Pamphlets et feuilles volantes polémiques, Pasquillen : Différence entre versions

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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Ces termes, comme leurs équivalents allemands plus vagues (''Flugschrift'' et ''Flugblatt'') ne sont véritablement employés qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle, alors que les termes plus anciens de «&nbsp;pasquinade&nbsp;» ou de «&nbsp;''Pasquill&nbsp;»'' en allemand ne recouvrent pas entièrement le propos des écrits polémiques et se traduiraient plutôt en termes contemporains par «&nbsp;satire&nbsp;». D’autre part, le terme même de pamphlet est parfois utilisé de façon beaucoup trop extensive, comme dans le ''Catalogue of German Reformation Pamphlets (1516-1550) in Libraries of Alsace'' (Baden-Baden, Koerner, 2003), où l’auteur, Michael A. Pegg, recense l’ensemble des ouvrages théologiques et même historiques de la période, la plupart d’entre eux ne pouvant nullement être qualifiés de polémiques. De façon générale, la ''Flugschrift'' est, comme son nom l’indique de manière métaphorique, un écrit en principe assez court, de 4 à 12 pages (mais certains sont beaucoup plus longs) et de format ''quarto'' ou ''octavo'', souvent pourvu d’une gravure de titre qui en synthétise l’intention. La forme littéraire la plus courante dans les premières années de la Réforme est le dialogue entre deux ou plusieurs personnages, les protagonistes qui s’opposent d’abord à celui qui porte les conceptions de l’auteur se ralliant à celles-ci à la fin. Enfin, ces écrits sont souvent anonymes ou publiés sous un pseudonyme (Fischart, par exemple, était coutumier du fait, avec une inventivité cocasse digne de ce Rabelais qu’il a traduite ou plutôt adaptée) et comportent rarement le nom de l’imprimeur et le lieu d’impression, pour empêcher les poursuites&nbsp;; il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils soient censés avoir été imprimés au Vatican ! Il en est de même pour les feuilles volantes, souvent illustrées elles aussi, et appelées parfois placards pour souligner la possibilité de les afficher&nbsp;; il semble toutefois qu’elles étaient souvent distribuées à ceux dont l’auteur ou l’imprimeur pensaient qu’ils sympathiseraient avec le contenu.</span></p>
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le XVI<sup>e</sup> siècle</span> =
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Avant les débuts de la Réforme, on peut difficilement parler de pamphlets, même s’il existe des écrits polémiques tels que les échanges entre Wimpheling et Murner sur les origines de l’Alsace&nbsp;; de même ''La nef des fous'' de Brant ou les ouvrages de Murner antérieurs à la Réforme sont des satires, parfois virulentes, contre les mœurs du temps mais restent à l’intérieur du système de croyances médiéval. Seules les ''Epistolae obscurorum virorum'', satires contre les théologiens scolastiques, dont la première édition provient de l’imprimerie de Heinrich Gran à Haguenau (1515), annoncent ce qui va suivre quelques années plus tard, mais cela reste une attaque en latin de jeunes humanistes, qui ne dépassera guère les cercles lettrés.</span></p>
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''La Réforme&nbsp;: disputes théologiques et polémiques''</span> ==
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">C’est bien à partir de 1520 que les partisans et adversaires de Luther commencent à s’invectiver, les plus productifs dans les premières années étant d’une part Hutten et de l’autre Murner et Cochlaeus, publiés exclusivement par le seul imprimeur strasbourgeois qui restera fidèle à l’ancienne Eglise, Johannes Grüninger, les autres passant très vite du côté de Luther et de ses compagnons de lutte. On peut noter d’emblée que Grüninger continuera à publier des polémistes catholiques jusqu’en 1529, date du passage officiel de la ville à la Réforme, notamment de nombreux écrits antizwingliens du théologien catholique suisse Johann Buchstab, qui ne trouvait pas d’éditeur en Suisse.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">On ne peut guère traiter de pamphlets les écrits de Luther, même quand ils traitent le pape d’Antéchrist, dans la mesure où il s’agit d’écrits «&nbsp;officiels&nbsp;», généralement plus longs que les pamphlets et comportant le nom de l’auteur, le lieu d’impression et presque toujours le nom de l’imprimeur. Notons aussi d’emblée que les autres centres d’imprimerie en Alsace, Colmar, Haguenau et Sélestat, ont très peu contribué à la littérature polémique&nbsp;; ce qui va suivre concerne donc presque exclusivement ce qui est sorti des presses strasbourgeoises.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">On remarquera d’abord que, contrairement à d’autres grands centres éditoriaux, Augsbourg, Bâle ou Nuremberg, il y a fort peu de feuilles volantes polémiques à Strasbourg dans les premières décennies de la Réforme. On pourrait évidemment retenir le ''Portrait de Luther à la colombe du Saint-Esprit'' de Hans Baldung Grien, édité une première fois en tant qu’image de titre d’un compte-rendu de la comparution de Luther à Worms par Johann Schott en 1521 et qui a visiblement eu tant de succès que le même imprimeur l’a réédité en feuille volante la même année, mais est-ce vraiment une image polémique ? Il faut cependant évoquer une feuille volante illustrée éditée en 1529, probablement par Balthasar Beck, un des imprimeurs proches des dissidents (bien qu’elle ne soit pas répertoriée dans les différentes bibliographies), et qui est sans doute la première affirmation explicite de l’antitrinitarisme, le texte étant en grande partie l’œuvre de Ludwig Hätzer, exécuté peu de temps avant à Constance, officiellement pour bigamie, en réalité pour antitrinitarisme. C’est aussi une des toutes premières fois dans l’iconographie chrétienne que Dieu est figuré par les quatre lettres de son nom en hébreu YHVH.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">La grande majorité des pamphlets des premiers temps de la Réforme sont l’œuvre de Murner d’une part et des partisans de Luther d’autre part, qui sont souvent anonymes dans les premières années, les autorités strasbourgeoises restant fort prudentes jusqu’en 1524 au moins. À titre d’exemples, les deux pamphlets parus en 1521 et ayant eu visiblement le plus de succès, le ''Karsthans'' et le ''Murnarus Leviathan'', représentent en illustration de titre respectivement Murner à tête de chat et le même en dragon monstrueux combattu par Luther. Murner répliquera avec verve en 1522 par son ''Von dem grossen Lutherischen Narren'', bientôt interdit par les autorités. Toujours en 1521, Knobloch publie une copie du ''Passional Christi et Antichristi'', série d’images antithétiques opposant les actes du Christ et ceux de l’Antéchrist (le pape évidemment), copiée et augmentée de deux images sur l’original de Wittenberg dû à la collaboration de Cranach, de Melanchthon et d’un autre ami de Luther&nbsp;; à la fin de la série, comme on peut s’en douter, Jésus monte au ciel et le pape est entraîné en enfer, motif qui resservira souvent dans l’image et dans l’écrit. Cette même année, quatre imprimeurs strasbourgeois, dont Grüninger, publient un libelle en latin et en allemand, écrit sous un pseudonyme et intitulé ''Passion'' ''Dr. Martin Luthers'', qui compare les tribulations de Luther à Worms à la Passion du Christ, avec, en annexe, un dialogue entre Karsthans et Kegelhans.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Mais il faut aussi signaler les pamphlets violemment antipapistes du chevalier-poète Ulrich von Hutten, publiés à Strasbourg et à Sélestat dès 1520. La gravure de la page de titre, due à Hans Baldung, de son ''Gespräch büchlin'', recueil de dialogues anticléricaux, édité par J. Schott en 1521, met Luther et Hutten en parallèle et montre Dieu appelant les chevaliers au combat contre les clercs (Ill. 1). Après la mort de Hutten en 1523, Otto Brunfels publiera en 1524, toujours chez Schott, une défense de celui-ci contre les attaques d’Erasme et plus tard (vers 1535), Jacob Cammerlander sera le seul à republier deux écrits polémiques du chevalier. Notons aussi que, chose assez rare, deux chevaliers alsaciens, Mathias Wurm von Geudertheim et Eckhart zum Drübel vont confier aux imprimeurs strasbourgeois plusieurs pamphlets anticatholiques contre l’excommunication, les vœux monastiques, les questions d’argent, etc.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Un rare exemple d’écrit polémique en anglais, publié par Schott en 1528, est celui de deux anciens moines franciscains passés à la Réforme et réfugiés à Strasbourg. Sous le couvert de l’anonymat, ils attaquent avec virulence le pape («&nbsp;Pope Clemente, the sonne of a whoore&nbsp;») et le cardinal Wolsey, Lord chancelier d’Angleterre. Due à Heinrich Vogtherr l’Ancien, un des principaux illustrateurs de la Réforme à Strasbourg, la gravure de titre présente les pseudo-armoiries du cardinal, avec des hachoirs sanguinolents et des têtes de bœuf, allusions au fait que Wolsey était fils de boucher et aussi persécuteur des premiers protestants anglais.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À partir des années 1524-1525, on note moins de pamphlets proprement dits, mais plusieurs imprimeurs, comme Johann Prüss, Johann Schwan, Balthasar Beck, Peter Schoeffer sympathisent visiblement avec ceux qu’on appellera plus tard des dissidents (anabaptistes, spiritualistes, antitrinitaires), publiant d’abord des écrits de Karlstadt et de Clemens Ziegler, puis de Hans Denck, Hans Hut, Johannes Bünderlin, Melchior Hoffman et Caspar von Schwenckfeld, œuvres qu’on ne peut pas vraiment qualifier de pamphlets, mais qui s’élèvent toutes contre certaines conceptions de la nouvelle Église qui est en train de se constituer. Par ailleurs, l’imprimeur Jacob Cammerlander publie également des écrits dissidents dans les années 1531-1533 et éditera ensuite quelques petits pamphlets anticatholiques, souvent illustrés&nbsp;; citons, par exemple, une ''Practica der Pfaffen'', pseudo prophétie censée avoir été imprimée sur le ''Campoflor'', c’est-à-dire le Campo de Fiori à Rome, et plusieurs fois rééditée, mais aussi des satires de Murner sur les fous, antérieurs évidemment aux débuts de la Réforme, ainsi qu’une ''Newe Zeittung'' (1546), due au peintre et politicien bernois Niklaus Manuel, qui doit donner des «&nbsp;nouvelles&nbsp;» du pape et du Vatican, puisqu’elle a été prétendument publiée par le Dr. Meß-Ancken sur le mont Palatin !</span></p>
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Les activités multiformes de Fischart''</span> ==
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Et puis le flot semble bien se tarir de la fin des années 1540 jusqu’aux années 1570, même s’il y a pu avoir des pertes, notamment dans les feuilles volantes (la même remarque peut être faite pour le XVII<sup>e</sup> siècle, comme on le verra). En réalité, ce n’est guère étonnant dans la mesure où la paix d’Augsbourg de 1555 établit l’équilibre confessionnel dans l’Empire pour un bon moment et où les voix dissidentes se taisent pratiquement&nbsp;; à Strasbourg, le luthéranisme orthodoxe a pris le dessus et les attaques anticatholiques se font rares. On peut juste signaler un libelle antijuif d’un certain Heinrich Schrötter, ''Etliche… Erzbubenstücke der von Gott verblendten Juden'', publié par Thiebold Berger en 1563&nbsp;; Fischart ira plus loin encore dans l’abjection quelques années plus tard, en rapportant qu’une juive avait donné naissance à deux porcelets. Mais c’est dans les années 1570 que ce même Fischart – qui se donne toutes sortes de pseudonymes, par exemple Jesuwalt Pickhart – et Tobias Stimmer pour l’illustration réaliseront quelques feuilles volantes anticatholiques d’une ironie féroce envers l’Église catholique, publiées par Bernhart Jobin. Il suffit de mentionner ici la plus remarquable, le ''Gorgonisch Meduse Kopf ''(1577), aussi nommé''Gorgoneum caput'' dans une autre édition, qui est un extraordinaire «&nbsp;portrait&nbsp;» du pape à la manière d’Arcimboldo (Ill. 2).</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">À la toute fin du siècle, la Guerre des évêques mobilise encore des pamphlétaires catholiques et protestants, mais il est souvent difficile de connaître les imprimeurs et donc les lieux d’édition, et une partie de ces écrits sont plutôt informatifs, même s’ils sont orientés. Notons aussi que certains écrits retracent de façon polémique des événements extérieurs comme la Saint-Barthélemy ou la lutte des Anciens Pays-Bas contre l’Espagne. Ainsi, un des principaux écrits anticatholiques de cette période, ''De bijencorf der H. Roomsche Kercke'' (La Ruche de la Sainte Église romaine), due à un des compagnons de Guillaume d’Orange, Marnix de Sainte-Aldegonde, est traduit en allemand par Fischart en 1579 et réédité à quatre reprises par Jobin. Sous le pseudonyme d’Alonicum Meliphrona Theutofrancum, Fischart traduira aussi en allemand un libelle antipapiste du calviniste François Hotman en 1586 et publiera deux ans après sous un autre pseudonyme un rapport jubilatoire sur la défaite de l’Invincible Armada, censé avoir été imprimé par Sixte VI !</span></p>
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Le XVII<sup>e</sup> siècle</span> =
  
<span style="font-family:">Ces termes, comme leurs équivalents allemands plus vagues (''Flugschrift'' et ''Flugblatt'') ne sont véritablement employés qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle, alors que les termes plus anciens de «&nbsp;pasquinade&nbsp;» ou de «&nbsp;''Pasquill&nbsp;»'' en allemand ne recouvrent pas entièrement le propos des écrits polémiques et se traduiraient plutôt en termes contemporains par «&nbsp;satire&nbsp;». D’autre part, le terme même de pamphlet est parfois utilisé de façon beaucoup trop extensive, comme dans le ''Catalogue of German Reformation Pamphlets (1516-1550) in Libraries of Alsace'' (Baden-Baden, Koerner, 2003), où l’auteur, Michael A. Pegg, recense l’ensemble des ouvrages théologiques et même historiques de la période, la plupart d’entre eux ne pouvant nullement être qualifiés de polémiques. De façon générale, la ''Flugschrift'' est, comme son nom l’indique de manière métaphorique, un écrit en principe assez court, de 4 à 12 pages (mais certains sont beaucoup plus longs) et de format ''quarto'' ou ''octavo'', souvent pourvu d’une gravure de titre qui en synthétise l’intention. La forme littéraire la plus courante dans les premières années de la Réforme est le dialogue entre deux ou plusieurs personnages, les protagonistes qui s’opposent d’abord à celui qui porte les conceptions de l’auteur se ralliant à celles-ci à la fin. Enfin, ces écrits sont souvent anonymes ou publiés sous un pseudonyme (Fischart, par exemple, était coutumier du fait, avec une inventivité cocasse digne de ce Rabelais qu’il a traduite ou plutôt adaptée) et comportent rarement le nom de l’imprimeur et le lieu d’impression, pour empêcher les poursuites&nbsp;; il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils soient censés avoir été imprimés au Vatican ! Il en est de même pour les feuilles volantes, souvent illustrées elles aussi, et appelées parfois placards pour souligner la possibilité de les afficher&nbsp;; il semble toutefois qu’elles étaient souvent distribuées à ceux dont l’auteur ou l’imprimeur pensaient qu’ils sympathiseraient avec le contenu.</span>
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''Neutralité strasbourgeoise et relative abstention pamphlétaire''</span> ==
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">De façon assez étonnante à première vue, le nombre de pamphlets et de feuilles volantes polémiques est nettement plus minime qu’au siècle précédent, alors même que l’histoire de l’Alsace et notamment de Strasbourg, qui reste pratiquement le seul lieu d’imprimerie, est tout sauf un long fleuve tranquille, la guerre de Trente Ans, puis l’annexion française impactant très fortement la région. En fait, s’agissant principalement de Strasbourg, ce peu de matière reflète la perte d’influence politique de la ville, réduite jusqu’à l’annexion française à une peu glorieuse neutralité, dont elle ne sortira quelque peu que dans les années 1631-1634, lorsqu’elle acceptera l’alliance suédoise, tout en restant fort prudente. Il faut dire, d’autre part, que les bibliographies habituelles par imprimeurs ne recensent que fort peu de feuilles volantes, l’imprimeur étant rarement mentionné&nbsp;; mais même les recueils spécialisés de feuilles volantes n’en contiennent qu’assez peu de provenance strasbourgeoise.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">De façon chronologique, après la Guerre des évêques évoquée plus haut, on ne trouve aucun libelle qui prenne position dans la création de l’Union protestante en 1608, ligue défensive à laquelle Strasbourg adhérera l’année suivante. C’est aussi en 1609 que se crée la Ligue catholique, menée notamment par le duc de Bavière Maximilien. Dans un contexte de plus en plus troublé, on ne trouve guère que quelques écrits des années 1617-1619 où, à l’occasion du centenaire de la Réforme, vont paraître quelques feuilles virulentes venant des Jésuites de Molsheim, auxquelles répondront des libelles de professeurs strasbourgeois. Le summum est certainement, en 1618, l’écrit du recteur du collège des Jésuites, Peter Roest, intitulé ''Pseudo-iubilaeum … ob memoriam M. Lutheri, Aposttatae scelestissimi (sic)…'', où l’auteur soutient que le père de Luther était un succube et sa mère une prostituée du diable, qui lui a conféré un baptême diabolique&nbsp;; d’ailleurs, à la diète d’Augsbourg de 1518, l’empereur Maximilien aurait vu un diable perché sur les épaules de Luther, etc… Bucer en prend aussi pour son grade, puisque, quoiqu’incroyant, il est mort en juif pieux et aurait circoncis lui-même son fils. Inutile de dire que ce genre d’allégations étaient réfutées avec le plus grand sérieux du côté luthérien.</span></p> <p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">On ne note en revanche aucun soutien dans l’affaire de Bohême, où l’un des dirigeants de l’Union, l’électeur palatin calviniste Frédéric V, est élu roi et doit s’opposer aux attaques habsbourgeoises et ligueuses. Dans la mesure où l’Union, à forte majorité luthérienne, et la Ligue concluent en 1620 un pacte de non-agression excluant la Bohême, cela laisse les mains libres à l’empereur et à la Ligue pour renverser Frédéric après la bataille de la Montagne blanche. Strasbourg se retirera la même année de l’Union et se proclamera désormais neutre, ce qui explique l’inexistence de tout écrit pamphlétaire, alors que les pamphlets sont nombreux dans d’autres villes de l’Empire, sauf que, tout au long du siècle, l’orthodoxie luthérienne strasbourgeoise concentrera ses foudres contre la petite minorité calviniste de la ville. Ce retrait peu glorieux vaudra à la ville la transformation de la Haute École en Université en 1621 par l’empereur Ferdinand II, chantre de la Contre-Réforme… À partir de 1631, lorsque les troupes suédoises occupent la majeure partie de l’Alsace, de nombreuses feuilles volantes imprimées à Nuremberg, à Augsbourg ou à Leipzig célèbrent les victoires de la coalition protestante menée par la Suède et héroïsent Gustave Adolphe comme sauveur du protestantisme allemand. Une seule feuille strasbourgeoise, intitulée ''Geistlicher Eckstein&nbsp;: und ewigwärendes Liecht'', a très probablement été réalisée et imprimée par le graveur et éditeur Jacob von der Heyden en 1632 (Ill. 3). Dans une mise en scène antithétique, elle présente une des nombreuses variations entre le Bien (le protestantisme) et le Mal (le catholicisme), Gustave Adolphe, envoyé par le ciel, protégeant la pierre angulaire, c’est-à-dire l’Évangile et la Lumière du monde, le Christ contre les agissements des troupes de l’Antéchrist, donc le pape qui célèbre la messe dans son temple. Le fait qu’il s’agisse des Jésuites n’est pas anodin, car cela évite d’attaquer l’Empereur de front, réduisant ainsi l’affrontement à une guerre de religion en évacuant le politique. Par ailleurs, après la mort de Gustave Adolphe à Lützen en novembre 1632, au moins deux feuilles volantes strasbourgeoises célébreront le héros, mais la polémique se tient là dans les limites d’un hommage funèbre. Retenons aussi le curieux libelle du pasteur de Bischheim et de Hoenheim, Israel Murschel, ''Fatotum Romae papalis Apocalypsis'', publié par Caspar Diezel en 1634 et préfacé par deux sommités théologiques strasbourgeoises. Il conclut que bien des signes montrent que la fin du papisme est proche, grâce à Gustave Adolphe, comparé à Moïse, et au chancelier Oxenstierna, fédérateur des forces protestantes en Allemagne.</span></p>
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== <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">''L’annexion au royaume de France et ses prémisses''</span> ==
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<p style="text-align: justify;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Il n’y a pas grand-chose à signaler jusqu’à la fin de la guerre de Trente Ans et après les traités de Westphalie, dont les articles contradictoires concernant l’Alsace ont certes été souvent commentés et attaqués par de nombreux pamphlétaires allemands, mais sans qu’on puisse relever de publications strasbourgeoises à ce sujet, étant entendu qu’il est fort possible qu’il y en ait sans mention de lieu ni d’imprimeur, pratique courante dans les périodes de tension. On peut cependant relever qu’on trouve dans les années 1670 plusieurs éloges de la constitution strasbourgeoise, dont l’une due à Matthias Bernegger, publiée par son fils Johann Caspar, qui avait été délégué de Strasbourg à Münster en 1648 et a essayé par voie diplomatique de conserver non seulement l’indépendance de Strasbourg, mais aussi celle de la Décapole. Mais malgré les efforts des diplomates impériaux et des envoyés alsaciens aux différents congrès et diètes et les affirmations réitérées de fidélité à l’Empire des villes de la Décapole et de Strasbourg, qui se faisait de moins en moins d’illusions à ce sujet, ce fut le plus fort, c’est-dire Louis XIV, qui l’emporta. On relèvera simplement, publié en 1678, sans lieu d’édition, un brûlot anti-français très violent d’un certain Bartholomeus Threnemann (ce qui est sans doute un pseudonyme parlant), «&nbsp;geboreren (sic) Elsasser, itzo von den grausamen Frantzosen vertriebenen Exulanten&nbsp;», dont le titre débute par ''Der Französische Mord-Brenner''… et dans lequel les Français sont accusés de tous les vices et crimes. Une dernière réaction anonyme avant l’annexion, apparemment publiée à Strasbourg, en allemand, mais aussi en français, en 1680, ''Kurtze und gründliche Deduktion''…,''conteste la légalité de la confiscation des territoires ruraux de la ville. Mais c’était un baroud d’honneur et ce furent évidemment des pamphlétaires d’autres régions de l’Empire qui continuèrent le combat scripturaire contre la France.''</span></p>
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Bibliographie</span> =
  
= <span style="font-family:">Le XVI<sup>e</sup> siècle</span> =
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">GFRÖRER (Eduard), ''Strassburger Kapitelstreit und bischöflicher Krieg im Spiegel der elsässischen Flugschriften-Literatur 1569-1618'', Strasbourg, 1906.</span></span>
  
<span style="font-family:">Avant les débuts de la Réforme, on peut difficilement parler de pamphlets, même s’il existe des écrits polémiques tels que les échanges entre Wimpheling et Murner sur les origines de l’Alsace&nbsp;; de même ''La nef des fous'' de Brant ou les ouvrages de Murner antérieurs à la Réforme sont des satires, parfois virulentes, contre les mœurs du temps mais restent à l’intérieur du système de croyances médiéval. Seules les ''Epistolae obscurorum virorum'', satires contre les théologiens scolastiques, dont la première édition provient de l’imprimerie de Heinrich Gran à Haguenau (1515), annoncent ce qui va suivre quelques années plus tard, mais cela reste une attaque en latin de jeunes humanistes, qui ne dépassera guère les cercles lettrés.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">ADAM (Johann), ''Evangelische Kirchengeschichte der Stadt Strassburg bis zur Franzœsischen Revolution'', Strasbourg, 1922.</span></span>
  
== ''<span style="font-family:">La Réforme&nbsp;: disputes théologiques et polémiques</span>'' ==
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">RITTER (François), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace au 16<sup>e</sup> siècle de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg'', 4 vol., Strasbourg, 1937-1957.</span>
  
<span style="font-family:">C’est bien à partir de 1520 que les partisans et adversaires de Luther commencent à s’invectiver, les plus productifs dans les premières années étant d’une part Hutten et de l’autre Murner et Cochlaeus, publiés exclusivement par le seul imprimeur strasbourgeois qui restera fidèle à l’ancienne Eglise, Johannes Grüninger, les autres passant très vite du côté de Luther et de ses compagnons de lutte. On peut noter d’emblée que Grüninger continuera à publier des polémistes catholiques jusqu’en 1529, date du passage officiel de la ville à la Réforme, notamment de nombreux écrits antizwingliens du théologien catholique suisse Johann Buchstab, qui ne trouvait pas d’éditeur en Suisse.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">RITTER (François), ''Catalogue des livres du XVI<sup>e</sup> siècle ne figurant pas à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg'', Strasbourg, 1960.</span>
  
<span style="font-family:">On ne peut guère traiter de pamphlets les écrits de Luther, même quand ils traitent le pape d’Antéchrist, dans la mesure où il s’agit d’écrits «&nbsp;officiels&nbsp;», généralement plus longs que les pamphlets et comportant le nom de l’auteur, le lieu d’impression et presque toujours le nom de l’imprimeur. Notons aussi d’emblée que les autres centres d’imprimerie en Alsace, Colmar, Haguenau et Sélestat, ont très peu contribué à la littérature polémique&nbsp;; ce qui va suivre concerne donc presque exclusivement ce qui est sorti des presses strasbourgeoises.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">LIENHARD (Marc), «&nbsp;Strasbourg et la guerre des pamphlets&nbsp;», ''Grandes figures de l’humanisme alsacien. Courants, milieux, destins'', Société savante d’Alsace et des régions de l’Est. Collection Grandes Publications, t. XIV, Strasbourg, 1978, p. 127-134.</span>
  
<span style="font-family:">On remarquera d’abord que, contrairement à d’autres grands centres éditoriaux, Augsbourg, Bâle ou Nuremberg, il y a fort peu de feuilles volantes polémiques à Strasbourg dans les premières décennies de la Réforme. On pourrait évidemment retenir le ''Portrait de Luther à la colombe du Saint-Esprit'' de Hans Baldung Grien, édité une première fois en tant qu’image de titre d’un compte-rendu de la comparution de Luther à Worms par Johann Schott en 1521 et qui a visiblement eu tant de succès que le même imprimeur l’a réédité en feuille volante la même année, mais est-ce vraiment une image polémique ? Il faut cependant évoquer une feuille volante illustrée éditée en 1529, probablement par Balthasar Beck, un des imprimeurs proches des dissidents (bien qu’elle ne soit pas répertoriée dans les différentes bibliographies), et qui est sans doute la première affirmation explicite de l’antitrinitarisme, le texte étant en grande partie l’œuvre de Ludwig Hätzer, exécuté peu de temps avant à Constance, officiellement pour bigamie, en réalité pour antitrinitarisme. C’est aussi une des toutes premières fois dans l’iconographie chrétienne que Dieu est figuré par les quatre lettres de son nom en hébreu YHVH.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">ROTT (Jean), KOCH (Gustave), «&nbsp;De quelques pamphlétaires nobles&nbsp;: I. Hutten, Cronberg et Mathias Wurm von Geudertheim (Jean Rott) – II. Eckhart zum Drübel (Gustave Koch)&nbsp;», ''Grandes figures de l’humanisme alsacien…,'' p. 135-151.</span>
  
<span style="font-family:">La grande majorité des pamphlets des premiers temps de la Réforme sont l’œuvre de Murner d’une part et des partisans de Luther d’autre part, qui sont souvent anonymes dans les premières années, les autorités strasbourgeoises restant fort prudentes jusqu’en 1524 au moins. À titre d’exemples, les deux pamphlets parus en 1521 et ayant eu visiblement le plus de succès, le ''Karsthans'' et le ''Murnarus Leviathan'', représentent en illustration de titre respectivement Murner à tête de chat et le même en dragon monstrueux combattu par Luther. Murner répliquera avec verve en 1522 par son ''Von dem grossen Lutherischen Narren'', bientôt interdit par les autorités. Toujours en 1521, Knobloch publie une copie du ''Passional Christi et Antichristi'', série d’images antithétiques opposant les actes du Christ et ceux de l’Antéchrist (le pape évidemment), copiée et augmentée de deux images sur l’original de Wittenberg dû à la collaboration de Cranach, de Melanchthon et d’un autre ami de Luther&nbsp;; à la fin de la série, comme on peut s’en douter, Jésus monte au ciel et le pape est entraîné en enfer, motif qui resservira souvent dans l’image et dans l’écrit. Cette même année, quatre imprimeurs strasbourgeois, dont Grüninger, publient un libelle en latin et en allemand, écrit sous un pseudonyme et intitulé ''Passion'' ''Dr. Martin Luthers'', qui compare les tribulations de Luther à Worms à la Passion du Christ, avec, en annexe, un dialogue entre Karsthans et Kegelhans.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">LIENHARD (Marc), «&nbsp;Mentalité populaire, gens d’Église et mouvement évangélique à Strasbourg en 1522-1523&nbsp;: le pamphlet «&nbsp;Ein brüderlich warnung an meister Mathis…&nbsp;» de Steffan von Büllheim&nbsp;», ''Horizons européens de la Réforme en Alsace, Mélanges offerts à Jean Rott pour son 65<sup>e</sup> anniversaire'', Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, Collection Grandes Publications, t. XVII, Strasbourg, 1980, p. 37-62.</span>
  
<span style="font-family:">Mais il faut aussi signaler les pamphlets violemment antipapistes du chevalier-poète Ulrich von Hutten, publiés à Strasbourg et à Sélestat dès 1520. La gravure de la page de titre, due à Hans Baldung, de son ''Gespräch büchlin'', recueil de dialogues anticléricaux, édité par J. Schott en 1521, met Luther et Hutten en parallèle et montre Dieu appelant les chevaliers au combat contre les clercs (Ill. 1). Après la mort de Hutten en 1523, Otto Brunfels publiera en 1524, toujours chez Schott, une défense de celui-ci contre les attaques d’Erasme et plus tard (vers 1535), Jacob Cammerlander sera le seul à republier deux écrits polémiques du chevalier. Notons aussi que, chose assez rare, deux chevaliers alsaciens, Mathias Wurm von Geudertheim et Eckhart zum Drübel vont confier aux imprimeurs strasbourgeois plusieurs pamphlets anticatholiques contre l’excommunication, les vœux monastiques, les questions d’argent, etc.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">BENZING (Josef), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome I, Baden-Baden, 1981 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 80].</span>
  
<span style="font-family:">Un rare exemple d’écrit polémique en anglais, publié par Schott en 1528, est celui de deux anciens moines franciscains passés à la Réforme et réfugiés à Strasbourg. Sous le couvert de l’anonymat, ils attaquent avec virulence le pape («&nbsp;Pope Clemente, the sonne of a whoore&nbsp;») et le cardinal Wolsey, Lord chancelier d’Angleterre. Due à Heinrich Vogtherr l’Ancien, un des principaux illustrateurs de la Réforme à Strasbourg, la gravure de titre présente les pseudo-armoiries du cardinal, avec des hachoirs sanguinolents et des têtes de bœuf, allusions au fait que Wolsey était fils de boucher et aussi persécuteur des premiers protestants anglais.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">MULLER (Jean), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome II, Baden-Baden, 1981 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 90].</span>
  
<span style="font-family:">À partir des années 1524-1525, on note moins de pamphlets proprement dits, mais plusieurs imprimeurs, comme Johann Prüss, Johann Schwan, Balthasar Beck, Peter Schoeffer sympathisent visiblement avec ceux qu’on appellera plus tard des dissidents (anabaptistes, spiritualistes, antitrinitaires), publiant d’abord des écrits de Karlstadt et de Clemens Ziegler, puis de Hans Denck, Hans Hut, Johannes Bünderlin, Melchior Hoffman et Caspar von Schwenckfeld, œuvres qu’on ne peut pas vraiment qualifier de pamphlets, mais qui s’élèvent toutes contre certaines conceptions de la nouvelle Église qui est en train de se constituer. Par ailleurs, l’imprimeur Jacob Cammerlander publie également des écrits dissidents dans les années 1531-1533 et éditera ensuite quelques petits pamphlets anticatholiques, souvent illustrés&nbsp;; citons, par exemple, une ''Practica der Pfaffen'', pseudo prophétie censée avoir été imprimée sur le ''Campoflor'', c’est-à-dire le Campo de Fiori à Rome, et plusieurs fois rééditée, mais aussi des satires de Murner sur les fous, antérieurs évidemment aux débuts de la Réforme, ainsi qu’une ''Newe Zeittung'' (1546), due au peintre et politicien bernois Niklaus Manuel, qui doit donner des «&nbsp;nouvelles&nbsp;» du pape et du Vatican, puisqu’elle a été prétendument publiée par le Dr. Meß-Ancken sur le mont Palatin !</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="EN-US">CHRISMAN (Miriam Usher), ''Bibliography of Strasbourg Imprints, 1480-1599'', New Haven-Londres, Yale University Press, 1982.</span></span>
  
== ''<span style="font-family:">Les activités multiformes de Fischart</span>'' ==
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">BETZ (Jacques), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVII<sup>e</sup> siècle'', tome VII,''Alsace'', Baden-Baden, 1984 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 92].</span>
  
<span style="font-family:">Et puis le flot semble bien se tarir de la fin des années 1540 jusqu’aux années 1570, même s’il y a pu avoir des pertes, notamment dans les feuilles volantes (la même remarque peut être faite pour le XVII<sup>e</sup> siècle, comme on le verra). En réalité, ce n’est guère étonnant dans la mesure où la paix d’Augsbourg de 1555 établit l’équilibre confessionnel dans l’Empire pour un bon moment et où les voix dissidentes se taisent pratiquement&nbsp;; à Strasbourg, le luthéranisme orthodoxe a pris le dessus et les attaques anticatholiques se font rares. On peut juste signaler un libelle antijuif d’un certain Heinrich Schrötter, ''Etliche… Erzbubenstücke der von Gott verblendten Juden'', publié par Thiebold Berger en 1563&nbsp;; Fischart ira plus loin encore dans l’abjection quelques années plus tard, en rapportant qu’une juive avait donné naissance à deux porcelets. Mais c’est dans les années 1570 que ce même Fischart – qui se donne toutes sortes de pseudonymes, par exemple Jesuwalt Pickhart – et Tobias Stimmer pour l’illustration réaliseront quelques feuilles volantes anticatholiques d’une ironie féroce envers l’Église catholique, publiées par Bernhart Jobin. Il suffit de mentionner ici la plus remarquable, le ''Gorgonisch Meduse Kopf ''(1577), aussi nommé''Gorgoneum caput'' dans une autre édition, qui est un extraordinaire «&nbsp;portrait&nbsp;» du pape à la manière d’Arcimboldo (Ill. 2).</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="DE">HARMS (Wolfgang) (éd.), ''Deutsche illustrierte Flugblätter des 16. und 17.''</span>''<span lang="EN-US">Jahrhunderts</span>''<span lang="EN-US">, 7 vol., Tübingen, 1985-1997.</span></span>
  
<span style="font-family:">À la toute fin du siècle, la Guerre des évêques mobilise encore des pamphlétaires catholiques et protestants, mais il est souvent difficile de connaître les imprimeurs et donc les lieux d’édition, et une partie de ces écrits sont plutôt informatifs, même s’ils sont orientés. Notons aussi que certains écrits retracent de façon polémique des événements extérieurs comme la Saint-Barthélemy ou la lutte des Anciens Pays-Bas contre l’Espagne. Ainsi, un des principaux écrits anticatholiques de cette période, ''De bijencorf der H. Roomsche Kercke'' (La Ruche de la Sainte Église romaine), due à un des compagnons de Guillaume d’Orange, Marnix de Sainte-Aldegonde, est traduit en allemand par Fischart en 1579 et réédité à quatre reprises par Jobin. Sous le pseudonyme d’Alonicum Meliphrona Theutofrancum, Fischart traduira aussi en allemand un libelle antipapiste du calviniste François Hotman en 1586 et publiera deux ans après sous un autre pseudonyme un rapport jubilatoire sur la défaite de l’Invincible Armada, censé avoir été imprimé par Sixte VI !</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;"><span lang="EN-US">PAAS (John R.), ''The German Political Broadsheet 1600-1700'', 14 vol., 1985-2017.</span></span>
  
= <span style="font-family:">Le XVII<sup>e</sup> siècle</span> =
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">MULLER (Jean), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome III, Baden-Baden, 1986 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 105].</span>
  
== ''<span style="font-family:">Neutralité strasbourgeoise et relative abstention pamphlétaire</span>'' ==
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">SCHILLINGER (Jean), ''Les pamphlétaires allemands et la France de Louis XIV'', Berne, 1999.</span>
  
<span style="font-family:">De façon assez étonnante à première vue, le nombre de pamphlets et de feuilles volantes polémiques est nettement plus minime qu’au siècle précédent, alors même que l’histoire de l’Alsace et notamment de Strasbourg, qui reste pratiquement le seul lieu d’imprimerie, est tout sauf un long fleuve tranquille, la guerre de Trente Ans, puis l’annexion française impactant très fortement la région. En fait, s’agissant principalement de Strasbourg, ce peu de matière reflète la perte d’influence politique de la ville, réduite jusqu’à l’annexion française à une peu glorieuse neutralité, dont elle ne sortira quelque peu que dans les années 1631-1634, lorsqu’elle acceptera l’alliance suédoise, tout en restant fort prudente. Il faut dire, d’autre part, que les bibliographies habituelles par imprimeurs ne recensent que fort peu de feuilles volantes, l’imprimeur étant rarement mentionné&nbsp;; mais même les recueils spécialisés de feuilles volantes n’en contiennent qu’assez peu de provenance strasbourgeoise.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">MULLER (Frank), ''Images polémiques, images dissidentes. Art et Réforme à Strasbourg (1520-vers 1550)'', Baden-Baden, 2017.</span>
  
<span style="font-family:">De façon chronologique, après la Guerre des évêques évoquée plus haut, on ne trouve aucun libelle qui prenne position dans la création de l’Union protestante en 1608, ligue défensive à laquelle Strasbourg adhérera l’année suivante. C’est aussi en 1609 que se crée la Ligue catholique, menée notamment par le duc de Bavière Maximilien. Dans un contexte de plus en plus troublé, on ne trouve guère que quelques écrits des années 1617-1619 où, à l’occasion du centenaire de la Réforme, vont paraître quelques feuilles virulentes venant des Jésuites de Molsheim, auxquelles répondront des libelles de professeurs strasbourgeois. Le summum est certainement, en 1618, l’écrit du recteur du collège des Jésuites, Peter Roest, intitulé ''Pseudo-iubilaeum … ob memoriam M. Lutheri, Aposttatae scelestissimi (sic)…'', où l’auteur soutient que le père de Luther était un succube et sa mère une prostituée du diable, qui lui a conféré un baptême diabolique&nbsp;; d’ailleurs, à la diète d’Augsbourg de 1518, l’empereur Maximilien aurait vu un diable perché sur les épaules de Luther, etc… Bucer en prend aussi pour son grade, puisque, quoiqu’incroyant, il est mort en juif pieux et aurait circoncis lui-même son fils. Inutile de dire que ce genre d’allégations étaient réfutées avec le plus grand sérieux du côté luthérien.</span>
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= <span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">Notices annexes</span> =
  
<span style="font-family:">On ne note en revanche aucun soutien dans l’affaire de Bohême, où l’un des dirigeants de l’Union, l’électeur palatin calviniste Frédéric V, est élu roi et doit s’opposer aux attaques habsbourgeoises et ligueuses. Dans la mesure où l’Union, à forte majorité luthérienne, et la Ligue concluent en 1620 un pacte de non-agression excluant la Bohême, cela laisse les mains libres à l’empereur et à la Ligue pour renverser Frédéric après la bataille de la Montagne blanche. Strasbourg se retirera la même année de l’Union et se proclamera désormais neutre, ce qui explique l’inexistence de tout écrit pamphlétaire, alors que les pamphlets sont nombreux dans d’autres villes de l’Empire, sauf que, tout au long du siècle, l’orthodoxie luthérienne strasbourgeoise concentrera ses foudres contre la petite minorité calviniste de la ville. Ce retrait peu glorieux vaudra à la ville la transformation de la Haute École en Université en 1621 par l’empereur Ferdinand II, chantre de la Contre-Réforme… À partir de 1631, lorsque les troupes suédoises occupent la majeure partie de l’Alsace, de nombreuses feuilles volantes imprimées à Nuremberg, à Augsbourg ou à Leipzig célèbrent les victoires de la coalition protestante menée par la Suède et héroïsent Gustave Adolphe comme sauveur du protestantisme allemand. Une seule feuille strasbourgeoise, intitulée ''Geistlicher Eckstein&nbsp;: und ewigwärendes Liecht'', a très probablement été réalisée et imprimée par le graveur et éditeur Jacob von der Heyden en 1632 (Ill. 3). Dans une mise en scène antithétique, elle présente une des nombreuses variations entre le Bien (le protestantisme) et le Mal (le catholicisme), Gustave Adolphe, envoyé par le ciel, protégeant la pierre angulaire, c’est-à-dire l’Évangile et la Lumière du monde, le Christ contre les agissements des troupes de l’Antéchrist, donc le pape qui célèbre la messe dans son temple. Le fait qu’il s’agisse des Jésuites n’est pas anodin, car cela évite d’attaquer l’Empereur de front, réduisant ainsi l’affrontement à une guerre de religion en évacuant le politique. Par ailleurs, après la mort de Gustave Adolphe à Lützen en novembre 1632, au moins deux feuilles volantes strasbourgeoises célébreront le héros, mais la polémique se tient là dans les limites d’un hommage funèbre. Retenons aussi le curieux libelle du pasteur de Bischheim et de Hoenheim, Israel Murschel, ''Fatotum Romae papalis Apocalypsis'', publié par Caspar Diezel en 1634 et préfacé par deux sommités théologiques strasbourgeoises. Il conclut que bien des signes montrent que la fin du papisme est proche, grâce à Gustave Adolphe, comparé à Moïse, et au chancelier Oxenstierna, fédérateur des forces protestantes en Allemagne.</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">[[Droit_et_histoire_des_femmes|Femmes]]</span>
  
== ''<span style="font-family:">L’annexion au royaume de France et ses prémisses</span>'' ==
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">[[Gazettes|Gazettes]]</span>
  
<span style="font-family:">Il n’y a pas grand-chose à signaler jusqu’à la fin de la guerre de Trente Ans et après les traités de Westphalie, dont les articles contradictoires concernant l’Alsace ont certes été souvent commentés et attaqués par de nombreux pamphlétaires allemands, mais sans qu’on puisse relever de publications strasbourgeoises à ce sujet, étant entendu qu’il est fort possible qu’il y en ait sans mention de lieu ni d’imprimeur, pratique courante dans les périodes de tension. On peut cependant relever qu’on trouve dans les années 1670 plusieurs éloges de la constitution strasbourgeoise, dont l’une due à Matthias Bernegger, publiée par son fils Johann Caspar, qui avait été délégué de Strasbourg à Münster en 1648 et a essayé par voie diplomatique de conserver non seulement l’indépendance de Strasbourg, mais aussi celle de la Décapole. Mais malgré les efforts des diplomates impériaux et des envoyés alsaciens aux différents congrès et diètes et les affirmations réitérées de fidélité à l’Empire des villes de la Décapole et de Strasbourg, qui se faisait de moins en moins d’illusions à ce sujet, ce fut le plus fort, c’est-à-dire Louis XIV, qui l’emporta. On relèvera simplement, publié en 1678, sans lieu d’édition, un brûlot anti-français très violent d’un certain Bartholomeus Threnemann (ce qui est sans doute un pseudonyme parlant), «&nbsp;geboreren (sic) Elsasser, itzo von den grausamen Frantzosen vertriebenen Exulanten&nbsp;», dont le titre débute par ''Der Französische Mord-Brenner''… et dans lequel les Français sont accusés de tous les vices et crimes. Une dernière réaction anonyme avant l’annexion, apparemment publiée à Strasbourg, en allemand, mais aussi en français, en 1680, ''Kurtze und gründliche Deduktion''…,''conteste la légalité de la confiscation des territoires ruraux de la ville. Mais c’était un baroud d’honneur et ce furent évidemment des pamphlétaires d’autres régions de l’Empire qui continuèrent le combat scripturaire contre la France.''</span>
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">[[Images|Images ]];&nbsp;[[Imprimerie|Imprimerie]]</span>
  
= <span style="font-family:">Bibliographie</span> =
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<span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">[[Librairie_(commerce)|Librairie]]</span>
 
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<p style="text-align: right;"><span style="font-family:Times New Roman,Times,serif;">'''Franck Muller'''</span></p>   
<span lang="DE" style="font-family:">GFRÖRER (Eduard), ''Strassburger Kapitelstreit und bischöflicher Krieg im Spiegel der elsässischen Flugschriften-Literatur 1569-1618'', Strasbourg, 1906.</span>
 
 
 
<span lang="DE" style="font-family:">ADAM (Johann), ''Evangelische Kirchengeschichte der Stadt Strassburg bis zur Franzœsischen Revolution'', Strasbourg, 1922.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">RITTER (François), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en Alsace au 16<sup>e</sup> siècle de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg'', 4 vol., Strasbourg, 1937-1957.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">RITTER (François), ''Catalogue des livres du XVI<sup>e</sup> siècle ne figurant pas à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg'', Strasbourg, 1960.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">LIENHARD (Marc), «&nbsp;Strasbourg et la guerre des pamphlets&nbsp;», ''Grandes figures de l’humanisme alsacien. Courants, milieux, destins'', Société savante d’Alsace et des régions de l’Est. Collection Grandes Publications, t. XIV, Strasbourg, 1978, p. 127-134.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">ROTT (Jean), KOCH (Gustave), «&nbsp;De quelques pamphlétaires nobles&nbsp;: I. Hutten, Cronberg et Mathias Wurm von Geudertheim (Jean Rott) – II. Eckhart zum Drübel (Gustave Koch)&nbsp;», ''Grandes figures de l’humanisme alsacien…,'' p. 135-151.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">LIENHARD (Marc), «&nbsp;Mentalité populaire, gens d’Église et mouvement évangélique à Strasbourg en 1522-1523&nbsp;: le pamphlet «&nbsp;Ein brüderlich warnung an meister Mathis…&nbsp;» de Steffan von Büllheim&nbsp;», ''Horizons européens de la Réforme en Alsace, Mélanges offerts à Jean Rott pour son 65<sup>e</sup> anniversaire'', Société savante d’Alsace et des régions de l’Est, Collection Grandes Publications, t. XVII, Strasbourg, 1980, p. 37-62.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">BENZING (Josef), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome I, Baden-Baden, 1981 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 80].</span>
 
 
 
<span style="font-family:">MULLER (Jean), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome II, Baden-Baden, 1981 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 90].</span>
 
 
 
<span lang="EN-US" style="font-family:">CHRISMAN (Miriam Usher), ''Bibliography of Strasbourg Imprints, 1480-1599'', New Haven-Londres, Yale University Press, 1982.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">BETZ (Jacques), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVII<sup>e</sup> siècle'', tome VII,''Alsace'', Baden-Baden, 1984 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 92].</span>
 
 
 
<span lang="DE" style="font-family:">HARMS (Wolfgang) (éd.), ''Deutsche illustrierte Flugblätter des 16. und 17.''</span>''<span lang="EN-US" style="font-family:">Jahrhunderts</span>''<span lang="EN-US" style="font-family:">, 7 vol., Tübingen, 1985-1997.</span>
 
 
 
<span lang="EN-US" style="font-family:">PAAS (John R.), ''The German Political Broadsheet 1600-1700'', 14 vol., 1985-2017.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">MULLER (Jean), ''Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 148&nbsp;: Bibliographie Strasbourgeoise'', tome III, Baden-Baden, 1986 [Bibliotheca bibliographica Aureliana 105].</span>
 
 
 
<span style="font-family:">SCHILLINGER (Jean), ''Les pamphlétaires allemands et la France de Louis XIV'', Berne, 1999.</span>
 
 
 
<span style="font-family:">MULLER (Frank), ''Images polémiques, images dissidentes. Art et Réforme à Strasbourg (1520-vers 1550)'', Baden-Baden, 2017.</span>
 
 
 
= Notices annexes =
 
 
 
[[Droit_et_histoire_des_femmes|<span style="font-family:">Femmes</span>]]
 
 
 
[[Gazettes|Gazettes]]
 
 
 
<span style="font-family:">[[Images|Images ]];&nbsp;[[Imprimerie|Imprimerie]]</span>
 
 
 
[[Librairie_(commerce)|<span style="font-family:">Librairie</span>]]
 
<p style="text-align: right;">'''<span style="font-family:">Franck Muller</span>'''</p>   
 
 
[[Category:P]] [[Category:Education, production intellectuelle et artistique]] [[Category:Société, culture, pratiques sociales, rites et coutumes]]
 
[[Category:P]] [[Category:Education, production intellectuelle et artistique]] [[Category:Société, culture, pratiques sociales, rites et coutumes]]

Version actuelle datée du 24 octobre 2024 à 13:46

Ces termes, comme leurs équivalents allemands plus vagues (Flugschrift et Flugblatt) ne sont véritablement employés qu’à partir du XIXe siècle, alors que les termes plus anciens de « pasquinade » ou de « Pasquill » en allemand ne recouvrent pas entièrement le propos des écrits polémiques et se traduiraient plutôt en termes contemporains par « satire ». D’autre part, le terme même de pamphlet est parfois utilisé de façon beaucoup trop extensive, comme dans le Catalogue of German Reformation Pamphlets (1516-1550) in Libraries of Alsace (Baden-Baden, Koerner, 2003), où l’auteur, Michael A. Pegg, recense l’ensemble des ouvrages théologiques et même historiques de la période, la plupart d’entre eux ne pouvant nullement être qualifiés de polémiques. De façon générale, la Flugschrift est, comme son nom l’indique de manière métaphorique, un écrit en principe assez court, de 4 à 12 pages (mais certains sont beaucoup plus longs) et de format quarto ou octavo, souvent pourvu d’une gravure de titre qui en synthétise l’intention. La forme littéraire la plus courante dans les premières années de la Réforme est le dialogue entre deux ou plusieurs personnages, les protagonistes qui s’opposent d’abord à celui qui porte les conceptions de l’auteur se ralliant à celles-ci à la fin. Enfin, ces écrits sont souvent anonymes ou publiés sous un pseudonyme (Fischart, par exemple, était coutumier du fait, avec une inventivité cocasse digne de ce Rabelais qu’il a traduite ou plutôt adaptée) et comportent rarement le nom de l’imprimeur et le lieu d’impression, pour empêcher les poursuites ; il n’est d’ailleurs pas rare qu’ils soient censés avoir été imprimés au Vatican ! Il en est de même pour les feuilles volantes, souvent illustrées elles aussi, et appelées parfois placards pour souligner la possibilité de les afficher ; il semble toutefois qu’elles étaient souvent distribuées à ceux dont l’auteur ou l’imprimeur pensaient qu’ils sympathiseraient avec le contenu.

Le XVIe siècle

Avant les débuts de la Réforme, on peut difficilement parler de pamphlets, même s’il existe des écrits polémiques tels que les échanges entre Wimpheling et Murner sur les origines de l’Alsace ; de même La nef des fous de Brant ou les ouvrages de Murner antérieurs à la Réforme sont des satires, parfois virulentes, contre les mœurs du temps mais restent à l’intérieur du système de croyances médiéval. Seules les Epistolae obscurorum virorum, satires contre les théologiens scolastiques, dont la première édition provient de l’imprimerie de Heinrich Gran à Haguenau (1515), annoncent ce qui va suivre quelques années plus tard, mais cela reste une attaque en latin de jeunes humanistes, qui ne dépassera guère les cercles lettrés.

La Réforme : disputes théologiques et polémiques

C’est bien à partir de 1520 que les partisans et adversaires de Luther commencent à s’invectiver, les plus productifs dans les premières années étant d’une part Hutten et de l’autre Murner et Cochlaeus, publiés exclusivement par le seul imprimeur strasbourgeois qui restera fidèle à l’ancienne Eglise, Johannes Grüninger, les autres passant très vite du côté de Luther et de ses compagnons de lutte. On peut noter d’emblée que Grüninger continuera à publier des polémistes catholiques jusqu’en 1529, date du passage officiel de la ville à la Réforme, notamment de nombreux écrits antizwingliens du théologien catholique suisse Johann Buchstab, qui ne trouvait pas d’éditeur en Suisse.

On ne peut guère traiter de pamphlets les écrits de Luther, même quand ils traitent le pape d’Antéchrist, dans la mesure où il s’agit d’écrits « officiels », généralement plus longs que les pamphlets et comportant le nom de l’auteur, le lieu d’impression et presque toujours le nom de l’imprimeur. Notons aussi d’emblée que les autres centres d’imprimerie en Alsace, Colmar, Haguenau et Sélestat, ont très peu contribué à la littérature polémique ; ce qui va suivre concerne donc presque exclusivement ce qui est sorti des presses strasbourgeoises.

On remarquera d’abord que, contrairement à d’autres grands centres éditoriaux, Augsbourg, Bâle ou Nuremberg, il y a fort peu de feuilles volantes polémiques à Strasbourg dans les premières décennies de la Réforme. On pourrait évidemment retenir le Portrait de Luther à la colombe du Saint-Esprit de Hans Baldung Grien, édité une première fois en tant qu’image de titre d’un compte-rendu de la comparution de Luther à Worms par Johann Schott en 1521 et qui a visiblement eu tant de succès que le même imprimeur l’a réédité en feuille volante la même année, mais est-ce vraiment une image polémique ? Il faut cependant évoquer une feuille volante illustrée éditée en 1529, probablement par Balthasar Beck, un des imprimeurs proches des dissidents (bien qu’elle ne soit pas répertoriée dans les différentes bibliographies), et qui est sans doute la première affirmation explicite de l’antitrinitarisme, le texte étant en grande partie l’œuvre de Ludwig Hätzer, exécuté peu de temps avant à Constance, officiellement pour bigamie, en réalité pour antitrinitarisme. C’est aussi une des toutes premières fois dans l’iconographie chrétienne que Dieu est figuré par les quatre lettres de son nom en hébreu YHVH.

La grande majorité des pamphlets des premiers temps de la Réforme sont l’œuvre de Murner d’une part et des partisans de Luther d’autre part, qui sont souvent anonymes dans les premières années, les autorités strasbourgeoises restant fort prudentes jusqu’en 1524 au moins. À titre d’exemples, les deux pamphlets parus en 1521 et ayant eu visiblement le plus de succès, le Karsthans et le Murnarus Leviathan, représentent en illustration de titre respectivement Murner à tête de chat et le même en dragon monstrueux combattu par Luther. Murner répliquera avec verve en 1522 par son Von dem grossen Lutherischen Narren, bientôt interdit par les autorités. Toujours en 1521, Knobloch publie une copie du Passional Christi et Antichristi, série d’images antithétiques opposant les actes du Christ et ceux de l’Antéchrist (le pape évidemment), copiée et augmentée de deux images sur l’original de Wittenberg dû à la collaboration de Cranach, de Melanchthon et d’un autre ami de Luther ; à la fin de la série, comme on peut s’en douter, Jésus monte au ciel et le pape est entraîné en enfer, motif qui resservira souvent dans l’image et dans l’écrit. Cette même année, quatre imprimeurs strasbourgeois, dont Grüninger, publient un libelle en latin et en allemand, écrit sous un pseudonyme et intitulé Passion Dr. Martin Luthers, qui compare les tribulations de Luther à Worms à la Passion du Christ, avec, en annexe, un dialogue entre Karsthans et Kegelhans.

Mais il faut aussi signaler les pamphlets violemment antipapistes du chevalier-poète Ulrich von Hutten, publiés à Strasbourg et à Sélestat dès 1520. La gravure de la page de titre, due à Hans Baldung, de son Gespräch büchlin, recueil de dialogues anticléricaux, édité par J. Schott en 1521, met Luther et Hutten en parallèle et montre Dieu appelant les chevaliers au combat contre les clercs (Ill. 1). Après la mort de Hutten en 1523, Otto Brunfels publiera en 1524, toujours chez Schott, une défense de celui-ci contre les attaques d’Erasme et plus tard (vers 1535), Jacob Cammerlander sera le seul à republier deux écrits polémiques du chevalier. Notons aussi que, chose assez rare, deux chevaliers alsaciens, Mathias Wurm von Geudertheim et Eckhart zum Drübel vont confier aux imprimeurs strasbourgeois plusieurs pamphlets anticatholiques contre l’excommunication, les vœux monastiques, les questions d’argent, etc.

Un rare exemple d’écrit polémique en anglais, publié par Schott en 1528, est celui de deux anciens moines franciscains passés à la Réforme et réfugiés à Strasbourg. Sous le couvert de l’anonymat, ils attaquent avec virulence le pape (« Pope Clemente, the sonne of a whoore ») et le cardinal Wolsey, Lord chancelier d’Angleterre. Due à Heinrich Vogtherr l’Ancien, un des principaux illustrateurs de la Réforme à Strasbourg, la gravure de titre présente les pseudo-armoiries du cardinal, avec des hachoirs sanguinolents et des têtes de bœuf, allusions au fait que Wolsey était fils de boucher et aussi persécuteur des premiers protestants anglais.

À partir des années 1524-1525, on note moins de pamphlets proprement dits, mais plusieurs imprimeurs, comme Johann Prüss, Johann Schwan, Balthasar Beck, Peter Schoeffer sympathisent visiblement avec ceux qu’on appellera plus tard des dissidents (anabaptistes, spiritualistes, antitrinitaires), publiant d’abord des écrits de Karlstadt et de Clemens Ziegler, puis de Hans Denck, Hans Hut, Johannes Bünderlin, Melchior Hoffman et Caspar von Schwenckfeld, œuvres qu’on ne peut pas vraiment qualifier de pamphlets, mais qui s’élèvent toutes contre certaines conceptions de la nouvelle Église qui est en train de se constituer. Par ailleurs, l’imprimeur Jacob Cammerlander publie également des écrits dissidents dans les années 1531-1533 et éditera ensuite quelques petits pamphlets anticatholiques, souvent illustrés ; citons, par exemple, une Practica der Pfaffen, pseudo prophétie censée avoir été imprimée sur le Campoflor, c’est-à-dire le Campo de Fiori à Rome, et plusieurs fois rééditée, mais aussi des satires de Murner sur les fous, antérieurs évidemment aux débuts de la Réforme, ainsi qu’une Newe Zeittung (1546), due au peintre et politicien bernois Niklaus Manuel, qui doit donner des « nouvelles » du pape et du Vatican, puisqu’elle a été prétendument publiée par le Dr. Meß-Ancken sur le mont Palatin !

Les activités multiformes de Fischart

Et puis le flot semble bien se tarir de la fin des années 1540 jusqu’aux années 1570, même s’il y a pu avoir des pertes, notamment dans les feuilles volantes (la même remarque peut être faite pour le XVIIe siècle, comme on le verra). En réalité, ce n’est guère étonnant dans la mesure où la paix d’Augsbourg de 1555 établit l’équilibre confessionnel dans l’Empire pour un bon moment et où les voix dissidentes se taisent pratiquement ; à Strasbourg, le luthéranisme orthodoxe a pris le dessus et les attaques anticatholiques se font rares. On peut juste signaler un libelle antijuif d’un certain Heinrich Schrötter, Etliche… Erzbubenstücke der von Gott verblendten Juden, publié par Thiebold Berger en 1563 ; Fischart ira plus loin encore dans l’abjection quelques années plus tard, en rapportant qu’une juive avait donné naissance à deux porcelets. Mais c’est dans les années 1570 que ce même Fischart – qui se donne toutes sortes de pseudonymes, par exemple Jesuwalt Pickhart – et Tobias Stimmer pour l’illustration réaliseront quelques feuilles volantes anticatholiques d’une ironie féroce envers l’Église catholique, publiées par Bernhart Jobin. Il suffit de mentionner ici la plus remarquable, le Gorgonisch Meduse Kopf (1577), aussi nomméGorgoneum caput dans une autre édition, qui est un extraordinaire « portrait » du pape à la manière d’Arcimboldo (Ill. 2).

À la toute fin du siècle, la Guerre des évêques mobilise encore des pamphlétaires catholiques et protestants, mais il est souvent difficile de connaître les imprimeurs et donc les lieux d’édition, et une partie de ces écrits sont plutôt informatifs, même s’ils sont orientés. Notons aussi que certains écrits retracent de façon polémique des événements extérieurs comme la Saint-Barthélemy ou la lutte des Anciens Pays-Bas contre l’Espagne. Ainsi, un des principaux écrits anticatholiques de cette période, De bijencorf der H. Roomsche Kercke (La Ruche de la Sainte Église romaine), due à un des compagnons de Guillaume d’Orange, Marnix de Sainte-Aldegonde, est traduit en allemand par Fischart en 1579 et réédité à quatre reprises par Jobin. Sous le pseudonyme d’Alonicum Meliphrona Theutofrancum, Fischart traduira aussi en allemand un libelle antipapiste du calviniste François Hotman en 1586 et publiera deux ans après sous un autre pseudonyme un rapport jubilatoire sur la défaite de l’Invincible Armada, censé avoir été imprimé par Sixte VI !

Le XVIIe siècle

Neutralité strasbourgeoise et relative abstention pamphlétaire

De façon assez étonnante à première vue, le nombre de pamphlets et de feuilles volantes polémiques est nettement plus minime qu’au siècle précédent, alors même que l’histoire de l’Alsace et notamment de Strasbourg, qui reste pratiquement le seul lieu d’imprimerie, est tout sauf un long fleuve tranquille, la guerre de Trente Ans, puis l’annexion française impactant très fortement la région. En fait, s’agissant principalement de Strasbourg, ce peu de matière reflète la perte d’influence politique de la ville, réduite jusqu’à l’annexion française à une peu glorieuse neutralité, dont elle ne sortira quelque peu que dans les années 1631-1634, lorsqu’elle acceptera l’alliance suédoise, tout en restant fort prudente. Il faut dire, d’autre part, que les bibliographies habituelles par imprimeurs ne recensent que fort peu de feuilles volantes, l’imprimeur étant rarement mentionné ; mais même les recueils spécialisés de feuilles volantes n’en contiennent qu’assez peu de provenance strasbourgeoise.

De façon chronologique, après la Guerre des évêques évoquée plus haut, on ne trouve aucun libelle qui prenne position dans la création de l’Union protestante en 1608, ligue défensive à laquelle Strasbourg adhérera l’année suivante. C’est aussi en 1609 que se crée la Ligue catholique, menée notamment par le duc de Bavière Maximilien. Dans un contexte de plus en plus troublé, on ne trouve guère que quelques écrits des années 1617-1619 où, à l’occasion du centenaire de la Réforme, vont paraître quelques feuilles virulentes venant des Jésuites de Molsheim, auxquelles répondront des libelles de professeurs strasbourgeois. Le summum est certainement, en 1618, l’écrit du recteur du collège des Jésuites, Peter Roest, intitulé Pseudo-iubilaeum … ob memoriam M. Lutheri, Aposttatae scelestissimi (sic)…, où l’auteur soutient que le père de Luther était un succube et sa mère une prostituée du diable, qui lui a conféré un baptême diabolique ; d’ailleurs, à la diète d’Augsbourg de 1518, l’empereur Maximilien aurait vu un diable perché sur les épaules de Luther, etc… Bucer en prend aussi pour son grade, puisque, quoiqu’incroyant, il est mort en juif pieux et aurait circoncis lui-même son fils. Inutile de dire que ce genre d’allégations étaient réfutées avec le plus grand sérieux du côté luthérien.

On ne note en revanche aucun soutien dans l’affaire de Bohême, où l’un des dirigeants de l’Union, l’électeur palatin calviniste Frédéric V, est élu roi et doit s’opposer aux attaques habsbourgeoises et ligueuses. Dans la mesure où l’Union, à forte majorité luthérienne, et la Ligue concluent en 1620 un pacte de non-agression excluant la Bohême, cela laisse les mains libres à l’empereur et à la Ligue pour renverser Frédéric après la bataille de la Montagne blanche. Strasbourg se retirera la même année de l’Union et se proclamera désormais neutre, ce qui explique l’inexistence de tout écrit pamphlétaire, alors que les pamphlets sont nombreux dans d’autres villes de l’Empire, sauf que, tout au long du siècle, l’orthodoxie luthérienne strasbourgeoise concentrera ses foudres contre la petite minorité calviniste de la ville. Ce retrait peu glorieux vaudra à la ville la transformation de la Haute École en Université en 1621 par l’empereur Ferdinand II, chantre de la Contre-Réforme… À partir de 1631, lorsque les troupes suédoises occupent la majeure partie de l’Alsace, de nombreuses feuilles volantes imprimées à Nuremberg, à Augsbourg ou à Leipzig célèbrent les victoires de la coalition protestante menée par la Suède et héroïsent Gustave Adolphe comme sauveur du protestantisme allemand. Une seule feuille strasbourgeoise, intitulée Geistlicher Eckstein : und ewigwärendes Liecht, a très probablement été réalisée et imprimée par le graveur et éditeur Jacob von der Heyden en 1632 (Ill. 3). Dans une mise en scène antithétique, elle présente une des nombreuses variations entre le Bien (le protestantisme) et le Mal (le catholicisme), Gustave Adolphe, envoyé par le ciel, protégeant la pierre angulaire, c’est-à-dire l’Évangile et la Lumière du monde, le Christ contre les agissements des troupes de l’Antéchrist, donc le pape qui célèbre la messe dans son temple. Le fait qu’il s’agisse des Jésuites n’est pas anodin, car cela évite d’attaquer l’Empereur de front, réduisant ainsi l’affrontement à une guerre de religion en évacuant le politique. Par ailleurs, après la mort de Gustave Adolphe à Lützen en novembre 1632, au moins deux feuilles volantes strasbourgeoises célébreront le héros, mais la polémique se tient là dans les limites d’un hommage funèbre. Retenons aussi le curieux libelle du pasteur de Bischheim et de Hoenheim, Israel Murschel, Fatotum Romae papalis Apocalypsis, publié par Caspar Diezel en 1634 et préfacé par deux sommités théologiques strasbourgeoises. Il conclut que bien des signes montrent que la fin du papisme est proche, grâce à Gustave Adolphe, comparé à Moïse, et au chancelier Oxenstierna, fédérateur des forces protestantes en Allemagne.

L’annexion au royaume de France et ses prémisses

Il n’y a pas grand-chose à signaler jusqu’à la fin de la guerre de Trente Ans et après les traités de Westphalie, dont les articles contradictoires concernant l’Alsace ont certes été souvent commentés et attaqués par de nombreux pamphlétaires allemands, mais sans qu’on puisse relever de publications strasbourgeoises à ce sujet, étant entendu qu’il est fort possible qu’il y en ait sans mention de lieu ni d’imprimeur, pratique courante dans les périodes de tension. On peut cependant relever qu’on trouve dans les années 1670 plusieurs éloges de la constitution strasbourgeoise, dont l’une due à Matthias Bernegger, publiée par son fils Johann Caspar, qui avait été délégué de Strasbourg à Münster en 1648 et a essayé par voie diplomatique de conserver non seulement l’indépendance de Strasbourg, mais aussi celle de la Décapole. Mais malgré les efforts des diplomates impériaux et des envoyés alsaciens aux différents congrès et diètes et les affirmations réitérées de fidélité à l’Empire des villes de la Décapole et de Strasbourg, qui se faisait de moins en moins d’illusions à ce sujet, ce fut le plus fort, c’est-à-dire Louis XIV, qui l’emporta. On relèvera simplement, publié en 1678, sans lieu d’édition, un brûlot anti-français très violent d’un certain Bartholomeus Threnemann (ce qui est sans doute un pseudonyme parlant), « geboreren (sic) Elsasser, itzo von den grausamen Frantzosen vertriebenen Exulanten », dont le titre débute par Der Französische Mord-Brenner… et dans lequel les Français sont accusés de tous les vices et crimes. Une dernière réaction anonyme avant l’annexion, apparemment publiée à Strasbourg, en allemand, mais aussi en français, en 1680, Kurtze und gründliche Deduktion…,conteste la légalité de la confiscation des territoires ruraux de la ville. Mais c’était un baroud d’honneur et ce furent évidemment des pamphlétaires d’autres régions de l’Empire qui continuèrent le combat scripturaire contre la France.

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Notices annexes

Femmes

Gazettes

Images Imprimerie

Librairie

Franck Muller