Archidiacre

De DHIALSACE
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Dès l’époque carolingienne, l’évêque se faisait assister par un chorévêque (latin chorepiscopus, all. Chorbischof pour l’administration du diocèse, mais aux alentours de l’an mil, dans tout l’Occident, plusieurs chanoines des chapitres cathédraux, appelés archidiacres, se répartirent la tâche de contrôler les paroisses de plus en plus nombreuses et de plus en plus éloignées du siège cathédral, par secteurs géographiques. Ils étaient à la collation de l’évêque pour ce qui est de cette dignité ; ils portent parfois le titre de chorévêque.

Dans le diocèse de Strasbourg, on en compte 5 en 1109, puis leur nombre sera fixé à 7 en 1205, mais leur effectif fluctuera entre 5 et 8, qui se partagent les 13 puis 14 chapitres ruraux, chacun ayant un ou deux archiprêtrés à charge. Le custode du Chapitre étant le «curé» en titre de la cathédrale, il n’y a pas d’archidiacre pour les paroisses de Strasbourg. A Bâle, le partage du diocèse en archidiaconats ne fut accompli que durant le XIIIe siècle.

L’archidiacre avait pour mission de faire respecter l’ordre dans son ressort. A l’origine, il lui incombait de visiter une fois l’an les églises confiées à sa garde, mais il se contentait bien souvent des rapports des archiprêtres. Il devait aussi tenir partout un plaid de chrétienté (Sendgericht), au cours duquel pasteurs et ouailles étaient interrogés sur leur conduite et leur croyance, mais cette institution tomba en désuétude dans le diocèse de Strasbourg dès le XIVe siècle, alors qu’elle a survécu dans celui de Bâle. Ainsi, les visites de l’archidiacre de Moutier-Grandval dans le chapitre de Salignon avaient lieu tous les quatre ans (années bissextiles).

Ils devaient aussi s’assurer que les candidats aux bénéfices de leur archidiaconé satisfassent aux obligations et procédaient à leur investiture, après vérification de leurs titres et de leur savoir.

Leurs pouvoirs finirent par restreindre l’action de la juridiction épiscopale. Ils avaient un droit de regard sur les propriétés ecclésiastiques et leur consentement était requis pour tout achat et toute aliénation, ainsi que pour tout changement dans l’organisation ecclésiastique de l’archidiaconé. De là découlait une juridiction disciplinaire sur les clercs, une juridiction contentieuse sur les questions de dîmes, de patronages, de bénéfices, de mariages, de testaments, d’usure ; enfin une juridiction gracieuse pour l’authentification de fondations pieuses et autres actes privés. Leur officialité encaissait des amendes, des droits de sceau, des dispenses de mariage de la part des laïcs et, en outre, des taxes d’investiture, de non-résidence, de résignation, de la part des clercs. De la sorte, la dignité finit par être lucrative et suscita des tensions entre les archidiacres et les évêques.

A Strasbourg, l’officialité des archidiacres (hinteres Gericht), attestée à partir du XIIIe siècle, mais confondue avec celle de l’évêque (vorderes Gericht) à l’époque de la Réforme, encore attestée en 1595 (AMS 117 Z 154) fut ressuscitée en 1681 pour peu de temps seulement.

Les désignations populaires de vorderes und hinteres Gericht viennent de ce que les deux officialités fonctionnaient dans le même immeuble de la Schreibstubengasse (aujourd’hui rue des Ecrivains), celle de l’évêque devant sur la rue, celle des archidiacres au fond de la cour).

Bibliographie

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Notice connexe

Chorévêque

Louis Schlaefli