Cadeau du Magistrat : Différence entre versions

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<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Usage qui veut que lorsqu’une personnalité importante passe par une ville où elle s’arrête, elle reçoit de la part du Magistrat local un présent, évidemment proportionnel à son rang, généralement de la nourriture et du vin.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">Quand l’empereur Maximilien I<sup>er</sup> arrive à Strasbourg, le mercredi 21 février 1507, avec cinq cents chevaux, la ville lui fait hommage de douze tonneaux de vin, deux cents rézaux d’avoine, quatre boeufs et cent poissons. Sa fille, qui arrive le lendemain reçoit, pour sa part, cinquante rézaux d’avoine, cinquante poissons. Le 8 janvier 1563, l’empereur Ferdinand I<sup>er</sup>, après être passé à Strasbourg et Colmar, est reçu en grande pompe à Bâle. La ville lui offre, entre autres, cent vingt mesures de vin, dont trente-six du célèbre millésime 1522 «&nbsp;où l’été était si chaud&nbsp;», autrement dit un exceptionnel millésime, vieux de quarante ans. Lors de son passage, en 1567, l’archiduc Ferdinand II se voit offrir à Thann, quatre tonneaux de vin. L’abbé de Murbach, accueilli en grande pompe dans la même ville ne reçoit que deux mesures de vin rouge et deux de vin blanc. Le cadeau peut s’étendre à la population locale. Lorsque le roi de France Louis XV arrive à Strasbourg, le 5 octobre 1744, le Magistrat fait couler du vin, à la place de l’eau, dans bon nombre de fontaines. L’on distribue au peuple une grande quantité de pain et de vivres. Un boeuf entier, d’un poids de huit cents livres, qu’on fait rôtir depuis trois jours, est voituré sur un baquet orné. Il est garni de boudins, saucisses, viande de veau, mouton, cochon de lait, oies, canards, poulets. Tout un chacun peut se servir. Le lendemain, 6 octobre, les tonneliers apportent au roi des vins dans des tonneaux, décorés de cercles dorés et d’autres argentés. Le 8 octobre, les pêcheurs présentent au monarque leurs plus beaux poissons, carpes, brochets, saumons, truites. Lorsque Louis de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, revient de son exil lié à l’affaire du collier de la reine, des réjouissances sont organisées à Saverne le dimanche 25 janvier 1789&nbsp;: tonneaux mis en perce, pain et saucisse distribués en abondance, une prodigalité extraordinaire en cet hiver terrible. Le cadeau de vin préfigure, évidemment, le vin d’honneur.</p>
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== <span style="font-size:x-large">Bibliographie</span> ==
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Usage qui veut que lorsqu’une personnalité importante passe par une ville où elle s’arrête, elle reçoit de la part du Magistrat local un présent, évidemment proportionnel à son rang, généralement de la nourriture et du vin.
<p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">MULLER (Claude), ''Chronique de la viticulture alsacienne au XVI<sup>e</sup> siècle'', Riquewihr, 2005.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: justify">MULLER (Claude), ''Le siècle des Rohan'', Strasbourg, 2006, p. 184.</p> <p class="mw-parser-output" style="text-align: right">'''Claude Muller'''</p>   
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Quand l’empereur Maximilien I<sup>er</sup> arrive à Strasbourg, le mercredi 21 février 1507, avec cinq cents chevaux, la ville lui fait hommage de douze tonneaux de vin, deux cents rézaux d’avoine, quatre boeufs et cent poissons. Sa fille, qui arrive le lendemain reçoit, pour sa part, cinquante rézaux d’avoine, cinquante poissons. Le 8 janvier 1563, l’empereur Ferdinand I<sup>er</sup>, après être passé à Strasbourg et Colmar, est reçu en grande pompe à Bâle. La ville lui offre, entre autres, cent vingt mesures de vin, dont trente-six du célèbre millésime 1522 «&nbsp;où l’été était si chaud&nbsp;», autrement dit un exceptionnel millésime, vieux de quarante ans. Lors de son passage, en 1567, l’archiduc Ferdinand II se voit offrir à Thann, quatre tonneaux de vin. L’abbé de Murbach, accueilli en grande pompe dans la même ville ne reçoit que deux mesures de vin rouge et deux de vin blanc. Le cadeau peut s’étendre à la population locale. Lorsque le roi de France Louis XV arrive à Strasbourg, le 5 octobre 1744, le Magistrat fait couler du vin, à la place de l’eau, dans bon nombre de fontaines. L’on distribue au peuple une grande quantité de pain et de vivres. Un boeuf entier, d’un poids de huit cents livres, qu’on fait rôtir depuis trois jours, est voituré sur un baquet orné. Il est garni de boudins, saucisses, viande de veau, mouton, cochon de lait, oies, canards, poulets. Tout un chacun peut se servir. Le lendemain, 6 octobre, les tonneliers apportent au roi des vins dans des tonneaux, décorés de cercles dorés et d’autres argentés. Le 8 octobre, les pêcheurs présentent au monarque leurs plus beaux poissons, carpes, brochets, saumons, truites. Lorsque Louis de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, revient de son exil lié à l’affaire du collier de la reine, des réjouissances sont organisées à Saverne le dimanche 25 janvier 1789&nbsp;: tonneaux mis en perce, pain et saucisse distribués en abondance, une prodigalité extraordinaire en cet hiver terrible. Le cadeau de vin préfigure, évidemment, le vin d’honneur.
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== Bibliographie ==
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MULLER (Claude), ''Chronique de la viticulture alsacienne au XVI<sup>e</sup> siècle'', Riquewihr, 2005.
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MULLER (Claude), ''Le siècle des Rohan'', Strasbourg, 2006, p. 184.
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right">'''Claude Muller'''</p>   
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Version actuelle datée du 28 mars 2021 à 19:08

Usage qui veut que lorsqu’une personnalité importante passe par une ville où elle s’arrête, elle reçoit de la part du Magistrat local un présent, évidemment proportionnel à son rang, généralement de la nourriture et du vin.

Quand l’empereur Maximilien Ier arrive à Strasbourg, le mercredi 21 février 1507, avec cinq cents chevaux, la ville lui fait hommage de douze tonneaux de vin, deux cents rézaux d’avoine, quatre boeufs et cent poissons. Sa fille, qui arrive le lendemain reçoit, pour sa part, cinquante rézaux d’avoine, cinquante poissons. Le 8 janvier 1563, l’empereur Ferdinand Ier, après être passé à Strasbourg et Colmar, est reçu en grande pompe à Bâle. La ville lui offre, entre autres, cent vingt mesures de vin, dont trente-six du célèbre millésime 1522 « où l’été était si chaud », autrement dit un exceptionnel millésime, vieux de quarante ans. Lors de son passage, en 1567, l’archiduc Ferdinand II se voit offrir à Thann, quatre tonneaux de vin. L’abbé de Murbach, accueilli en grande pompe dans la même ville ne reçoit que deux mesures de vin rouge et deux de vin blanc. Le cadeau peut s’étendre à la population locale. Lorsque le roi de France Louis XV arrive à Strasbourg, le 5 octobre 1744, le Magistrat fait couler du vin, à la place de l’eau, dans bon nombre de fontaines. L’on distribue au peuple une grande quantité de pain et de vivres. Un boeuf entier, d’un poids de huit cents livres, qu’on fait rôtir depuis trois jours, est voituré sur un baquet orné. Il est garni de boudins, saucisses, viande de veau, mouton, cochon de lait, oies, canards, poulets. Tout un chacun peut se servir. Le lendemain, 6 octobre, les tonneliers apportent au roi des vins dans des tonneaux, décorés de cercles dorés et d’autres argentés. Le 8 octobre, les pêcheurs présentent au monarque leurs plus beaux poissons, carpes, brochets, saumons, truites. Lorsque Louis de Rohan, prince-évêque de Strasbourg, revient de son exil lié à l’affaire du collier de la reine, des réjouissances sont organisées à Saverne le dimanche 25 janvier 1789 : tonneaux mis en perce, pain et saucisse distribués en abondance, une prodigalité extraordinaire en cet hiver terrible. Le cadeau de vin préfigure, évidemment, le vin d’honneur.

 

Bibliographie

MULLER (Claude), Chronique de la viticulture alsacienne au XVIe siècle, Riquewihr, 2005.

MULLER (Claude), Le siècle des Rohan, Strasbourg, 2006, p. 184.

Claude Muller