Alsace-Infanterie (Régiment)

De DHIALSACE
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Le 16 avril 1656, suite à une convention passée entre Colbert et le comte de Nassau, ce dernier s’engagea à lever un régiment à six compagnies de chacune 100 hommes « armés d’une bonne épée, les deux tiers de mousquets et bandoulières et l’autre tiers de piques », étant entendu que « Sa Majesté permet audit sieur comte d’avoir un ministre de sa religion, tant pour lui que pour les officiers et soldats dudit régiment ».

Une bonne partie de ses effectifs sont issus de l’armée de Bernard de Saxe-Weimar, et avait pris part aux campagnes de Turenne en Alsace. De nombreux privilèges lui furent accordés : il eut sa justice particulière, son prévôt, ses archers, son bourreau ; il ne pouvait pas être licencié la paix venue. Mais son principal privilège fut le libre exercice de la religion protestante, à condition de n’admettre aux cérémonies du culte aucun habitant du pays. Louvois, par lettre de 1687, précise : « Vous devez tenir la main que les régiments étrangers auxquels le Roi accorde le libre exercice de leur religion ne le fassent point ailleurs que dans quelque grange, près du rempart que vous lui assignerez, et vous ne devez souffrir qu’il assiste auxdits exercices d’autres personnes que ceux de votre corps ».

Le commandement de la troupe se faisait en langue allemande. Le régiment se recruta presque exclusivement en Alsace et en Lorraine. Beaucoup de jeunes gens de naissance roturière qui désiraient suivre la carrière des armes recherchaient de préférence ce régiment dans lequel l’avancement était possible, où l’épaulette devenait la récompense du courage. De plus, beaucoup de jeunes nobles de 15 à 20 ans venaient apprendre au régiment leur métier d’officier. Ils commençaient comme simples soldats, exemptés il est vrai de corvées, portaient l’habit du fusilier et, lorsqu’ils savaient manœuvrer comme des troupiers, passaient sous-officiers. A partir de la deuxième année de service, ils avaient droit à un congé tous les deux ans, comme un officier. Les officiers supérieurs surveillaient l’instruction militaire et la conduite de ces cadets : après trois écarts de conduite, ils étaient renvoyés. Au fur et à mesure des vacances ils passaient sous-lieutenants. La promotion pouvait être rapide lors des nombreuses guerres auxquelles participait le régiment ou attendre de longues années en temps de paix.

Dès 1666, le comte de Nassau décréta que les hommes de troupe devaient être habillés d’une manière uniforme et Louis XIV fit savoir « que sans uniforme pas d’ordre, sans ordre pas d’armée ». Louvois, par décret de 1674, fixa les couleurs des uniformes militaires : pour les régiments royaux, gris-blanc agrémenté de couleurs distinctes sur les revers, les parements et les collets ; pour les régiments étrangers au service de la France : rouge pour les Suisses, rouge garance pour les Irlandais, bleu-céleste pour les Allemands, dont Alsace - Infanterie.

Le premier colonel, le comte de Nassau-Sarrebruck repasse au service de l’Empereur en 1667 et meurt en 1670. Lui succède le comte Christian de Deux-Ponts, colonel de 1667 à 1696, puis le fils de ce dernier, le comte Christian III de Deux-Ponts (colonel de 1696 à 1734), puis son fils Charles-Auguste, enfin le comte Maximilien-Joseph. Le Royal-Alsace est commandé au cours du XVIIIe siècle par des colonels en second issus de la noblesse alsacienne, (Wurmser, Wangen de Geroldseck, Schwenkfeld). Le Royal-Alsace est en garnison à Strasbourg de 1696 à 1702, puis, à partir de 1765 par intermittence, enfin de 1785 à 1791 (caserne de la Finkmatt). Christian IV de Deux-Ponts a créé en 1757 un autre régiment le Royal-Deux-Ponts, recruté lui aussi en Lorraine et en Alsace. Il participe à la guerre d’Indépendance de l’Amérique (siège et victoire de Yorktown). Les deux régiments sont intégrés dans l’armée de la Révolution, le premier comme 53e R.I. et le second comme 99e R.I.

Bibliographie

TOUCHEMOLIN (Alfred), Le Régiment d’Alsace dans l’armée française, Paris, 1897.

ENGEL (Charles), Le Régiment d’Alsace dans l’armée française, Strasbourg, 1899.

ENGEL (Karl), Strassburg als Garnisonsstadt unter dem Ancien Régime, Strasbourg, 1901.

MARTIN (Paul), « Le régiment d’Alsace au service de la France, 1656-1794 », l’Essor, 74, 1969, p. 7-20.

Notices connexes

Cadets-gentilshommes

Infanterie

Langues de l'Alsace

Louis Ludes