Habits des défunts (vente d')
La revente d’habits usagés est une pratique courante au Moyen Âge et à l’époque moderne. Elle constitue le fonds de commerce des marchands et marchandes de nippes, Krämer, Krämerfrau ; Gremper, Gremperin. Le don des vêtements usagés des personnes décédées aux œuvres pies, vêtements destinés à la revente, est réglementé par le Magistrat des villes. Les sources font même état d’un détournement des dons de vêtements : en 1357, un litige portant sur la succession d’une défunte mentionne que, de son vivant, elle revendait les vêtements et autres textiles donnés à l’Œuvre Saint-Martin de Colmar. Elle-même lui avait légué ses biens. En 1549, ce chapitre atteste avoir reçu un vieil habit gris doublé de fourrure ayant appartenu au sculpteur d’images Hans Bongart, don conforme à une réglementation municipale de 1382. Celle-ci indique que tout habitant colmarien, noble ou ignoble, homme ou femme, clerc ou laïc, remette son meilleur vêtement à l’Œuvre Saint-Martin en vue de sa vente. Cette disposition est confirmée par le chapitre en 1469. L’habit de Hans Bongart a été vendu pour le montant de 1 livre. De même source, en 1553, le chapitre reçoit un vieux vêtement gris qui appartenait au fils du sculpteur, décédé cette année-là, et qui a été vendu pour 9 schillings (AMS 1 AST 832/8, f. 3 vol.).
Monique Debus Kehr