Angélus

De DHIALSACE
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Angelusglocke

Cette sonnerie qui retentit trois fois par jour - aux aurores, à la mi-journée et à la tombée de la nuit - est, en terre catholique, un appel à la prière, quel que soit l’endroit où se trouvent les fidèles, en souvenir de l’annonce faite à Marie qu’elle allait devenir la mère de Dieu (du latin : « Angelus Domini nuntiavit Mariae… »). Loin d’être une spécificité alsacienne, la pratique est particulièrement prégnante dans une région où la multiplicité des paroisses s’accompagne d’une multitude de clochers. Officiellement, elle remonte sans doute au XIIIe siècle et, sous l’impulsion de saint François d’Assise, elle concernait, dans un premier temps, les monastères avant de se diffuser au niveau des paroisses. L’Alsace l’adopte probablement, comme l’ensemble de l’Empire, au cours du XVe siècle. C’est à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle que la prière de l’Angélus prend sa forme définitive dans les paroisses catholiques : à chaque sonnerie, on récitait trois Ave Maria qui seront précédés, par la suite, de la formule traditionnelle : « Der Engel des Herrn brachte Maria die Botschaft und Sie empfing vom heiligen Geiste ». Malgré l’interdiction, en 1795, de l’usage des sonneries religieuses, la pratique de l’Angélus perdure en revêtant, pendant la Révolution, une signification civile et en rythmant les activités, essentiellement rurales. Il semblerait que la pratique soit restée en usage dans beaucoup de paroisses devenues protestantes : c’est ainsi qu’à Lembach, paroisse mixte, seuls les horaires de la sonnerie diffèrent de ceux des catholiques. La tradition populaire et l’utilité pratique l’auront donc emporté sur la signification religieuse. Après le rétablissement officiel de cette sonnerie en 1803 et jusqu’à nos jours, la cloche de l’Angélus connaît en Alsace alternativement des appellations à connotation religieuse (Angelusglocke, Aveglocke, Abendbetglocke, Betzeitglocke, Battzitt en alsacien) ou profane (Morgenglocke, Mittagglocke, Abendglocke, Oweglock ou Nachtglock en alsacien). L’heure à laquelle retentit la sonnerie connaît des variations d’un village à l’autre et en fonction de la durée du jour selon la saison : entre 5 et 7 heures du matin, 11 heures et midi, 19 et 22 heures. C’est la sonnerie de 11 heures qui a alimenté les discussions entre historiens. En usage dans la majorité des localités du Sundgau, certains villages du Vignoble et du Kochersberg, cette dernière marque la pause pour les écoliers et les travailleurs. Diverses légendes – surprendre l’ennemi en engageant les hostilités au son de la cloche après une trêve (Kochersberg dès les années 1130 ?), effrayer le diable qui se serait apprêté à jeter un rocher sur tel village (Sundgau) – qui, du reste, remontent souvent à une époque où l’Angélus ne se pratiquait pas encore, ne font que justifier l’usage populaire : car il s’agit avant tout de rythmer le travail de la journée en le sacralisant et d’offrir les repères élémentaires à des gens qui, privés d’horloges, commençaient leur journée à 4‑5 heures du matin pour s’arrêter de travailler au coucher du soleil.

Bibliographie

L, « Ursprung des Läuten am Mittag », Elsassland, 1921, t. I, p. 123.

BRUXER (Joseph), « Vom Angelusläuten und dem Betzeitglöcklein in den früheren Zeiten », Almanach Sainte-Odile, 1960, p. 108-110.

ZAESSINGER (August), « Die Stimme der Glocken in alter und neuer Zeit », Neuer Elsässer Kalender, 1972, p. 101-104.

SARG (Freddy), notice « sonnerie », EA, t. IX, 1982-86, p. 6936.

TAROZZI (Olivier), Etude sur les cloches d’Alsace du Moyen Age à nos jours. Aspects historiques, religieux et ethnologiques, mém. maîtr. dactyl., Strasbourg, 1997, p. 14-25.

BAILLIARD (Jean-Paul), La mesure du temps et la pratique du calendrier en Alsace hier et aujourd’hui, coll. Alsace-Histoire, Fédération des Sociétés d’Histoire et d’Archéologie d’Alsace, Strasbourg, 2009, t. 3, p. 26.

Notices connexes

Cloche bourgeoise (Bürgerglocke)

Cloches (sonneries des)

Glockenklang

Karfreitag

Jean-Michel Boehler