Palais (mérovingien de Kirchheim) : Différence entre versions
(Page créée avec « ''Pfaltz'', ''Königshof'', Kirchheim-Marlenheim <span style="font-family:">L’existence d’une résidence royale à Kirchheim à l’époque mérovingienne et c... ») |
|||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
− | ''Pfaltz'', ''Königshof'', Kirchheim-Marlenheim <span style="font-family:">L’existence d’une résidence royale à Kirchheim à l’époque mérovingienne et carolingienne est un sujet de controverse entre historiens et archéologues. Les sources écrites anciennes, mais dont les premières ne remontent qu’à la fin du IX<sup>e</sup> siècle, ne sont pas confirmées par les fouilles archéologiques scientifiques menées aux XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles. Le débat se poursuit de nos jours.</span> | + | ''Pfaltz'', ''Königshof'', Kirchheim-Marlenheim |
+ | |||
+ | <span style="font-family:">L’existence d’une résidence royale à Kirchheim à l’époque mérovingienne et carolingienne est un sujet de controverse entre historiens et archéologues. Les sources écrites anciennes, mais dont les premières ne remontent qu’à la fin du IX<sup>e</sup> siècle, ne sont pas confirmées par les fouilles archéologiques scientifiques menées aux XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> siècles. Le débat se poursuit de nos jours.</span> | ||
= ''<span style="font-family:">Les mentions dans les sources écrites</span>'' = | = ''<span style="font-family:">Les mentions dans les sources écrites</span>'' = |
Version du 14 octobre 2024 à 14:06
Pfaltz, Königshof, Kirchheim-Marlenheim
L’existence d’une résidence royale à Kirchheim à l’époque mérovingienne et carolingienne est un sujet de controverse entre historiens et archéologues. Les sources écrites anciennes, mais dont les premières ne remontent qu’à la fin du IXe siècle, ne sont pas confirmées par les fouilles archéologiques scientifiques menées aux XIXe et XXe siècles. Le débat se poursuit de nos jours.
Sommaire
Les mentions dans les sources écrites
Le secteur de Kirchheim-Marlenheim est riche en vestiges archéologiques, dont les plus anciens remontent au Néolithique. La localité de Kirchheim est déjà mentionnée dans les Annales de l’Abbaye de Fulda, une première fois en 887, sous l’appellation de villa Chircheim, puis à nouveau en 894, sous celle de curtis Chircheim. Mais Kirchheim doit sa renommée au prétendu palais mérovingien déjà cité dans la chronique de Twinger von Koenigshoven, puis dans les récits de voyages de Volcyr qui fait état d’« un lieu nommé Kierchem en allemand, et vault à dire monstier en françois, où jadis trois roys de France et d’Austrasie firent résidence, dont les enseignes y sont encore présentes… » (Relation de la Guerre des Rustauds, 1526). Au XVIe siècle, Beatus Rhenanus est encore plus précis et décrit des ruines imposantes : « vix ullo Elsatiae loco maiora antiquitatis extare vestigia. Prominent adhuc inter ruinas altissimi muri turrium instar » (dans ce village d’Alsace existent d’importants vestiges de l’Antiquité. De nos jours encore, des murs très élevés se dressent au milieu des ruines comme des tours), (Germanicarum liber tres, p. 315).
Mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour que les premières observations scientifiques soient faites et qu’un inventaire des vestiges conservés dans le village soit dressé. J. Schweighaeuser et M. A. Golbéry font état de « murs fort épais, servant aujourd’hui d’appui à des maisons de paysans… et d’autres vestiges souterrains y indiquent encore le vaste emplacement d’un palais des rois ».
Les fouilles archéologiques de la fin du XIXe siècle
Les plus importantes se déroulèrent en deux campagnes en 1898, puis en 1899/1900, sous l’impulsion du professeur berlinois Konrad Plath, qui souligna l’importance du site, à l’intersection de deux routes celtes, celles de Strasbourg-Sarrebourg et de Molsheim-Zeinheim. Le chantier fut même honoré de la visite du Statthalter Hohenlohe Langenberg en janvier 1900.
Les constructions mises à jour par K. Plath présentent les caractéristiques d’une villa romaine qui daterait du Ier-IIe siècle, de plan sensiblement rectangulaire (83 x 105 mètres). Elles témoignent d’un certain confort, puisque l’édifice est pourvu de bains alimentés par un aqueduc ; elles étaient prolongées dans l’angle sud-ouest par une construction plus complexe en forme d’abside. Enfin, l’archéologue allemand fait état d’une réutilisation des bâtiments à l’époque mérovingienne et de quelques aménagements qui se poursuivront jusqu’au XIIe siècle.
Kirchheim, une résidence royale ?
Les ruines imposantes mentionnées par de nombreuses sources ont pu amener les historiens à affirmer l’existence à Kirchheim d’un Koenigshof ; Clauss et Wentzcke parlent même d’une Pfalz, sous les règnes de Childebert II (575-596) et de Dagobert II (676-679), puis plus tard sous les empereurs carolingiens, particulièrement sous Charles III le Gros (881-888).
Mais des études récentes ont montré qu’une résidence royale est attestée de 589 à 866 à Marlenheim. B. Metz justifie la date de 866 : « Le dernier séjour royal attesté à Marlenheim date de 866, et il n’y en a certainement eu aucun autre après 884, puisqu’à cette date le fisc de Marlenheim est donné à l’abbaye d’Andlau. »
Alors, comment résoudre cette situation paradoxale ? À Marlenheim, des sources contemporaines attestent l’existence d’un palais, mais celui-ci n’a laissé aucune trace. À Kirchheim, une construction imposante, mais aucune source contemporaine ne fait état d’un séjour royal. C. Wilsdorf a cru provisoirement résoudre cette contradiction en affirmant que le palais de Marlenheim se trouvait en réalité à Kirchheim, les deux bourgades n’étant éloignées l’une de l’autre que d’un kilomètre et demi. Selon C. Wilsdorf, Kirchheim, Odratzheim et Marlenheim ne formaient au haut Moyen Âge qu’une même communauté, dont le centre au temporel était le Stadelhof de Marlenheim, siège de l’autorité communale (Gericht) et au spirituel à Kirchheim, siège de la paroisse.
Le groupe de travail constitué autour de Madeleine Châtelet aboutit à la conclusion provisoire suivante : le palais se situerait bien à Marlenheim, mais serait une « construction légère », sans doute en bois, ce qui explique sa disparition précoce, car, après 884, il n’y avait plus de raison de l’entretenir. Par contre, à Kirchheim, la villa romaine n’a jamais accueilli de souverain mérovingien. Les auteurs des chroniques qui voyaient dans la villa de Kirchheim une résidence royale se sont appuyés sur la Vie de saint Florent, rédigée au XIIe siècle par des chanoines de Haslach et sur de fausses chartes rédigées à la même époque.
Reste à éclaircir la mention d’un comté de Kirchheim (Grafschaft Kirchheim) que l’on trouve dans quelques sources rédigées à partir de 1096 et son rapport avec le Nordgau.
Bibliographie
Société pour la Conservation des Monuments Historiques d’Alsace, 1864, 2e série, II, séances des 10 décembre 1863 et du 4 janvier 1864 ; SCMHA, 1899, 2e série, XIX, séance du 16 novembre 1898 ; SCMHA, 1902, 2esérie, XX, séance du 3 novembre 1899.
SCHOEPFLIN (Jean Daniel), Alsatia Illustrata, 1751-1761, t. 1, p. 601-602 ; t. 2, p. 422-428 et t. III, p. 426-428.
CLAUSS, Wörterbuch (1895), p. 558-559.
HÄGELI (Albert), Die Merowingerpfalz zu Kirchheim (König Dagobert II).Historisches Trauspiel in 5 Akten,Strasbourg, 1895.
HANAUER (Auguste), « Marlenheim. La villa mérovingienne et son immunité en partie conservée au XVIIIe siècle », Revue catholique d’Alsace, nouvelle série, t. 22, 1903, p. 849-860 et 909-917 ; t. 23, 1904, p. 93-107, 243-255 et 346-356.
WENTZCKE (Paul), « Die elsässischen Königspfalzen in Kirchheim und Marlenheim », ZGO, 1909, p. 18-28.
BURG (André-Marcel), Le duché d’Alsace au temps de sainte Odile, Woerth, 1959.
WILSDORF (Christian), « La représentation du palais de Kirchheim à la collégiale de Nierderhaslach », RA, 1960, p. 129-131.
HAEGEL (Bernard), KILL (René), « Découverte d’une nécropole du haut Moyen Âge dans la région de Kirchheim-Marlenheim », Pays d’Alsace, 1977, cahier no 101, p. 33-44.
METZ (Bernhard), Notice Molsheim, Encyclopédie d’Alsace, t. 9, 1984, p. 5216-5218.
HAEGEL (Bernard), KILL (René), SCHNITZLER (Bernadette), « Les fouilles de Konrad Plath et le problème de la localisation du palais mérovingien de Kirchheim-Marlenheim. État de la question », CAAAH, XXXVII, 1994, p. 121-132.
METZ (Bernhard), « Propos sur les palais de l’Alsace médiévale », RENOUX (Annie), dir. Palais médiévaux (France-Belgique), 25 ans d’archéologie,Publication de l’Université du Maine, 1994.
THOMANN (Marcel), « Le Kochersberg au Haut Moyen Âge, recherches, thèses, hypothèses », RA, 134, 2005, p. 79-127.
WILSDORF (Christian), L’Alsace, Des Mérovingiens à Léon IX, Strasbourg, 2011.
CHÂTELET (Madeleine), « Marlenheim en Alsace : une résidence royale et un centre domanial dans les périodes mérovingienne et carolingienne », Des fleuves et des hommes à l’époque mérovingienne : territoire fluvial et société au premier Moyen Âge (Ve-XIIe siècle) (Actes des 33e journées internationales d’archéologie mérovingiennes, Strasbourg, 28-30 septembre 2012), Dijon, 2016, p. 245-254.
Notices connexes
Droit de l’Alsace (Mérovingiens)
François Uberfill