les mettant au nom des béguines. À Haguenau, la béguine qui gère les biens des Franciscains (die Regelmeisterin) reçoit legs et donations en leur nom et défend leurs intérêts en justice, ce qui, au Moyen Âge, était réservé aux hommes. Le statut ambigu des béguines et leurs relations étroites avec les Mendiants – tant au temporel qu’au spirituel – ont été à l’origine de nombreuses persécutions aux XIVe et XVe siècles, particulièrement dans la région du Rhin moyen et supérieur. À Colmar, deux béguines et deux bégards suspects d’hérésie sont emprisonnés dès 1290. En 1317, les béguines sont interdites par la papauté sous ce même prétexte d’hérésie. Elles continuent néanmoins à exister ; certaines, pour échapper à la persécution, adhèrent au tiers-ordre. À Strasbourg, la dernière persécution de béguines a eu lieu en 1404. Le clergé séculier, jaloux de l’emprise des Mendiants sur ces femmes, a échoué dans sa tentative de les en éloigner. Le nombre des béguines, élevé aux XIIIe et XIVe siècles, baisse au XVe siècle. Il en va de même de leur réputation.

Les comptes de Saint-Jean de Strasbourg citent encore des béguines en 1549.

 

Bibliographie

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Notices connexes

Bégard

Ermite

Femme (Moyen-Age ; droit de la femme religieuse)

Franciscains

Hôpital

Interdit

Ketzer

Regelmeisterin

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Elisabeth Clementz