Ammeister

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Ammannmeister, Amtmeister

Moyen Age

Depuis le XIIIe s., l’expression schöffel und amman désigne à Strasbourg un organe délibératif composé d’une part des échevins (Schöffen, scabini),d’autre part des Ammann,dont l’identité n’est pas claire : les officiers épiscopaux ? ou juste un autre mot pour désigner les échevins ? Toujours est-il que cet organe – convoqué par le Conseil pour approuver les décisions importantes – a un président, élu pour un an par le Conseil depuis 1303, et qui s’appelle en latin magister scabinorum (maître-échevin), mais en all. ammanmeister, mot devenu plus tard Ammeister. Jusqu’en 1332, l’Ammeister ne siège pas au Conseil et a peu de pouvoir et de prestige, mais la « révolution » de 1332 fait de lui le premier magistrat de la commune, élu à vie parmi les burger (patriciens bourgeois). Depuis le changement constitutionnel de 1349 et jusqu’en 1789, l’Ammeister est élu pour un an (exceptionnellement de 1372 à 1378 pour 10 ans) par et parmi les représentants des corporations au Conseil. Il n’est plus éligible pendant les cinq ans qui suivent sa magistrature ; mais de plus en plus, les anciens Ammeister (Altammeister, alte herren) forment une sorte de comité occulte, dont l’influence est grande, bien qu’il n’ait aucune existence officielle. L’Ammeister ne peut être noble ou patricien, mais ce n’est pas pour autant un artisan : il est le plus souvent issu d’une corporation commerciale et a souvent des liens familiaux avec le patriciat, parfois même des fiefs (ce qui lui est interdit après 1433). Dès le XVe s., les familles d’Ammeister forment une oligarchie sui generis, cimentée par de nombreux liens matrimoniaux. Certains de ses membres parviennent à la noblesse, au XVe s. (Wurmser, Armbruster) ou plus souvent au XVIe (Betscholt, Happmacher, Ingold, etc.), mais ils perdent alors la possibilité de devenir Ammeister.

Bibliographie

HATT (Jacques), Liste des membres du Grand Sénat de Strasbourg, des Stettmeistres, des Ammeistres, des Conseils des XXI, XIII et des XV du XIIIe s. à 1789, Strasbourg 1963 (Jusqu’en 1400, consulter plutôt les Ratslisten dans Urkundenbuch der Stadt Straßburg VII, Strasbourg 1900, p. 886-954.

ALIOTH, Gruppen (1988), en part. I, p. 19, 120-24, 130-33, 287-89, et surtout p. 460-90.

Bernhard Metz

 

Époque moderne

Progressivement au cours du XVe siècle, l’apparition des Conseils, les XV et les XIII, donne au système politique de Strasbourg une coloration nettement oligarchique. Sur les listes de fonctions, les mêmes noms reviennent perpétuellement ; ce sont ceux des familles riches, généralement celles des marchands, qui ont mis la main, insensiblement, sur les rouages politiques et administratifs de la cité. Sorti de régence, l’ancien Ammeister, ou Altammeister, trouve immédiatement une place au conseil des XIII, dont il est d’ailleurs souvent issu. Son élection par les représentants des tribus de métiers au Grand Sénat (Grosser Rath) revêt un caractère hautement symbolique ; elle est soumise à de multiples coutumes qui ne sont là que pour garantir le pouvoir de l’oligarchie dominante.

Agé de 35 ans au minimum, celui qui accède à la magistrature suprême est, au terme d’un cursus complexe, un homme d’expérience. Il est en quelque sorte le représentant de la « République de Strasbourg ». C’est lui qui reçoit les ambassadeurs, copréside le Conseil des XIII, propose la réunion du législatif suprême de la ville, le « Conseil-et-les XXI ».

Créée afin de contrebalancer le pouvoir des patriciens, la fonction d’Ammeister va voir son rôle, d’abord déterminant, décliner au profit de conseils dont il n’est plus qu’un des membres. Certes il ordonne, il préside, il juge, mais sous la tutelle de multiples instances administratives et politiques qui, de fait ou de droit, le contrôlent.

Sources - Bibliographie

Archives municipales de Strasbourg, séries anciennes.

Ammeyster Buch der freyen Reichsstatt Strassburg, de 1333 à 1628, BNUS, ms 1280. Les nombreux discours mortuaires imprimés des XVIIe et XVIIIe s. donnent des biographies, p. 24 et 50.

Strassburgische Chronik von 1667-1710. Memorial des Ammeisters Franciscus Reisseissen, hrg von Rodolphe Reuss, Strasbourg, 1877.

Liste des Ammeister de Strasbourg 1571-1789, Ms n° 852, Bibl. Municipale de Colmar.

Strassburgische Chronik von 1657-1677. Aufzeichnungen des Ammeisters Franciscus Reisseisen, hrg. von Rodolphe Reuss, Strasbourg, 1880.

HATT (Jacques), Liste des membres du grand Sénat de Strasbourg, des stettmeistres, des ammeistres, des conseils des XXI, XIII et XV du XIIIe siècle à 1789, Strasbourg, 1963.

DUVAL (Louis), « Un épisode de la Révocation de l’Edit de Nantes. Exil à Guéret du premier magistrat de Strasbourg en 1685 », L’Almanach Limousin 1873.

HATT (Jacques), « Une famille d’ammeistres strasbourgeois. Les Staedel », La bourgeoisie alsacienne, Strasbourg-Paris, 1954, p. 225-231.

SPACH (Louis), « Dominique Dietrich », RA, 8, 1857, p. 494-510, 529-544  ; 9, 1858, p. 209-226.

MAURER (Louis), L’expédition de Strasbourg en septembre 1681, Paris, 1923.

Paul Greissler