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« Pauvres honteux »
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Littéralement, le mot ''Hausarme'' désigne des pauvres qui ont un domicile fixe. Il s’agit de personnes qui, par suite d’une maladie, d’un accident, du chômage, ou tout simplement de leur âge, ne peuvent plus subvenir seules à leurs besoins. Mais elles n’errent pas sur les routes et ne mendient pas, car elles ont honte de leur situation. Contrairement aux mendiants, qui à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne sont obligés de porter un insigne, les pauvres honteux n’en portent pas. Dans son projet de règlement pour organiser l’Aumône à Strasbourg en 1523, Mathis Pfarrer les évoque en ces termes : ''Item der husarmen halben, so nit die zeichen trogen und süst der hilf nottürftig sint, sollen sich den 4 meistern anzeigen ; den sol man helfen und mitdeilen ''(Winckelmann, II, p. 93). L’apparition – mal datée – de la notion de pauvre honteux est liée à l’évolution du regard porté sur la mendicité : longtemps considérée comme normale et légitime, elle est regardée d’un œil de plus en plus critique à partir du XVe siècle. C’est à partir de ce moment – qui est aussi celui où les communes prennent l’assistance en main – que le pauvre qui ne mendie pas est considéré comme plus estimable et plus digne de secours que celui qui mendie, et le pauvre sédentaire plus que le pauvre errant. Cette distinction semble encore avoir cours au XVIIIe siècle en Alsace. En effet, à Molsheim, en 1709, on dépense « 8 ß pour des marques faites de fer blanc pour les pauvres tollérés (sic) de la ville » alors qu’on fournit en pains « les pauvres nécessiteux et malades » (AM Molsheim GG 241c). À Barr, en 1774, les comptes distinguent encore les ''Hausarmen'' des ''fremde Armen''. Une «  Œuvre des pauvres honteux » existait encore à Strasbourg dans la première moitié du XXe siècle.
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D’après Grimm, ''Wörterbuch'', ''Hausarm'' peut aussi avoir le sens de sans-logis. Lexer le traduit uniquement par ''obdachlos''. Cette utilisation du mot ne semble pas avoir eu cours en Alsace.
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== Bibliographie ==
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WINCKELMANN (Otto), ''Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg vor und nach der Reformation bis zum Ausgang des sechzehnten Jhs''., 2 vol., Leipzig 1922.
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HURST (Jean), ''L’œuvre de bienfaisance pour les pauvres honteux protestants (Privat-Armenanstalt) 1780-1930'', Strasbourg 1930.
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HICKEL (Anne-Marie), « Charité et assistance à Barr du 16e au 19e siècle », ''ADBO'' 28, 1994, p. 121-130.
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SCHUBERT (Ernst), « 'Hausarme leute’, 'starke Bettler’: Einschränkungen und Umformungen des Almosengedankens um 1400 und um 1500 », OEXLE (Otto Gerhard) (éd.), ''Armut im Mittelalter ''(Vorträge und Forschungen 58), Ostfildern, 2004, p. 283-347.
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<p class="mw-parser-output" style="text-align: right;">'''Élisabeth Clementz'''</p>
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Version du 6 octobre 2020 à 16:49

« Pauvres honteux »

Littéralement, le mot Hausarme désigne des pauvres qui ont un domicile fixe. Il s’agit de personnes qui, par suite d’une maladie, d’un accident, du chômage, ou tout simplement de leur âge, ne peuvent plus subvenir seules à leurs besoins. Mais elles n’errent pas sur les routes et ne mendient pas, car elles ont honte de leur situation. Contrairement aux mendiants, qui à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne sont obligés de porter un insigne, les pauvres honteux n’en portent pas. Dans son projet de règlement pour organiser l’Aumône à Strasbourg en 1523, Mathis Pfarrer les évoque en ces termes : Item der husarmen halben, so nit die zeichen trogen und süst der hilf nottürftig sint, sollen sich den 4 meistern anzeigen ; den sol man helfen und mitdeilen (Winckelmann, II, p. 93). L’apparition – mal datée – de la notion de pauvre honteux est liée à l’évolution du regard porté sur la mendicité : longtemps considérée comme normale et légitime, elle est regardée d’un œil de plus en plus critique à partir du XVe siècle. C’est à partir de ce moment – qui est aussi celui où les communes prennent l’assistance en main – que le pauvre qui ne mendie pas est considéré comme plus estimable et plus digne de secours que celui qui mendie, et le pauvre sédentaire plus que le pauvre errant. Cette distinction semble encore avoir cours au XVIIIe siècle en Alsace. En effet, à Molsheim, en 1709, on dépense « 8 ß pour des marques faites de fer blanc pour les pauvres tollérés (sic) de la ville » alors qu’on fournit en pains « les pauvres nécessiteux et malades » (AM Molsheim GG 241c). À Barr, en 1774, les comptes distinguent encore les Hausarmen des fremde Armen. Une «  Œuvre des pauvres honteux » existait encore à Strasbourg dans la première moitié du XXe siècle.

D’après Grimm, Wörterbuch, Hausarm peut aussi avoir le sens de sans-logis. Lexer le traduit uniquement par obdachlos. Cette utilisation du mot ne semble pas avoir eu cours en Alsace.

Bibliographie

WINCKELMANN (Otto), Das Fürsorgewesen der Stadt Strassburg vor und nach der Reformation bis zum Ausgang des sechzehnten Jhs., 2 vol., Leipzig 1922.

HURST (Jean), L’œuvre de bienfaisance pour les pauvres honteux protestants (Privat-Armenanstalt) 1780-1930, Strasbourg 1930.

HICKEL (Anne-Marie), « Charité et assistance à Barr du 16e au 19e siècle », ADBO 28, 1994, p. 121-130.

SCHUBERT (Ernst), « 'Hausarme leute’, 'starke Bettler’: Einschränkungen und Umformungen des Almosengedankens um 1400 und um 1500 », OEXLE (Otto Gerhard) (éd.), Armut im Mittelalter (Vorträge und Forschungen 58), Ostfildern, 2004, p. 283-347.

Élisabeth Clementz